Ils nous entrainent dans leurs pirouettes et leurs prouesses en tout genre avec divers sauts où les uns rattrapent les autres, n’hésitant pas à se suspendre dans le vide !
On redécouvre le cirque pour adultes avec émotion et avec joie.
On rit parfois, mais on éprouve plutôt un sentiment de mélancolie, tout en restant subjugués par cette cohorte de jeunes qui prennent des risques incroyables en se hissant les uns sur les autres, se jetant dans le vide où chacun est miraculeusement sauvé in extremis par un autre.
Les femmes sont tout particulièrement percutantes avec une grande force dans leurs poignets pour rattraper à bout de bras une comparse qui s’est justement jetée dans le vide, proche de se fracasser. Également la solidité de leurs jambes est admirable en les maintenant debout coûte que coûte. L’une d’entre elles est enceinte d’au moins sept mois et les spectateurs sont intérieurement paniqués de la voir se démener ainsi et prendre une quantité de risques. Très inquiets, on guette ses incursions et lorsqu’elle n’est plus sur scène durant un moment, comment ne pas supposer qu’elle a été transportée à l’hôpital pour accoucher en urgence ! Et puis non ! Mais le suspens dure !
Les exploits des hommes sont tout aussi étonnants !
S’ils gardent le même style d’un bout à l’autre du spectacle, quoique leurs performances d’équilibristes varient et mènent de surprise en surprise les spectateurs subjugués et éblouis, portés par une musique parfois planante ! Tandis que des feuilles de papiers circulent de main en main avant de tomber au sol comme des feuilles mortes.
La phrase d’Albert Camus est à nouveau là, écrite cette fois sur une cabine d’arrêt d’autobus par un des performeurs. Et d’ajouter « notre passé n’a que le poids que nous lui laissons. »
Le spectacle est d’un grand esthétisme et c’est un grand plaisir pour les yeux au-delà des incessantes prouesses.
Cet admirable cirque, très particulier, reste sans cesse intimiste malgré les exploits de haute technique acrobatique. Il a terminé à Anthea sa tournée de plusieurs mois en France, car toute la troupe retourne au Québec pour les fêtes de fin d’année.
Espérons qu’ils reviennent très bientôt !
Caroline Boudet-Lefort