Quelles sont les évolutions du Festival Crossover depuis sa création ?
Le Festival a changé de formule chaque année en fonction du contexte dans lequel on se trouvait. Pour la première édition en 2009 : ça c’est décidé en juillet pour un festival au mois d’août ! Donc c’était très très court. La ligne conductrice et la formule du festival a été véritablement trouvée l’année dernière.
Nous avons aussi pas mal changé de lieu : la Zonmé, Keskon Fabrique l’année dernière. L’idée est vraiment d’ « embraser » la ville.
Cette année encore, vous allez occuper de nombreux lieux : l’Opéra de Nice, la Villa Arson, la Colline du Château, le Chantier Sang Neuf…
L’idée est d’organiser nos spectacles dans des lieux qui ne sont pas prévus pour les musiques actuelles.
On a pris l’habitude de s’adapter à chaque lieu, déjà avec les Plages Electroniques (ndlr : sur la plage du Palais des Festivals à Cannes), donc ce n’est plus une idée de défi qui nous anime, mais plutôt une idée de rencontre : se faire croiser des publics différents, des disciplines différentes (musiques actuelles, art contemporain, cinéma…).
Nous allons aussi nous associer à des propositions d’art contemporain organisées par le Chantier Sang Neuf et y inclure nos concerts de musiques actuelles, tout cela aux Abattoirs. Il y aura par exemple Rone (ndlr : artiste électro de l’année selon Trax), qui présentera son live audiovisuel « Rone présente Module ».
Nous organisons aussi de la musique électro à l’opéra de Nice. Ca peut paraître étonnant, mais nous avons choisi les artistes en fonction de ce lieu dédié habituellement à la musique classique. Il y a une réelle cohérence. Par exemple, Mekanik Kantatik est un musicien qui utilise le piano à queue, il a une formation classique. C’est le cas aussi d’Aufgang (piano, boîte à rythme…). Nous souhaitons attirer le public de l’opéra vers les musiques actuelles.
Votre équipe a créé le Panda Bar récemment…
Oui, c’est le prolongement du Festival Crossover à l’année : on propose une offre musicale qu’on ne trouve pas ailleurs. Des artistes pas forcément connus, à découvrir. On est à la croisée du café et de la salle de concerts. Les artistes du Festival Crossover s’y retrouveront aussi, tout au long du festival s’ils le souhaitent. Ca sera comme un prolongement dans la ville de l’état d’esprit du festival. Il y aura plein de genres musicaux différents : indie rock, électro…
Le Festival Crossover sera le coup d’envoi de la saison estivale du panda bar.
Est-ce que les dates seront toujours les mêmes désormais ?
On devrait rester sur fin mai-début juin les années prochaines. C’est une super période, notamment car on est en dehors de la grosse offre de l’été, période déjà saturée.
Avez-vous le soutien des institutions publiques pour ce festival ?
On travaille beaucoup avec la Régie culturelle régionale
Mais pour l’ensemble des institutions publiques, nous trouvons que ça n’évolue pas assez vite. Il y a un manque de constance et de volonté de politique de soutien sur ce festival qui fait pourtant rayonner la ville au niveau international et en même temps propose une belle offre culturelle aux azuréens. Les enjeux économiques et culturels n’ont pas été assez compris. Il suffit de comparer avec des manifestations du même acabit de Nantes (La Folle Journée), Toulouse, Rennes.
L’année dernière, on a réussi à mettre en place une collaboration tripartite entre la Ville de Nice, le Conseil Général et le Conseil régional. Ça n’a pas marché cette année malheureusement.
On est conscient qu’il y a un mieux depuis 5 ou 10 ans. Mais là où certaines régions de France ont pris la mesure de cela, même en période de crise, ici on grimpe très lentement les barreaux de l’échelle, alors qu’ailleurs ils ont pris l’ascenseur !
Nous avons tout de même 15 salariés à l’année. Il faudrait désormais prendre en compte l’activité économique que nous générons, avec notamment la création d’emplois.
Travaillez-vous aussi avec des partenaires privés ?
Oui, nous avons de plus en plus de sponsors.
Nous avons un responsable commercial qui s’occupe de ça. Donc les mécénats se développent et le Crossover est arrivé à maturité grâce aussi à ça.
On voit ça de façon intermédiaire entre la vision anglo-saxonne et française.
Alors que les collectivités locales soutiennent les projets culturels, qui n’ont pas forcément vocation à être rentables, la relation avec les partenaires privés nous pousse à trouver notre propre business plan. On trouve un appel d’air chez les sponsors. Par exemple, la Redbull Music Academy, qui a lancé un grand tremplin musiques actuelles, nous soutient pour le Crossover. Ils aident aussi le World Wide Festival, un gros festival d’été à Sète.
Quels sont vos projets ?
C’est bien sûr d’arriver à trouver notre économie, d’absorber notre masse salariale conséquente, avec toutes les activités qu’on met en place.
Nous avons aussi des projets à l’étranger : le festival Martizik (ndlr : l’équivalent des Plages Electroniques en Martinique) existe depuis 4 ans. C’est un projet encore en développement, mais nous observons un bel enthousiasme de nos interlocuteurs touristiques et privés.