Point de départ : des photographies de corps nus à la lumière de simples néons dans des parkings souterrains.
Un endroit hors du temps mais bien réel, propice à l’expérience imaginaire. Mirial travaille ensuite comme dans un laboratoire, manipulant des échantillons divers : fragments de photographies prises dans des musées, lors de voyages, des peintures scannées... Ces éléments une fois assemblés, le corps s’habille.
Plus que d’un laboratoire froid et aseptisé il semblerait que la série « Poésie Noire » soit tout droit sortie d’un cabinet curieux, d’objets, d’odeurs, de souvenirs, de peurs, d’enfance, comme parfois il s’échappe des vieilles boites à musique. L’artiste se joue des codes de la photographie et exploite chaque détail non pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il pourrait devenir une fois déformé, déplacé, assemblé à un autre. Un puzzle dont le corps n’est plus le centre mais le support, la feuille de papier.
« Poésie Noire », réalisée entre 2015 et 2018 peut se traduire comme la peinture de ses plus sombres tourments, en allégorie.
Anthony MIRIAL, jeune artiste né à Nice en 1989, propose un travail photographique tout à fait original.
Autodidacte, c’est à la Fac qu’il se passionne pour la photographie, où il travaillera, caché, dans les parkings des différentes cités universitaires qu’il fréquentera. Un fond noir et la simple lumière d’un néon lui suffisent alors pour exprimer sa pensée créative, sur fond de néo-caravagisme. Pas de matériel de studio, projecteurs, flashs ou trépied. C’est en vandale, un simple appareil photo à la main qu’il parcours les parkings niçois, accompagnés de ses amis, modèles d’un soir, face à la lumière oscillante du néon. Les études s’effacent alors devant son objectif. Mirial se sert du corps comme témoin mais surtout comme d’une feuille de papier, le renvoyant à sa première passion : le dessin. Il y couche ainsi ses craintes, ses désirs et ses idées… Ces corps nus, il les « collectionne », et au gré des inspirations, leur offre un message à délivrer en les rhabillant de vitraux, de photographies superposées ou de tableaux classiques. Le nu disparait alors et laisse apparaitre une oeuvre singulière, emplie de magie où l’esthétique répond aux thèmes sociaux abordés. (Les droits des femmes, la liberté, la religion, les attentats...). La finalité de l’oeuvre ne se limite ainsi pas à son graphisme. Elle ouvre une porte vers un univers imaginaire, un mirage, peut être la réminiscence d’un rêve oublié. Depuis, Anthony Mirial a quitté les parkings pour travailler à partir d’images prises sur le réel, dans la rue, le métro, lors de voyages... c’est la fin du Néon. « Néons », ce sera d’ailleurs le nom de sa dernière exposition personnelle à Nice chez Maud Barral en 2012, avant de partir vivre sur Paris où il est représenté par la galerie Mark Hachem avec laquelle il multiplie les salons internationaux. Défendu par l’UMAM sur ses différentes biennales, il a également exposé à Bâle, Miami, Beyrouth, Londres...