Pour Daniel Rondeau, fils d’instituteur laïc, tout commence en Mai 68. Ses 20 ans embarquent le jeune étudiant dans les événements de l’époque au point de le décider à faire, comme certains de ses camarades, l’expérience d’un travail d’usine en Lorraine, ce qu’il a intensément raconté dans « L’enthousiasme ». C’est là qu’il a appris ses dons pour la diplomatie en jouant souvent le rôle d’arbitre dans les conflits entre ses collègues, vieux ou jeunes, glandeurs ou travailleurs,... Ah ! la description de certains d’eux, quel régal littéraire !
Malgré son choix de la solitude, il a vite éprouvé le besoin de poser un regard sur le monde, voulant refaire le voyage d’Ulysse. Auteur d’une trentaine d’ouvrages dont la plupart sont autobiographiques, il a d’abord stimulé sa plume comme journaliste à Libération pour lequel il a réalisé un numéro spécial qui a fait référence « Pourquoi écrivez-vous ? » question posée à de nombreux écrivains renommés. Au cours de son investigation, il apprend que Paul Bowles, qu’il croyait mort, vit à Tanger. Parti aussitôt le voir, il ajoute, à cette rencontre déterminante, la découverte d’une ville qui marquera sa vie. Il ne cesse de voyager, de raconter les villes où il se pose, mais revient fréquemment dans sa Champagne natale où il s’installe pour écrire.
Il a toujours voulu fuir le journalisme, mais le journalisme l’a sans cesse rattrapé. Ainsi a-t-il été rédacteur en chef des pages culturelles de Libération, grand reporter au Nouvel Observateur, puis éditorialiste à l’Express. En 1987, il a fondé les éditions du Quai Voltaire et, en avril 2008, il a été nommé ambassadeur de France à Malte et, depuis fin 2011, il est ambassadeur de France à l’Unesco à Paris. Il juge que cette position donne la possibilité d’entrer dans l’intimité d’un pays et d’exprimer ses idées en milieu ouvert.
La Bible a été son premier contact avec la Méditerranée. Le Proche-Orient vivait en ce Champenois qui est passé volontiers du brouillard au soleil. Ses lectures l’ont fait voyager vers le sud : Giono et sa Provence, Camus qui lui a fait traverser la mer,...
Pour le 50ème anniversaire de la mort de Jacques Audiberti, la ville d’Antibes a organisé, en parallèle à la remise du Prix Littéraire, deux journées de manifestations culturelles. Un Concert de littérature sur l’amitié entre l’écrivain et Claude Nougaro. Le chanteur avait d’abord découvert les écrits d’Audiberti avant de voir l’homme avec l’impression que tous deux se connaissaient avant même de se rencontrer. En mêlant des textes et des chansons, l’artiste Frédéric Pagès et son groupe ont illustré avec une grande originalité cette amitié de trente ans.
Au cours d’une promenade littéraire sur les lieux de vie à Antibes de Jacques Audiberti, sa fille Marie-Louise (écrivaine également) a parcouru le centre de la ville en compagnie d’un petit groupe de passionnés avec la lecture faite par le comédien Damien Roussineau de quelques pages parlant de la ville des remparts dans « Monorail ». Enfin une comédie triste (sic !) d’Audiberti a été mise en espace par Jean-Claude Penchenat. Très rarement représenté, « Bâton et Ruban » parle joyeusement de la dîme royale que Vauban, en fin de vie, souhaitait instaurer, quoique n’ayant pas l’aval du Roi. Pour cet impôt sur les revenus, Audiberti n’hésite pas à qualifier allégrement Vauban de « Karl Marx du XVIIe ».
Entre Daniel Rondeau et Jacques Audiberti à l’honneur, la Ville d’Antibes a proposé une nourriture culturelle riche et vivifiante !