C’est l’un des rares effets bénéfiques de cette crise sanitaire : il y a moins d’animaux écrasés sur les routes, en forêt moins de bestioles dérangées par les promeneurs et les chasseurs. À deux ou quatre pattes, à poils ou à plumes, les animaux profitent de ce printemps pour se balader en toute liberté dans les lieux que nous avons désertés.
Comme chacun de nous lève plus volontiers le nez en l’air, la Ligue de Protection des Oiseaux propose aux particuliers de l’aider à compter les volatiles en lançant le slogan "confinés aux aguets". Alain Héroux, chargé de communication bénévole de l’association en région Sud, explique que "les enseignements de ce recensement permettront d’étoffer nos connaissances, car les données récoltées sont traitées on ne peut plus sérieusement".
Une curiosité niçoise : le capucin à bec de plomb
En tout cas, "si l’on entend mieux les oiseaux en ce moment, c’est autant du fait de la réduction de la pollution sonore que parce qu’ils sont moins stressés". Nous sommes en pleine période des amours et les mâles tentent de séduire les belles en chantant dans les parcs et jardins. "Les couples en ont profité pour y installer leurs nids". Les moineaux envisagent sûrement la situation sous un même angle que le nôtre : ils profitent de cette période d’accalmie pour mieux se nourrir et leur santé s’en trouve améliorée.
Autorisé à se déplacer pour réaliser des actions sur le terrain, Alain Héroux fait de temps en temps un bond à l’embouchure du Var entre Nice et Saint Laurent. "Il y a une plus grande diversité et les populations se sont accrues. J’y ai même surpris un flamand rose, ce qui est inhabituel".
À l’Ouest de Nice, les pies disputent leur territoire avec les tourterelles. Les merles picorent dans les pelouses. Les goélands vont et viennent, indifférents, dans le ciel. Les pigeons ramiers sont bien là eux aussi. Et tous très faciles à observer de derrière sa fenêtre.
Dans la famille des passereaux, pinsons et mésanges élisent
domicile dans les jardins, près des habitations. On les voit voler d’un bosquet à l’autre.
Dans la longue liste des oiseaux présents sur notre territoire en ce moment, n’oublions pas une curiosité : le capucin à bec de plomb. Ce petit granivore sédentaire a pris adresse dans la région niçoise. Originaire de l’Himalaya, présent aussi en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en Océanie, on ne sait comment il est venu s’installer chez nous. Sans doute lâché plus ou moins accidentellement dans la nature, comme les perruches qui ont fait souche du côté de Valbonne, de Cannes et d’autres contrées du littoral.
Des populations en déclin
On assiste aussi parfois au passage de faucons crécerelles et de buses variables, à la recherche de reptiles et de souriceaux dont ces chasseurs font leur pitance. Et aussi des hirondelles et des martinets, aux populations en déclin en raison de la disparition de leurs habitats (granges, cheminées, façades ravalées etc.) et des traitements qui anéantissent les insectes dont ils se nourrissent.
De son balcon à Saint Laurent du Var, Alain Héroux observe toute cette gente ailée, se demandant si les oiseaux seront à nouveau "sous pression" lorsque les bipèdes sortiront de confinement. "Ils seront en pleine période de nourrissage des oisillons" et si on les dérange ils peuvent abandonner les couvées.
En espérant que ce répit leur soit profitable, pour l’équilibre de la nature et pour le ravissement des yeux et des oreilles...
LPO à Vence : 04.93.58.63.85.