- Frédéric Altmann, par André Villers. ©V.N
Aimant au moins autant le verbe que les images, cet artiste haut en couleurs qui travaille surtout en noir et blanc devient enfin prophète en son pays puisqu’une sélection de ses travaux est présentée pour la première fois dans un musée municipal de Nice.
Une sélection issue de… 150 000 négatifs accumulés au fil du temps, qui permet de (re)découvrir en particulier les artistes de l’École de Nice que Frédéric Altmann a largement contribué par son regard et son talent à faire connaître du grand public.
"C’est, cachés derrière leur appareils photo, que les photographes, tels des cyclopes, mémorisent l’histoire du monde artistique" a expliqué
Frédéric Altmann de sa belle voix à la nombreuse assistance le jour du vernissage.
Car celui qui s’est surtout illustré sur le papier sensible aurait très bien pu faire une carrière de chanteur, lui qui fréquenta de longues années les "Petits Chanteurs de Nice" avec qui il fit une tournée au Canada et aux États-Unis dans les années 50. C’est d’ailleurs à l’occasion de ce voyage en Amérique du Nord, rejointe à bord d’un Super Constellation à hélices, qu’il achète son premier appareil, un modeste "Brownie flash" en bakélite noire.
Il "mitraille" alors le nouveau monde pour ensuite le montrer à ses parents et à ses amis.
Il avait mis le doigt dans l’engrenage…
Avec l’École de Nice, il ira au Japon, en Corée, en Allemagne, en Belgique, en Turquie, en Yougoslavie, en Russie… La fibre voyageuse est d’ailleurs dans la famille puisque son grand-père, Ukrainien, peintre, est venu à pied d’Odessa pour s’installer en France.
Né à Lille, Frédéric Altmann s’installera ensuite avec ses parents à Cannes, puis à Flayosc dans le Var, avant de poser son trépied dans la capitale de la Côte d’Azur où il ouvrira rue de la Préfecture une galerie sous le nom de "L’art naïf".
Sa rencontre avec Ben, qui tenait alors boutique rue Tonduti-de-l’Escarène, sera déterminante pour sa découverte de l’art contemporain. Le reste est une histoire d’amitié, avec André Villers et d’autres, avec tous les artistes de l’École de Nice, depuis les plus discrets jusqu’aux grands noms qui contribuent à la réputation de la ville dans le monde entier. Si l’on connaît aussi bien aujourd’hui ce mouvement, c’est grâce au travail d’un Frédéric Altmann ayant su se faire petite fourmi pour capter des images faisant aujourd’hui partie de notre patrimoine.
Lors de l’inauguration, Robert Roux, adjoint à la culture, a salué son ami Frédéric et sa compagne Nivèse.
Sous l’impulsion de son directeur Stéphane Tallon, la Galerie qui jouxte le Musée de la Photo met à l’honneur les photographes de la région. Avec Altmann, elle ne pouvait trouver meilleur ambassadeur.