Il y en aura pour tous les goûts dans l’éclectisme des spectacles sélectionnés avec un dosage équilibré entre le théâtre lui-même et le spectacle vivant où peuvent être classés aussi bien l’opéra que la danse, le jazz, la chanson, le cirque, la musique classique, les one-man-shows...
Si Anthéa a vu grand, il a cependant vu juste. D’où son succès auprès d’un public diversifié avec de plus en plus de jeunes qui apprécient le lieu et en font un espace vivant sur sa magnifique terrasse qui domine la ville d’Antibes et la Méditerranée.
Dès septembre, la saison débutera allègrement avec « La Périchole », l’un des plus célèbres opéras bouffes d’Offenbach qui se déroule dans un Lima d’opérette.
Autres opéras au cours de l’année, « Cosi fan tutte » une oeuvre maîtresse de Mozart produit par l’Opéra de Paris et enfin « La Bohême » de Puccini que Daniel Benoin, directeur d’Anthéa, a mise en scène dans une version de l’après Mai 68 où même les Gardes Rouges de Mao sont sur scène.
Outre la reprise de cet opéra, deux créations de Daniel Benoin sont programmées : une adaptation du texte d’Agnès Desarthe « Le Remplacant », narrant une histoire de famille interprétée par Sylvie Testud et une série de courtes pièces de Jean-Claude Grumberg qui commencent toutes par « Ca va ? » une banalité de langage qui a donné son titre au spectacle. Souvenons-nous du succès remporté l’an dernier par « Le Souper » dans la mise en scène de Daniel Benoin !
Anthéa produit également des jeunes compagnies audacieuses, ainsi le Collectif La Machine prépare pour décembre « Don QuiXote », le légendaire personnage de Cervantès dont s’est emparé Félicien Chauveau, tandis que le Collectif 8 ose s’attaquer au « Faust » de Goethe, et que Jacques Bellay reprend « Cage » d’après Kafka, un spectacle qui a déjà tourné en Europe !
Coproduction d’Anthéa, « Le Roi Lear » de Shakespeare a fait cette année l’ouverture du Festival d’Avignon dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, dans une percutante mise en scène d’Olivier Py. Sa programmation en décembre à Antibes s’avère un événement remarquable !
Pour le théâtre, une brochette de stars viendra réjouir le public !
Michel Bouquet reprendra dans « A tort ou à raison » le rôle de Furtwängler qu’il avait créé à Paris, en 1999. L’immense comédien prête sa force d’incarnation à ce chef d’orchestre accusé de compromission avec le régime nazi.
Claude Brasseur incarne Clémenceau s’affrontant au peintre Claude Monet dans « La colère du Tigre », Jacques Gamblin revient sur scène pour « 1 heure 23’14 et 7 centièmes », un spectacle chronométré comme une compétition. L’excellente Catherine Hiegel a remporté le Molière de la meilleure comédienne pour « La Mère » de Forian Zeller. François Berléand devrait faire rire le public dans « Deux hommes tous nus ».
Du rire aussi avec Edouard Baer et Léa Drucker, voisin et voisine dans « La Porte à côté », et encore du rire avec Pierre Richard, roi de l’humour et de la « modestie » dans « Pierre Richard III ».
Lorànt Deutsch est tête d’affiche d’une superbe distribution dans « Le Système » sur l’invention de la monnaie en papier. Seul en scène avec le musicien Antoine Sahler, François Morel lui s’invente des grands-parents à la campagne dans « Hyacinthe et Rose ». Philippe Caubère ressuscitera deux de ses spectacles d’antan dont le public ne se lasse pas « La danse du diable » où, pendant près de trois heures, le comédien reste inénarrable en Ferdinand Faure – lui-même !– évoquant sa jeunesse à Marseille, prolongée par « Le Bac 68 », fameuse année où le diplôme fut « donné » à tous les candidats (ou presque) !
Et pour rire encore, il va sans dire qu’on peut faire confiance à Gaspard Proust, François-Xavier Demaison, Christophe Alévêque et Sophie Aram, tous présents pour leur one-man-show au cours d’un festival d’humour prévu en avril et en mai.
Dans un registre « classique » - qui n’empêche pas le rire, d’ailleurs : deux pièces de Molière « L’Ecole des femmes » et « Les Fourberies de Scapin » avec Denis Lavant, une rencontre évidente entre l’acteur et le personnage. « Quand le diable s’en mêle » trois courtes pièces de Georges Feydeau, adaptées par Didier Bezace, nous plongent dans une marmite conjugale où des couples se font la guerre. D’après « Andromaque » de Racine, « Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort... » encore des histoires de couple et de famille façon les Atrides, par deux comédiens transformistes qui dépoussièrent le texte.
« La Cerisaie » dernière pièce de Tchekhov sur la vente d’une maison familiale. Encore une histoire de famille dans « Le Sorelle Macaluso » un court spectacle en italien (sur titré en français) où la sicilienne Emma Dante réunit sept soeurs, suspendues entre la vie et la mort, qui se chamaillent en se remémorant toujours le même drame. Le chanteur Abd al Malik slame Albert Camus en partageant son art de la révolte. Deux copines, Léonore Chaix et Flor Lurienne, font à nouveau faire un striptease au vocabulaire dans « Déshabillez-mots 2 ». Seule en scène, Roxane Borgna (magnifique interprète de « Belle du Seigneur ») présente dans « Une vie bouleversée » les carnets écrits en camp de regroupement de Westerbork par la jeune Etty Hillesum, morte à Auschwitz.
Des comédiens présenteront leurs tours de chants, Tchéky Karyo dans « Credo » et l’émouvante Lou Doillon.
Deux chanteuses : l’une comorienne Imany, qui a déjà envoûté la Pinède, et l’autre, d’origine marocaine et vivant en France, Hindi Zahra.
Le fameux trompettiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf, rendra un hommage à Oum Kalthoum, pour le quarantième anniversaire de sa disparition. Ajoutons deux concerts classiques (en mars et en juin) et, comme poisson d’avril, une soirée flamenco.
De grands moments chorégraphiques : « Contact » une comédie musicale endiablée de Philippe Decouflé où le mythe de Faust est revisité.
Jean-Baptiste André et Julia Christ dansent leur rencontre dans « Pleurage et scintillement ». Réjouissante reprise de « Roméo et Juliette » du chorégraphe Angelin Prejocaj dans des décors d’Enki Bilal. « Pixel » de Mourad Merzouki , pour un dialogue entre les corps et la vidéo dans une esthétique audacieuse.
Théâtre et danse pour « Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant » qui, grâce à la baguette magique de Laura Scocci, bouleverse les codes des contes de notre enfance.
Du cirque mêlé à la danse dans « Patinoire » produit par « Les 7 doigts de la main » et dans « Celui qui tombe » de Yoann Bourgeois : prise de risque, souplesse, prouesses techniques pour défier les lois de la gravité. Étalées tout au long de l’année, six soirées « Immersion » à la croisée de toutes les disciplines.
Et pour mourir de rire, un spectacle de clowns, « Slava’s snowshow » : nez rouges, grimaces tordues, déguisements kitsch et rythme endiablé !
Enfin, pour terminer la saison, a été sélectionné « Le Cirque invisible » de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin qui sont tout à la fois clowns, magiciens, acrobates, danseurs,...