Au cours de deux derniers week-ends de septembre, des concerts sont programmés dans divers lieux de la ville, selon le souhait de Jérôme Viaud, le nouveau Maire de Grasse, qui désire privilégier l’ensemble de la diversité du pays grassois et donner un nouvel élan au festival en se rapprochant du public par des animations de rue. Dans la même politique de rendre la vie culturelle accessible au plus grand nombre, le prix des places a été calculé au plus juste.
Ce voyage musical et spirituel nous conduit d’emblée au bout du monde, jusqu’en Ouzbékistan.
Longtemps sous le joug soviétique, ce pays, écrasé par un pouvoir désireux d’imposer ses valeurs et sa propre culture, risquait de perdre ses traditions populaires. Aujourd’hui, l’ensemble Mavrigi, sous la direction d’Ovlyakuli Khodjakuli, permet de découvrir les danses et les chants ouzbeks traditionnels. Avec l’empreinte d’une spiritualité spécifique à cette partie du globe, des danseuses tournent et déambulent sur de lancinantes voix masculines aux accents gutturaux.
Dès le lendemain, ce voyage nous entraîne plus loin encore, jusqu’en Mongolie où Enkh Jargal dit Epi est devenu un maître du chant de gorge chamanique pour lequel il accompagne sa voix, rugueuse et fière, d’instruments rituels des cavaliers mongols. En poursuivant notre voyage musical, nous arrivons en Chine où Lingling Yu s’est consacrée au pipa (luth chinois à quatre cordes dont la technique est réputée pour sa difficulté). Ayant acquis une maîtrise exceptionnelle de son instrument, elle jouera une musique ancienne et spirituelle qui élève l’âme vers la spiritualité. Aussitôt ensuite, le voyage nous rapproche de Grasse pour une escale méditerranéenne. L’Italie donne à rêver aux sons des mandolines de l’ensemble Serenata Mandopolinata qui revisite un répertoire de ritournelles populaires, plus particulièrement de Naples et de la Sicile. Grâce à la fluidité remarquable des voix au timbre suave et chaleureux, cette « Serenata alla Madona » (sérénade à la Madone) entraîne tout autant à la fête qu’à la ferveur religieuse. La même soirée se terminera au son de la contrebasse de Christophe Bournine alias Merakhaazan qui interprétera des morceaux orientaux tant classiques qu’actuels.
Ensuite, Pierre Hamon, flûtiste de renom, nous entraîne à l’aide du souffle dans un univers sonore qui conduit de la méditation jusqu’à la transe. En travaillant aussi sur le souffle, la Compagnie Caracol propose un conte musical sacré « D’un seul souffle » qui permet à la voix, qu’elle soit fragile ou puissante, de devenir musique.
Le second week-end est placé sous le signe du Liban.
Dans la Cathédrale, nous pourrons entendre des chants syriaques maronites interprétés par Ghada Shbeir, une artiste internationale spécialiste du chant arabo-andalou qui, avec une langueur voluptueuse, se fait chantre de la féminité moyen-orientale la plus poignante. Les Hamadcha de Fès font partie d’une des trois confréries soufies les plus importantes du Maroc. Fondée au 17ème siècle, cette confrérie s’illustre par des danses envoûtantes qui peuvent aller jusqu’à des séances de transe. Reproduisant un rituel multiséculaire spécifique à leur confrérie, leurs rythmes, mélodiques et entêtants, sont d’une rare complexité. La franc-maçonnerie s’est aussi illustrée auprès de musiciens, (on connaît l’influence de sa symbolique sur « La Flûte enchantée » de Mozart). Un duo de musiciennes interprétera donc des oeuvres de Mozart, Mendelssohn, Schubert et Boccherini, lors d’un concert intitulé « La musique des loges ». Vivaldi et son sens du sacré seront mis à l’honneur par l’Ensemble Café Zimmermann qui fera revivre l’émulation artistique de la Leipzig du 18ème siècle. Enfin, des cantiques liturgiques et paraliturgiques sont programmés à la Cathédrale pour offrir un profond moment d’émotion.
Une dernière nouveauté pour ces Musiques Sacrées du Monde, une soirée dancefloor est prévue, ouverte à tous, sur le parvis de l’Office de Tourisme : musique électronique et traditionnelle pour conduire jusqu’à la transe, d’autant plus que des derviches seront présents !.....