Marc Riboud est né près de Lyon en 1923. C’est avec l’appareil photographique que son père avait utilisé dans les tranchées pendant
la Première Guerre Mondiale (un Vest Pocket Kodak) qu’il fait ses premières photographies en 1937.
En 1943, il rejoint la résistance dans le Vercors, et il s’engage comme volontaire sur le front des Alpes. Après la guerre, il fait des études d’ingénieur et travaille dans une usine à Lyon, qu’il quitte en 1951 pour se lancer comme photographe indépendant. Son frère lui présente Henri Cartier-Bresson, et il décide de s’installer à Paris pour vendre ses photographies.
Il publie dans le magazine Life la photographie d’un peintre de la tour Eiffel - désormais célèbre - et devient membre de l’agence Magnum en 1953.
Deux ans plus tard, grâce à une aide financière de l’Unesco et de l’OMS, il fait son premier grand voyage : en six mois il rejoint Calcutta en voiture, via le Moyen-Orient et l’Afghanistan, et reste un an en Inde.
Il gagne la Chine en janvier 1957 pour un premier séjour de quatre mois (il est alors un des premiers occidentaux à se rendre en Chine Populaire). Par la suite les voyages s’enchaînent : Indonésie, Philippines, Amérique, URSS, Afrique. Il se rend à plusieurs reprises en Algérie, avant, pendant et après l’indépendance.
Il rencontre Fidel Castro à Cuba (1963), passe une semaine sur le porte-avion nucléaire américain au large des côtes du Vietnam (reportage publié dans Le Monde en 1966) et réalise plusieurs articles au Nord-Vietnam, au Laos et au Cambodge (1968-1969) qui seront publiés dans de nombreux magazines d’Europe et des États-Unis.
Sa photographie d’une jeune pacifiste, tendant une fleur à des soldats armés de baïonnettes lors de la marche pour la paix à Washington en 1967, fera le tour du monde.
Il couvre ensuite la guerre du Bengladesh, rencontre Indira Gandhi (1971) ; suivront la Tchécoslovaquie, Israël, les Émirats Arabes Unis, l’Irak, l’Arabie Saoudite, Saigon… Dans les années 1980-1990, il retourne régulièrement en Orient et en Extrême-Orient, particulièrement à Angkor et en Chine, pour suivre les changements de ce pays qu’il connaît depuis longtemps.
Sensible et bienveillant, le regard de Riboud diffère des images « choc » du reportage courant. Ce qui compte pour lui, c’est l’honnêteté :
« Il ne faut pas se laisser aller à photographier l’exceptionnel… L’objectivité existe encore moins dans le reportage photographique que
dans les autres formes de journalisme… Pour lui, l’important c’est aussi la composition, le plaisir de l’oeil ».
Modeste, il aime à dire que « la photographie ne doit pas chercher à prouver, mais elle peut convaincre quand elle ne cherche pas à le faire. Elle ne peut pas changer le monde, mais elle peut montrer le monde surtout quand il change. La photographie peut apprendre à voir, peut donner envie de voir, et ainsi donner le goût de vivre. »
Marc Riboud a publié une quinzaine d’ouvrages, dont l’un des derniers, Vers l’Orient, a obtenu le prix Nadar il y a quatre ans. Exposé notamment à l’Art Institute de Chicago dès 1964, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris lui a consacré une grande exposition en 1985, à la suite de laquelle le musée a acquis un ensemble de quarante photographies, complété plus récemment par quatre dons de l’artiste.
Texte d’ Emmanuelle de l’Ecotais,
Chargée des collections photographiques
du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris