« J’ai l’impression que le monde me va comme un vêtement trop grand.
L’impression d’attendre mon tour dans une file d’attente pour m’élancer pleinement dans la vie. Ou au bord d’une falaise, face au précipice, devoir sauter sans savoir si je vais réussir à voler de mes propres ailes. Je grandis petit à petit, c’est peut-être la plus belle aventure de ma vie... ou la pire ! »
Tel est le regard d’une adolescente qui grandit sur le monde qui évolue, une écriture du réel par le corps à partir de récolte de paroles d’adolescents. Une création sensible, une quadruple écriture chorégraphique, vidéo, texte et musique
L’histoire
Nous sommes dans la chambre de Malou, 14 ans.
Le réveil n’a pas encore sonné. L’alarme se déclenche à 6h35, tous les matins ou presque. Mais pour l’instant le temps appartient aux rêves. Courir dans l’herbe, être en équilibre sur l’horizon.
"Moi, je veux l’océan vaste, immense, celui qui porte les corps.
Dont les vagues caressent le dos lorsqu’on nage, où chaque muscle tend vers l’horizon avec une facilité déconcertante. Comme une évidence des corps. Un océan qui a la force de l’érosion des falaises où la terre s’effondre sur la grève dans un léger fracas. Presque sans bruit. Au ralenti. Un océan d’absolu où le soleil se fragmente à la surface de la peau. Où les étoiles plongent et explosent en milliers de morceaux et ricochent sur les sourires. Où le ciel scintille et se couvre d’écume dévorant les cris. Oui, se hisser à la hauteur des étoiles. S’inventer à chaque moment. Être vivante à chaque instant. "
Voilà...Tout est là dans sa tête. Elle attend...
Elle attend juste le bon moment. Peut-être le bon endroit. C’est l’histoire de toute sa vie. Déjà à sa naissance, elle a attendu bien au-delà de la date-limite pour pointer le bout de son nez. Ça a commencé comme ça en dépassant les limites. Elle n’était pas pressée. Ne voulait pas brusquer le temps. Affronter le monde n’était pas dans ses priorités. Elle préférait flotter en-dehors de toute pesanteur. Puis il a bien fallu se résoudre et sortir à l’air qu’on dit libre. Dès les premières secondes, la tête en bas pendue par les pieds par un obstétricien de garde masqué, qui lui donna une claque magistrale sur les fesses pour qu’elle pleure, elle comprit qu’ici il fallait arriver au monde en hurlant et en pleurant pour prouver qu’on était vivant.
Premier hiatus. Première incompréhension de ce monde qui ne tournait pas rond. Faire pleurer les gamins.... Elle comprendra vite que c’était une habitude. Elle découvrira plus tard que vivre c’est se jeter du haut d’une falaise. C’est n’avoir aucune certitude de ne pas se fracasser après l’élan. Des claques, elle en recevra à tomber le cul par terre. Les claques de la désillusion, celle qu’on perd avec son enfance.
Malou n’a pas envie de se lever ce matin-là… Qu’est ce ça peut faire si elle est en retard ? Si elle n’est pas à 7h55 devant la grille du collège ? Une accélération du réchauffement climatique ? A quoi bon parler d’avenir, alors qu’il est sérieusement sur le déclin …
On entend la voix des parents : “Dépêche toi, Malou ! Tu vas être en retard : c’est une année importante… C’est l’année d’orientation. Tu sais où tu vas ? Malou ? Arrête de faire l’enfant ! Il faut grandir un peu. Garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Malou c’est important ce que je te dis ...”
Comment faire face à toutes ces injonctions lorsqu’on ne sait pas encore qui on est et qui l’on devient ?
Comment faire face à l’annonce du divorce de ses parents ? Comme tout le monde pense-t-elle…
Malou s’amuse sur les réseaux sociaux, s’essaie à d’autres identités. Avec une touche d’auto-dérision. Malou n’est pas dupe. Elle sait qu’il lui faut du temps pour se trouver. Mais, entre les cours, les parents, les amis, les injonctions chronophages, les questions tournent dans sa tête mais les réponses s’enfuient dès qu’elle s’en approche...
Malou apprend à grandir... Elle essaie de ne pas trop effriter cette étincelle de l’enfance et de devenir assez mûre pour avancer dans la vie.
Une chorégraphie émouvante réalisée par Lisie Philip et dansée par Cécilia Nguyen Van Long.
Ce spectacle est proposé aux tarifs de 15, 12 et 10€, en vente en ligne sur Weezevent et à l’accueil de l’Espace Magnan.