Entre 1978 et 2001, le photographe Tom Wood arpente Liverpool.
Rien n’échappe à son regard incisif, la relation entre femmes et hommes, le lien qui unit parents et enfants, la solitude mais aussi la solidarité, la dureté des temps que la communauté rend plus acceptable. Il prend le parti de dresser un portrait de la ville et de ses habitants, avec l’ambition de les saisir à vif. Ce portrait sans arrière-pensées des couches populaires au milieu des grandes friches industrielles et des terrains vagues configure un œuvre sans égale dans la photographie contemporaine.
Celui qui se met en quête d’infini ou de transcendance ne trouvera pas son lot au milieu de voyages en bus, à la sortie du stade, à l’embarcadère de la Mersey ou dans les vestiaires des chantiers navals.
Quant à celui qui recherche une logique déterministe, un propos sociologique et politique de l’Angleterre, il pourra trouver ça et là des informations visuelles sur une période et un espace déterminés. Grâce à Tom Wood, on échappe aux stéréotypes auxquels une certaine photographie documentaire britannique nous a habitués.
L’oeuvre forte de plusieurs séries, désormais « historiques », nous plonge dans l’atmosphère de l’Angleterre thatchérienne et post-thatchérienne.
Depuis longtemps déjà, un vent mauvais avait commencé à souffler sur Liverpool. Et, au moment où Tom Wood intervient, il souffle encore, brutal.
Une suite d’événements, comme la fermeture des chantiers navals, qui en s’ajoutant et se répétant, dresse un tableau cohérent d’un univers particulier, d’une époque, une guerre de classe, dont il ne restera bientôt plus que quelques traces et des portraits d’une rare noblesse, des portraits débarrassés du pathos héroïque. Il n’a jamais été facile pour la photographie
de sortir de l’héroïsation. À trop vouloir ériger en attitudes allégoriques, donc irréelles, la condition humaine, la photographie a parfois instrumentalisé le malheur et les peines.
Elle a, de fait, sous-évalué les singularités, souvent plus porteuses de sens. Dans la volonté d’affirmer des principes photographiques, vouloir contracter une alliance « morale » avec une communauté de « petites gens », avec « le petit peuple », relève encore du défi et même de la provocation.
Ce défi, Tom Wood l’a relevé sans discontinuité libérant l’empathie photographique du purgatoire où elle végétait
Every day is Saturday : Tom Wood
Jusqu’au 16 octobre - Centre de la photographie de Mougins
43 rue de l’Eglise, 06250 Mougins
Horaires d’ouverture :
Jusqu’au 16.10 : 11h ?20h
Nocturne les jeudi (juillet + août + septembre) 22h
Fermé les mardis
Entrée : 6 € (réduit 3 €)
Gratuit pour les -18 ans.
Infos complémentaires : wwww.centrephotographiemougins.com