Cette année, la remise du prix a eu lieu le 5 juin, en présence du jury composé de François Armanet, Fréderic Beigbeder, Daphné de Caunes, Adélaïde de Clermont Tonnerre, Marie Dominique Lelièvre, Eric Neuhoff, Christophe Ono-di-Biot et Bertrand Saint Vincent.
Ce jury a couronné l’écrivain Robert Goolrick pour son roman « La Chute des princes » (Editions Anne Carrière).
Madame Estève Chauvin, directrice du « Belles Rives », a remis son prix à l’auteur au cours d’une émouvante – et joyeuse ! – cérémonie dans l’exceptionnel cadre de la terrasse de l’hôtel qui domine la Méditerranée.
Pour faire patienter les premiers invités, des skieurs nautiques ont offert une fabuleuse démonstration en pyramide sur la mer scintillant sous le soleil couchant.
Cependant, le héros de la soirée était Robert Goolrick, écrivain de 66 ans, déjà reconnu en particulier pour son puissant « Féroces » en 2010, et le très remarqué « Arrive un vagabond » en 2013.
Quoique romancés, ses livres sont basés sur des événements de sa vie. Ainsi dans « La Chute des princes » raconte-t-il comment, venu d’une famille modeste de Virginie, il se retrouve authentique trader à Wall Street parmi les jeunes loups qui manient les dollars avec une facilité incroyable dans le New York des années 80, époque où la vie était particulièrement trépidante et intense au rythme du fric, du sexe, de l’alcool et de la drogue. Nombreux sont ceux qui s’y sont brûlé les ailes : à la recherche du plaisir immédiat, ils carburent à la cocaïne et se vautrent dans le luxe et la luxure, en méprisant la loi et en développant un sentiment d’impunité au fur et à mesure de leur enrichissement. Ils sont les « princes » du titre, ces jeunes loups prêts à vendre leur âme au dollar, ces Golden Boys gagnés par le pouvoir que donne l’argent.
Grandeur et décadence où la haute finance, corrompue par le luxe et la fête, se vautre dans un tourbillon effréné comme un monstre d’avidité. L’auteur lui-même, ce Rastignac bling-bling, est pris dans cette spirale. Il s’agit, pour lui aussi, de claquer des dollars en un temps record. Vite, toujours plus vite ! Mais, après cette consommation à outrance, arrivent l’overdose, l’hôpital psychiatrique, la tentative de suicide... qui sont le prix à payer.
Le roman est marqué par la faute et le châtiment.
Et si « La Chute des princes » commence par une partie de poker entre seigneurs de la finance, à la fin ce serait plutôt le jeu du solitaire qui s’invite. Prince déchu, dégrisé, Robert Goolrick, après avoir soldé ses années de jeunesse, est parti vivre tranquillement avec ses deux chiens dans un trou perdu de Virginie, sans doute encore étonné de son passé agité et ses excès dont il ne semble toujours pas vraiment guéri, puisque son fascinant roman est marqué par la faute et la rédemption
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Quoiqu’il ait payé pour ses délits, l’écrivain semble surpris d’avoir pu sortir de ce tourbillon infernal et dangereux.
Aujourd’hui, il en tire encore profit avec ses ouvrages à succès. Après sa chute, il fait commerce de ses souvenirs grâce à son écriture cruelle, ironique et éblouissante. Ainsi l’argent continuera de couler à flots.