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GRAND ANGLE : PARIS-PHOTO : PHOTO SHOP

Pas avare d’autosatisfaction, Paris-Photo s’est réjoui du bilan de clôture avec le tact d’un candide à qui sourit la vie. D’autant plus que troquer le Carrousel du Louvre pour le grand Palais, il n’y a justement pas photo.

Picasso vu par Irving Penn

Un succès unanime et salué par tous paraît-il. Mais prises au cas par cas, les 128 galeries présentes du 15 au 28 novembre pourraient fort bien vous donner un autre son de cloche sur cet unanimisme béat. Paris-Photo a choisi d’ouvrir sa focale sur un espace plus vaste : La nef du Grand Palais, monument historique et glamour prisé par des collectionneurs n’ayant que le seul souci de contenter leur passion tout en allégeant leur compte en banque bien plus que généreux. Bref quand le Grand Palais reçoit, ce sont les petits plats dans les grands et le champagne Ruinart à gogo, enfin si vous êtes le VIP encarté gold capable d’émoustiller assistants, assistantes et galeristes sur le pied de guerre. Voilà pourquoi je ne vous parlerai ni de ventes records ni de chiffres à six zéros et encore moins de règlements croustillants entre Trouduc et Pête-en-l’air.
Pinault/Arnaud & consorts
Tout le monde il est beau et bien content de croire que toutes ces belles photos trouvent preneurs ou pour le moins futurs acheteurs dans cette bulle financière qu’est le monde de l’art. Il existera toujours des Pinault/Arnaud & consorts pour surtout ne pas nous faire croire le contraire. Comme s’il n’existait qu’un seul public rempli aux as venu là faire son marché d’un œil avisé. La photographie s’est vite popularisée ces quinze dernières années, elle a conquis un public plus jeune, moins spécialisé et surtout plus prompt à l’achat. Il n’est pas rare de tomber sur des œuvres de grands artistes à moins de 10 000 €. Qu’est-ce que 10 000 € quand on aime ? Une folie, un plaisir ou tout simplement les deux à la fois ? Rien n’est plus faux de penser que le marché de la photographie (je ne parle pas des séries vendues en quantité industrielle chez Yellow Corner, une chaîne de boutiques spécialisée dans ce domaine) est accessible aux bourses les plus modestes.
Paris-Photo est une foire élitiste...
certes de bonne facture pour qui apprécie le vintage et les valeurs sûres de la photographie contemporaine.

© Alex Prager

Premier indice, les 25 € du billet d’entrée et l’absence totale de réduction pour les demandeurs d’emplois. Deuxième indice, les prix exorbitants des boissons et des menus express. Troisième indice, comptez environ 400 € le m² pour un stand sous la coupole. Une bagatelle pour les galeries stars fonctionnant comme des PME, ce qui l’est moins pour les petites condamnées à vendre coûte que coûte leur fond de grenier sous peine de voir leur budget de l’année sérieusement compromis. Néanmoins, à les entendre, tout va très bien madame la marquise. La crise n’est qu’un gros mot, et à les voir s’agiter pour le bon plaisir du prince, on se dit que la spéculation aura toujours de beaux jours devant elle.

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