Atteinte d’une phtisie incurable, cette « traviata » (dévoyée, en français) est, pour la première fois de sa vie, amoureuse d’Alfredo, tout aussi épris. « Pour vivre heureux, vivons cachés », aussi s’installent-ils à la campagne, loin de toute vie frivole et fêtarde.
Cependant, ce couple passionné va vite être séparé par le père d’Alfredo qui refuse de voir l’avenir de son fils « bien né » saccagé par une relation avec cette courtisane. A sa demande, Violetta se sacrifie, mais fragilisée par la douleur de la séparation et par l’humiliation qu’Alfredo lui fait subir en public, elle ne peut survivre. « Amore e morte », tel pourrait être le résumé de cette trajectoire fulgurante.
Pour la mise en scène Michel Béjar, chorégraphe qui travaille surtout en Suisse et en Allemagne, a choisi un parti pris cinématographique avec des flash-back montrant Violetta petite fille avec son père.
Le rôle de la Traviata est tenu par la soprano Aurélie Loilier qui a débuté sa carrière en 2002 dans « Le Mariage secret » de Cimarosa, proposé déjà par Opus Opéra, à Gattières. Depuis elle s’est produite sur diverses scènes françaises et, tenant un rôle secondaire dans « Aurore », le récent film d’Agnès Jaoui, elle y chante un air de « La Traviata ». Elle sera certainement une émouvante Violetta qui, victime de l’hypocrisie sociale, se sacrifie par chantage à l’ordre moral. Soyons certains qu’elle apportera, de plus, une dignité bouleversante à l’évolution de sa maladie. Son grand amour, Alfredo, sera interprété par Bruno Robba, un ténor intéressant qui s’est lancé très jeune dans le chant lyrique.
Avec un sens inné de la scène, Frédéric Cornille tiendra le rôle du père d’Alfredo : il est le baryton le plus convoité du moment parmi les jeunes talents.
Quant à la mezzo-soprano Laetitia Goepfert, elle aura en charge deux rôles : celui de Flora, l’amie de fêtes, et celui d’Annina, la femme de chambre bienveillante et protectrice de Violetta.
Cette héroïne poignante est portée par une musique maniant la pulsation de l’urgence et le tempo des sanglots, la fête et le désespoir, le désir et le morbide... Aussi la direction musicale de cette oeuvre majeure de l’art lyrique est-elle confiée à Frédéric Deloche, chef d’orchestre associé à l’Opéra de Nice, tandis que le rôle du choeur est tenu par l’ensemble vocal Syrinx, dirigé par Giulio Magnanini, chef du choeur de l’Opéra de Nice.
On attend donc cette Traviata avec impatience ! Si le climat est favorable, le public devrait passer une inoubliable soirée, sous les étoiles !
Caroline Boudet-Lefort