Sensible à l’architecture côté « off », celle qui ne brille pas de tous ses feux, Luc Svetchine plaide pour la reconnaissance des petits chefs-d’oeuvre du « tout-venant » niçois, ceux-là mêmes qui ont besoin d’être regardés et appréciés.
Après avoir dévoilé le charme caché des collines niçoises (Sur les collines de Nice, Balades Choisies, éditions Gilletta, 2012), il relate son voyage en quête de l’émotion poétique et architecturale de Nice dans sa globalité, révélant les images et les ambiances heureuses d’une « parenthèse urbaine » inattendue.
L’âme d’une ville se ressent à travers une mosaïque d’images, porteuses de sensations et d’émotion. Ces dessins aquarellés volés sur site par l’architecte Luc Svetchine révèlent une autre vision de cette cité, connue de façon trop superficielle pour ses attraits touristiques et ses re- pères emblématiques de station estivale.
Visiter la vieille ville médiévale est certes un passage obligé mais se perdre dans les dédales des ruelles, au-delà des pôles touristiques balisés, se laisser conduire sous la houlette d’un guide dessinateur chasseur d’images, fouinant dans les décors les plus improbables, recherchant une nouvelle lecture du lieu relève d’une approche plus sensible de l’histoire d’un site demeuré modeste jusqu’à la fin du XVIIe siècle et qui entend le rester encore.
Mais Nice va changer… Au XIXe siècle, le tracé d’un plan urbain ambitieux vient se superposer aux chemins maraîchers, créant un parcellaire des plus capricieux qui génère parfois des volumes extravagants.
De l’absurdité de ces contraintes naît une poésie architecturale qui échappe à la vision « au quotidien » du décor, mais que l’auteur recueille et révèle par ses croquis.
Les évolutions de la ville se croisent dans le paysage urbain et s’enchaînent dans les parcours : influences de l’urbanisme turinois au XIXe siècle, éclectisme ambiant de la Belle Époque, orientalisme, italianisme récurrent, la somme de ces influences créant un melting-pot d’ambiances insolites ; mais l’éclectisme n’est-il pas partie intégrante de la typologie locale ? Cette culture du mélange produit alors des harmonies de formes basées sur des contrastes aléatoires.
Puis vient l’entre-deux-guerres ; Nice reprend son souffle : la capitale azuréenne n’est plus la cour de récréation hivernale des têtes couronnées de l’Europe entière, mais l’attrait du site déclenche les prémisses de la promotion immobilière sur fond de l’éclosion de l’Art déco.
Les grandes mutations urbaines de l’après-guerre sont accompagnées par une nouvelle donne architecturale dont notre guide s’attache à dessiner la quintessence sans trop s’attarder sur la banalité de l’architecture générique ambiante des dernières décennies.
À travers ces cheminements historiques et géographiques, l’atavisme méditerranéen est toujours de mise, caché dans les cours intérieures des îlots, niché au détour des ruelles, des traverses, à l’écart des grands axes ou, au contraire, très proche sans que nul ne s’en doute : « On dirait le Sud ». Ces constantes méridionales sont l’objet de la curiosité de l’auteur qui nous fait bénéficier de ses indiscrétions. Tout en nous prodiguant un micmac d’anecdotes poétiques, il nous livre en vrac les images et les ambiances heureuses d’une « parenthèse urbaine » inattendue.
Enfin, le paysage urbain niçois renvoie aussi au « grand paysage » du site naturel, une cuvette encerclée par des doigts collinaires faisant face à l’ample courbe de la Baie des Anges. C’est une synthèse de toutes ces facettes de Nice que Luc Svetchine nous propose de découvrir à travers près de 300 dessins originaux.
L’auteur de cet ouvrage, Luc Svetchine, est architecte à Nice. Il est connu pour ses créations de villas contemporaines mais aussi pour des projets hôteliers prestigieux. Il est dans le même temps l’architecte conseil de Saint-Paul-de-Vence.
L’approche que nous propose Luc Svetchine au travers de cet ouvrage n’est pas un cours magistral d’architecture ou d’urbanisme, mais le partage d’une passion « de terrain » pour sa ville qu’il explore quartier par quartier et qu’il nous fait découvrir avec son carnet de croquis de voyage.
Sensible à l’architecture côté « off », celle qui ne brille pas de tous ses feux, Luc Svetchine plaide pour la reconnaissance des petits chefs-d’œuvre du « tout-venant » niçois, ceux-là mêmes qui ont besoin d’être regardés et appréciés. Après avoir révélé le charme caché des collines niçoises (Sur les collines de Nice, Balades Choisies, éditions Gilletta, 2012), il nous relate son voyage en quête de l’émotion poétique et architecturale de Nice dans sa globalité, révélant des payages urbains méconnus.
Cet ouvrage est le fruit de trois années d’explorations ur- baines pour dénicher les pépites cachées au détour d’une rue, pour traquer l’anecdote inattendue, pour réveiller la saveur du détail oublié.
Le dessin, support privilégié de l’architecte, traduit au mieux ces différents aspects.