Particulièrement belle, la musique exprime les passions intérieures, surtout celles de Madame Butterfly, avec, dans les sonorités instrumentales, des touches d’exotisme parfaitement intégrées. C’était, de toutes ses œuvres, celle que préférait Puccini.
Dans la mise en scène de Daniel Benoin, directeur d’Anthéa, d’emblée une vidéo montre le champignon de l’explosion de la bombe qui explosa à Nagasaki en août 1945. Par rapport à la création de cet opéra en 1904, l’action est donc décalée dans le temps, sans que rien ne soit changé pour montrer le conflit des cultures et l’écart des civilisations.
Fascinée par un bel officier américain dont elle aura un enfant, Madame Butterfly l’attend durant des années, certaine de son retour vers elle. Elle prend même sa religion et s’en trouve reniée par sa propre famille…
Monté dans la même mise en scène, il y a une dizaine d’années - déjà ! -, l’opéra retrouve le même splendide décor (signé Jean-Pierre Laporte) devant l’humble maison de Butterfly, mais avec encore davantage de vidéo (de Paulo Correia), dont de merveilleux papillons qui volent de temps à autre. Les costumes de Nathalie Bérard-Benoin sont tout aussi superbes.
Après une scène d’amour entre Madame Butterfly et son beau militaire américain - ce qui donne un sublime duo d’amour entre eux sous des étoiles scintillantes -, lui s’en retourne dans son pays tandis qu’elle met au monde un enfant, fruit de leur nuit d’amour.
Durant trois ans, elle attend son retour en guettant le pavillon de chaque bateau qui entre au port
C’est avec une nouvelle épouse américaine (Valentine Lemercier) à son bras que le bel officier américain revient et qu’il découvre qu’il a un fils avec Butterfly. Alors, elle lui confie son enfant et se tue avec un couteau.
La musique est particulièrement touchante dans les adieux de Madame Butterfly à son enfant. Le lieutenant est plus ambigu dans ses sentiments quoique dans le premier acte, il soit empreint de tendresse. Il avoue d’ailleurs avoir été ensorcelé par les « manières naïves » de ce pauvre frêle papillon !
Avec sa merveilleuse voix de soprano, Corinne Winters est absolument parfaite dans le rôle titre et le ténor Antonio Coriano est un beau Pinkerton qui convient à sa lâcheté de vainqueur
Tout le reste de la distribution est à la hauteur de leurs personnages pour faire de cet opéra une splendide et émouvante création de l’Opéra de Nice et d’Anthéa.
L’orchestre Philharmonique de Nice est dirigé par la baguette d’Andriy Yurkevych, et le chœur de l’Opéra de Nice Côte d’Azur par Giulio Magnanini, comme toujours.
Caroline Boudet-Lefort