L’ancien presbytère au coeur du village, en travaux depuis trois ans, s’est donc finalement réincarné en Centre Photographique dédié aux pratiques contemporaines, avec l’élégance du noir et blanc et du métal, par l’agence Griesmar et l’atelier Gabrielli.
À l’initiative du projet, le Maire de Mougins Richard Galy, qui oeuvre pour la culture et avait déjà créé en 2017 une salle de spectacle de 600 places, Scène 55. Dans le vieux village, l’Espace culturel, le Musée d’histoire locale, le Musée d’Art Classique de Mougins et l’ancien Musée de la photographie André Villers sont ou ont été des espaces d’expositions tournés sur le patrimoine de la ville et de la région, mais aussi sur la création contemporaine.
Le Centre de la photographie crée une dynamique et une offre nouvelle
Richard Galy a donc appelé François Cheval, directeur du musée Nicéphore-Niépce à Chalon-sur-Saône, à la Direction artistique. Le souhait de ce charismatique instigateur, exposer 3 projets par an, avec une présence forte des femmes.
Alors avant Natacha Caruana et Jenny Rova qui exposent actuellement en duo sur le thème de l’amour, il avait choisi cet été la remarquable photographe espagnole Isabel Muñoz, pour sa première exhibition personnelle en France.
Retour sur l’exposition d’Isabel Muñoz
Au cours de ses 7 voyages au Japon, Isabel a engrangé plus de 70 000 clichés, dont 36 tirages ont été sélectionnés, souvent des photographies de grand format tirées au platine, rehaussées de peinture, sans vitre.
Le résultat était divin. Sans fard. Sans barrière.
Le but d’Isabel, donner à voir le Japon autrement, en laissant apercevoir le résultat de ses plongées en immersion dans le mystère japonais, « dans ce que personne ne voit ». Elle montre tout d’abord le « Buto », cette transe/danse du corps obscur née au japon dans les années 60 en rupture totale avec les arts traditionnels japonais du nô et du kabuki, qui exprime des problématiques nouvelles, très poétique, minimaliste, et universelle, et dont sa muse, Kudo Taketeru, à la présence magique, a inauguré l’exposition le 3 juillet en dansant à Mougins devant des spectateurs médusés… Isabel montre également des Yakusas, membres de la pègre japonaise impossibles à photographier, et pourtant posant presque « à nu » devant son objectif. Egalement exposée, une série énigmatique sur le Shibari, art du bondage où les corps s’accordent, et enfin une série sur l’eau, son obsession. On ne ressort pas indemne de la vision de ces danseurs des fonds marins costumés de plastiques évoluant sur une création musicale du compositeur surdoué japonais, Sakamoto. Tellement beaux, mais tellement pollués. Pas de doute, ce sont bien des photos actuelles.
L’amour toujours : Jenny Rova + Natasha Caruana du 28 octobre 2021 au 30 janvier 2022
Pour la deuxième exposition présentée, L’amour toujours, la photographie féminine est une nouvelle fois mise à l’honneur en invitant Natasha Caruana et Jenny Rova. Toutes deux présentent un travail s’appuyant sur leur récit personnel, issu d’expériences familières.
Les photographes ne sont pas exempts de l’expérience sentimentale !
Qu’ils soient femmes ou hommes, tous partagent l’épreuve des relations amoureuses avec un partenaire, subissant, comme tout un chacun, le mystère du désir.
Mais comment en parlent-ils aujourd’hui ?
Et sont-ils à même de trouver une forme originale liée au support photographique pour décrire l’indescriptible ? Historiquement, si l’on exclut les portraits de l’être aimé, de l’autre désiré, de l’égérie-muse, les narrations de la vie de couple et la complexité des aventures de l’intime sont récentes. Et bien souvent, elles sont le fait de femmes photographes désirant inscrire leurs travaux dans le mouvement général des idées qui domine depuis les années soixante-dix.
Jenny Rova et Natasha Caruana, clairvoyantes, n’ont aucune difficulté particulière à vouloir rendre compte de la question du commerce amoureux.
Elles tentent une approche iconographique nouvelle à cet invariant humain, le fondement de toutes choses. Leurs oeuvres sont essentiellement une pensée en acte sur les sens, le corps sexué et les rapports entretenus par les deux sexes.
Pour Jenny, le principal personnage des séries photographiques, la passion amoureuse domine et pour cela il faut accepter les conséquences d’une flamme ardente.
Quant à Natasha, elle définit sa position par l’interrogation du regard masculin. Elle s’amuse, mais pas tant, de ce qui anime le désir du mâle. Nous voilà entraînés dans des univers où la fiction se confond avec l’autobiographie.