« C’est la semaine de ta chronique » , m’a écrit Aurélie ( parce que nous sommes modernes, nous nous écrivons là où dans le temps on se donnait un coup de fil) et cela m’a pris de court. Oui, bien sûr, ma chronique et on ne prend pas de vacances à Art Côte d’Azur sauf le 15 août et encore ! Mais vous, mes quelques lecteurs indécrottablement assidus, vous, vous partez en vacances ou du moins vous allez vous pavaner sur les plages, et vous attendez de moi que je vous dise de quoi nourrir ces moments de paresse ensoleillés. Et moi qui suis plongé dans une montagne de nouveautés littéraires pour la rentrée dont je ne peux bien sûr pas vous parler parce que ce sont les épreuves non corrigées ou des services de presse fournis sous le sceau du secret, bref, motus ! Et de toute façon ils ne sont pas en librairie, alors, cela vous ferait une belle jambe. Ou deux….
Bon, et moi, vous croyez que je les ai tous lus, ces romans destinés à vous couvrir la face et à vous éviter le plus douloureux dans le coup de soleil juilletiste ? Ah, ah, ne ricanez point, j’en ai quand-même lus quelques-uns ( et je ne vous dirai pas lesquels). Et puisque l’heure tourne et que je dois la fournir cette chronique, voici donc mes quelques recommandations - ou non !
L’année dernière je vous avais régalé d’un test comparatif des deux leaders , Anquetil et Poulidor de l’édition française, sauf que cette année Poulidor a l’air de gagner sur Anquetil, qui le prend très mal - voilà, c’était le scoop professionnel. Ceci dit, la partie n’est pas finie. Je vous épargnerai cet exercice cette année, mais ils sont bien là au rendez-vous : le Musso s’appelle « 7 ans après… » et le titre semble en dire assez pour que je me passe de vous lire la quatrième de couverture. Et le Levy s’appelle « Si c’était à refaire » et on voit assez bien où cela nous mène, là aussi. Pas de Gavalda dans les bacs cet été, et le Nothomb de l’année figure dans la montagne interdite pour le moment ; nous pouvons donc passer directement aux outsiders.
Pour Mesdames, il y a là la trilogie enfin complète de Haruki Murakami. Ca s’appelle 1Q84 (l’explication est dans le livre). Trilogie, oui ! Il y en a trois de 450 pages chacun, et je ne compte plus le nombre des clientes de ma petite librairie qui me disent que quand on a mis le doigt dedans , il est OBLIGATOIRE d’aller jusqu’au bout. J’ai trouvé quand même la chose moins passionnante que Stieg Larsson il y a trois ans, mais bon : vous pouvez vous laisser charmer par cette affaire de deux lunes sur fond ( il y en a aussi pour les mecs) de crimes sexuels ou ce qui en a l’air. Pas de panique, c’est juste onirique , et encore….
Les Egyptomaniaques retrouvent un x-ième épisode de la nouvelle saga de Christian Jacq ( ah, mais oui, ce n’est pas d’Egypte qu’il s’agit, ce sont des policiers de jeunesse !) – cela vous changera d’Agatha Christie. Ou pas.
Douglas Kennedy nous fournit « Combien ? » , très adapté à l’esprit de l’époque. Cela reste un roman, mais il s’intéresse aux arcanes – l’auriez-vous deviné ? - de l’argent, et cela donne un peu de substance à son histoire. En plus, cela permet de briller à l’heure de l’apéro, ce n’est pas un mince avantage. Dans cette veine, je peux aussi vous recommander « La piste du tigre » de James Patterson, où Alex cross vous entraîne à un tourneboulant voyage autour du Monde, enfin surtout et beaucoup en Afrique, beaucoup de sang, beaucoup de morts mais aussi une toile de fond malheureusement réaliste et qui donne froid dans le dos. Bon, c’est un thriller, rassurez-vous.
Je suis assez porté sur les sagas, c’est bon pour l’été, et ça mélange analyse psychologique (mais pas trop) et vraie histoire (il se passe quelque chose), bon, vous aurez deviné que je serais plutôt de sexe masculin. Je vous en propose donc une petite lampée :
« Le palais de verre » de Simon Mawer , finaliste malheureux du Booker prize. Une saga qui démarre fin des années 1920 en Tchécoslovaquie et dont l’intrigue se noue autour d’une maison - eh bien comme le titre l’indique- sur fonds de nazisme, décadence et guerre Mondiale. Bizarrement, le dernier opus de William Boyd se place à peu près dans le même contexte : « L’attente de l’aube » se place dans la Vienne du Dr Freud, donc dans les années trente, et vous emporte dans une lumineuse histoire d’espionnage dont l’originalité est cette certaine ambiguïté permanente naissant de l’ingrédient « psychanalyse » qui parcourt tout le roman.
Avec tout ceci vous en avez pour votre argent. Mais pourquoi vous priver, au passage, d’un petit bijou, qui tend à prendre la trajectoire de la naguère « Elégance du Hérisson » : j’ai nommé le délicieux « Liste de mes Envies » , second roman du quinquagénaire Grégoire Delacourt, une découverte. Cela ne vous tiendra qu’une soirée, et c’est trop peu de pages (et trop dommage) pour vous en servir de parasoleil, mais si vous avez un jour rêvé de gagner 18 millions au loto, voici donc ce qui vous attend.
Bon, j’ai fait mon pensum, j’espère, il n’y a même plus la place pour une image, je rends donc la plume, j’enlève les espaces en trop et zou, j’envoie le courrier électronique chez « mon éditeur ». Bonnes vacances, je ne pars pas, vous pouvez toujours venir me tenir compagnie au retour de la plage, et je vous prépare un joli panier de rentrée.