1965, naissance de la première collection publique de photographies dans un musée des beaux-arts français. C’était à Arles au musée Réattu.
Jean-Maurice Rouquette, conservateur, et Lucien Clergue, photographe, osent un projet d’avant-garde dont découlera le festival des Rencontres, l’école nationale de
photographie mais aussi la reconnaissance absolue de la photographie en France.
L’exposition de l’été 2015 célèbre le chemin parcouru et propose un retour aux sources de l’histoire singulière de cette collection unique portée par l’engagement d’un photographe et composée, dès la première année, de 400 tirages choisis par des photographes et des collectionneurs motivés par l’enjeu d’un projet muséal.
Ce parti pris revendiquait la place d’un art photographique qui, comme une évidence, venait s’écrire au musée Réattu dans la continuité de la grande peinture d’histoire, celle de Jacques Réattu. Lucien Clergue exprimera cette attachement quasi obsessionnel dans les surimpressions de sa fin de carrière qui seront le point de départ de l’exposition, mais revenons au début.
Le 28 mai 1965, le musée Réattu préside à la naissance d’un 8e art en devenir et offre ses cimaises à la jeune collection.
Arles découvre alors Ansel Adams, Richard Avedon, Cecil Beaton, Peter Beard, Denis Brihat Jean Dieuzaide, Etienne Carjat, Robert Doisneau, Lucien Hervé, Izis, Germaine Krull, Thérèse Le Prat, Dora Maar, Man Ray, Emmanuel Sougez, Paul Strand, André Vigneau, Edward Weston…
Les décennies suivantes verront entrer Brassaï, Edouard Boubat, Henri Cartier Bresson, Denise Colomb, Imogen Cunningham, Mimmo Jodice, André Kertész, William Klein, Sarah Moon, Bernard Plossu, Willy Ronis, Jeanloup Sieff, André Villers…
Depuis, 5000 tirages éclairent l’histoire d’une pratique photographique sans cesse enrichie de nouvelles acquisitions qu’il s’agisse de commandes publiques, de dépôts, de dons.
Le développement grandissant de ce département dévore l’identité du musée et appelle au bilan au travers d’une sélection de 250 photographies qui exprimera l’état d’un art mutant au gré d’un parcours animé par un questionnement fondamental : qu’est-ce que la photographie apporte à l’art ? De la photographie narrative à la frivolité de la couleur, la radicalité de l’image s’imposera et permettra d’évoquer le devenir et le développement de cette collection.
Dans cette perspective la conclusion du parcours reviendra au photographe Olivier
Roller qui explore l’incarnation du pouvoir, sa pérennité, sa décadence, sa transmission au travers de portraits d’hommes et de femmes, du passé et du présent. Aujourd’hui, il propose une nouvelle déclinaison du sujet et s’attache à la photographie de l’épiderme des tapisseries conservées dans des lieux emblématiques de puissance économique, politique ou religieuse. A cet égard l’ensemble de tapisseries conservées au musée Réattu constituera le sujet de l’oeuvre photographique qui sera présentée dans la chapelle de l’ancien grand prieuré de l’Ordre de Malte. Cette installation soutiendra un développement tangible qui dans les années à venir orientera la collection du musée Réattu autour du rapport de l’image à la matière textile.