Repris plusieurs fois, le livret a été inspiré d’une pièce française « Leonor, ou l’amour conjugal » une tragédie bourgeoise à dénouement heureux. Pour son unique opéra, Beethoven, resté célibataire malgré lui, a écrit une ode à l’amour conjugal autant qu’à la liberté.
Cyril Teste a choisi une mise en scène des plus innovantes en situant l’action dans une époque contemporaine plutôt d’aujourd’hui : l’uniforme des gardiens, avec badge agrafé, le confirme.
L’histoire d’amour est intemporelle, mais elle peut faire écho à notre époque où les drames se multiplient sur la planète.
Le décor très moderne est celui de la cour d’une prison, entourée de portes de cellules et d’écrans de vidéo surveillance.
Pour sa mise en scène, Cyril Teste reste fidèle à lui-même et à son concept de performance filmique, ce qui donne une scénographie froide de salle de contrôle avec écrans démultipliés, néons et murs blancs.
Dès l’ouverture musicale, des images de vidéo permettent de montrer le quotidien pénitentiaire de Florestan et le travestissement de Leonore coupant sa chevelure. Les panneaux se déplacent selon les protagonistes et avant de se rejoindre en écrans de surveillance.
Sous des habits masculins, Fidelio n’est autre que l’audacieuse Leonore qui se fait embaucher dans la prison où croupit Florestan, son mari qu’elle adore et qu’elle veut sauver. Rien ne la détournera de son objectif : l’arracher à la condamnation à mort donnée par l’infâme Don Pizarro, qui demande déjà qu’on creuse la tombe de son ennemi...
Tandis que Marcelline, fille du geôlier en chef Rocco, est fiancée à Jaquino, un joli gardien. Mais la voilà soudain attirée par Fidelio, qui se voit tenu d’accepter de l’épouser pour endormir tout soupçon... Car le but de Leonore est d’atteindre, dans la prison, le cachot souterrain où est isolé son mari !
Grâce à un concours de circonstances, tout finira bien avec des chants clamés par le choeur de l’Opéra de Nice, au complet avec les femmes et quelques enfants qui chantent avec ferveur l’amour et la liberté face à la tyrannie et à toute forme d’oppression. Beethoven a vu dans l’héroïsme de Leonore, l’aspiration aux plus hauts idéaux de l’humanité.
La soprano Angélique Boudeville possède la voix magnifique, indispensable pour interpréter Fidelio/Leonore.
Fort émouvante, elle a la force de l’incarnation dramatique qui lui permet de se fondre dans les différents registres de son personnage et son duo avec Gregory Kunde est superbe. En se distinguant, lui aussi, dans le rôle de Florestan, ce ténor américain a été fort applaudi lorsqu’il a chanté son grand air. Avec une voix à la puissance formidable, Werner Van Mechelen incarne un Pizarro retord à souhait. Avec des intonations joliment expressives, Jeanne Gérard est une lumineuse Marceline. En fait, toute la distribution est parfaite ainsi que l’Orchestre Philharmonique de Nice dirigé sous la solide direction musicale de Marko Letonja.
La seule réserve pour cette présentation de « Fidelio » pourrait être l’excès d’écrans lumineux qui, en l’éblouissant, empêche le spectateur de bien admirer les chanteurs. Peut-être est-ce selon les places dans la salle...
Il est rare de voir un opéra ne pas se terminer dramatiquement.
Ainsi cet opéra atypique procure-t-il un plaisir immense, avec l’élan de son heureux dénouement.
D’autant que, à la fin, Leonore/fidelio s’empare de la caméra du vidéaste omniprésent et qu’elle la braque sur l’infâme Pizarro, montrant ainsi que le pouvoir des images vaut bien celui des armes !
Caroline Boudet-Lefort
Représentations
20 janv. 2023 à 20:00
22 janv. 2023 à 15:00
24 janv. 2023 à 20:00
26 janv. 2023 à 20:00
Durée
2h05 sans entracte
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