Ainsi est apparu Antoine de Saint-Exupéry au grand reporter Joseph Kessel. C’était en 1929 "devant la forteresse de Cap Juby, à mi-chemin environ entre Casablanca et Dakar" où Saint-Ex, déjà aviateur mais pas encore écrivain reconnu, était chef d’escale pour Latécoère.
Le portrait parait peu flatteur, mais une amitié d’hommes allait bientôt naître de cette rencontre en plein désert, à laquelle il faudra bientôt ajouter celle de Jean Mermoz.
"Dans le splendide isolement du désert, un homme supérieur va se former et, quand il viendra reprendre sa vie parmi ses frères les hommes, ce sera dans la maîtrise complète de sa pensée (…) Il y a eu la rêverie solitaire face au sable et à la contemplation des étoiles et la musique intérieure qui, à certaines heures, chante au plus profond de nous-mêmes" rajoute
Didier Daurat, qui fut le patron de Saint-Ex et, bien qu’il s’en défendit, servit peu ou prou au modèle du personnage de Rivière dans "Vol de Nuit".
Dans les étoiles pour l’éternité
Un nouveau timbre vient d’être émis par La Poste pour fêter le 75ème anniversaire de la sortie de l’édition française du conte "Le Petit Prince". Pour les philatélistes, le premier jour a été fixé à Nice jeudi dernier car l’écrivain-aviateur s’y est marié civilement en 1931 avec Consuelo, avant la cérémonie religieuse célébrée dans la propriété familiale à Agay près de Saint-Raphaël dans le Var.
"Le Petit Prince" est paru en pleine guerre (1943) à New York que Saint-Ex avait rejoint en 1940. La version française n’est sortie des presses que trois ans plus tard, après "Pilote de guerre" qui montre une France combattante. Ce dernier livre influencera notablement l’opinion américaine.
Auparavant, il avait publié "Courrier Sud", tiré de son expérience de pilote chez Latécoère et à l’Aéropostale, et "Vol de nuit" qui recevra le prix Femina en 1931, l’installant dans la notoriété. Il reçoit aussi le Grand Prix du roman de l’Académie française.
Journaliste (reportages au Vietnam, à Moscou, en Espagne), chantre des valeurs humanistes, Saint-Exupéry finira la guerre comme pilote affecté à une escadrille de reconnaissance, réalisant des photographies aériennes en vue de la préparation du débarquement de Provence.
Il décollera le 31 juillet 1944 de l’aéroport de Poretta en Corse, aux commandes de son bimoteur P-38 Lightning, pour cette ultime mission qui l’enverra rejoindre dans les étoiles ce Petit Prince qui continue à faire rêver et philosopher petits et grands.
