Quel est l’objectif principal que vous vous êtes fixé en 2014 pour cette édition du MIDEM ?
Notre objectif est d’être la boîte à outils de l’industrie de la musique pour installer une croissance, qui semble d’ailleurs être en train de revenir.
Les chiffres récents affichent des couleurs plutôt positives. On note notamment une progression de 7,2 % du chiffre d’affaires des ventes de disques (ventes physiques, digitales, téléchargements) en septembre 2013 (source SNEP).
De plus, les chiffres de février 2013 de l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry) sont également encourageants, avec une légère croissance depuis 2012.
Cependant, le point noir est le léger recul du titre de vente digitale sur Itunes.
Il y a un frémissement positif mais la guerre n’est pas gagnée !
Au MIDEM, on réunit les plus grands de la musique et on apporte des contenus concrets au niveau des conférences. Il est notamment utile d’apprendre des autres, d’observer ce qu’ils font bien chez eux pour éventuellement les reproduire dans d’autres pays.
Notre objectif est d’être au service de l’industrie, et avec une intensité particulière cette année, car il y a une reprise économique.
Y a-t-il de nouveaux pavillons nationaux cette année au MIDEM ? Si oui, lesquels ?
Déjà une bonne nouvelle : tous nos pavillons de 2013 reviennent !
Pour ce qui est des nouveaux : Cuba revient, le Chili sera présent pour la 1e fois, l’Arménie et les Emirats Arabes Unis seront également représentés.
Quel sera le nouvel échiquier musical en 2014 ?
Le Brésil sera le pays à l’honneur du MIDEM 2014. Il y aura beaucoup plus de participants brésiliens et un festival brésilien : 13 artistes différents qui représentent le Brésil, pendant un « Magic Mirror » (ndlr : concert dans le cadre du MIDEM Festival), des conférences sur le Brésil seront aussi données avec par exemple une conférence sur les nombreuses sociétés de gestion de droits d’auteur qui existent au Brésil.
Nous aimerions bien comprendre les problématiques de ce pays, notamment au travers des Midem Labs, mais aussi faire connaître sa diversité créative.
La Chine aura une présence un peu plus importante que l’année dernière.
Pour la Russie, leur présence devait être renforcée, mais les Jeux de Sotchi ont dû devenir probablement leur priorité budgétaire, car ils seront bien représentés, mais avec un peu moins de pavillons russes que ce qui était prévu.
En revanche, une grande poussée de l’Asie est à noter, avec Taïwan, la Corée, la Malaisie particulièrement présents. Chacun aura sa propre soirée de concerts dans le deuxième « Magic Mirror ».
Le Japon est l’un des principaux pays en termes de chiffre d’affaires sur le marché de la musique. Selon les années, il est le premier ou le deuxième pays ayant le plus important chiffre d’affaires, en alternance avec les Etats-Unis. Leur marché sera particulièrement bien représenté cette année, avec notamment la présence – qui est un événement en soi – de la maison mère Sony Corporation, fabricant de produits technologiques, que je me permettrai t de qualifier de fabricant de Musique en Haute Définition !
Ce qui est étonnant, c’est que les Japonais sont très attachés au support physique, alors que les services digitaux (comme Itunes) ont beaucoup de mal à s’implanter. Il n’y a pas encore de streaming au Japon…
Quelles seront les activités proposées par l’IAEL (International Association of Entertainment Lawyers) au MIDEM cette année ?
L’IAEL est un partenaire du MIDEM depuis de nombreuses années. Ils délivrent des formations au MIDEM et leur programme comporte 3 volets pour cette édition.
D’abord, le Legal Summit, qui aura lieu le 2 février toute la journée, avec une succession de séminaires, work shop et formations, dans la Training Room. Ensuite, le Speed Meeting, avec cette année la rencontre « « Meet the Lawyers » dans le Net Working Village, le 3 février de 10h à 11h. Enfin, l’Innovation Factory est une zone de conférence ouverte au milieu des stands, qui se veut peu didactique et tournée vers le concret. Le thème qui sera traité le 4 février est « Droits digitaux et problématiques ».
Les musiques de publicité, musiques de films et de jeux vidéo sont-elles un bon moyen pour les artistes de vivre de leur musique ?
Le rapport musique et marques est en plein développement, et révèle même une belle croissance économique.
Ce qu’on appelle la « synchro » (musiques de publicité et de films) sera évoqué lors du MIDEM. Pour la première fois, le « Brand and Sync Summit » va permettre de réunir des « Music Supervisors » soit de jeux vidéo, soit des producteurs cinéma et télévision, soit pour des marques. Ils seront une dizaine (notamment Xbox et Nike) et les artistes peuvent venir leur proposer leur musique.
La croissance dans ce domaine est nette car on professionnalise de plus en plus l’exploitation de la musique dans les films, dans les publicités, etc…
Au niveau des revenus issus de l’économie numérique, ont-ils augmenté en 2013 ? Si oui, quels sont les nouveaux modèles commerciaux vraiment rentables à l’heure actuelle ?
Les ventes et revenus digitaux sont en croissance forte partout dans le monde, au point que, aux Etats-Unis et en Angleterre par exemple, ils représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires du support physique. Alors qu’il y a encore 3 ans, le marché du support physique représentait 80% du chiffre d’affaires des ventes de disques.
Il ne faut pas oublier non plus que certains revenus publicitaires proviennent de l’écoute gratuite, comme sur Deezer, où une partie des recettes publicitaires sont reversées aux maisons de disques et sociétés d’auteur.
D’autre part, le téléchargement et le streaming progressent. Pour les industries et labels de grande taille comme Itunes, le téléchargement est rentable ; pour les structures plus modestes, c’est plus compliqué. Et il existe des débats autour des revenus provenant du streaming, considérés parfois comme insuffisants pour les artistes.
Le streaming n’est en effet pas encore tout à fait installé et l’on peut considérer qu’aujourd’hui qu’il n’atteint pas encore un point d’équilibre. Il est cependant en pleine croissance.
Le MIDEM Festival aura-t-il une orientation particulière cette année ?
Depuis la création du MIDEM Festival il y a 3 ans, on voulait un festival ouvert au grand public. Il y a eu beaucoup de têtes d’affiches et les concerts ont rencontré un grand succès public. Cependant, les participants, professionnels de la musique, ont relevé que c’était peu intéressant pour les affaires, car ils attendent plutôt de ce festival l’opportunité de présenter leurs artistes, pour les exporter. On a écouté nos clients et cette année, on veut revenir sur une offre plus centrée sur leurs besoins. L’objectif de ces concerts sera donc professionnel, c’est-à-dire de provoquer l’occasion pour les artistes de se faire voir et surtout entendre ! Il n’y aura pas de billetterie, mais uniquement les personnes accréditées MIDEM et des invités. Parmi les événements du MIDEM Festival, les « Music at noon » montreront des sessions individuelles d’artistes du monde entier à l’heure de la pause déjeuner.