Sylvain Tesson conseille de remettre à plus tard toutes les contraintes du quotidien et de fermer les écrans pour lire (ou relire) au plus vite « L’Iliade » et « L’Odyssée », afin de découvrir ces oeuvres différemment de nos versions grecques – si tant est que le grec ait été une des matières de notre programme scolaire. Il décrit Homère comme un génie qui aurait inventé la littérature, ou comme une collectivité de poètes conteurs. Il avance même la probabilité d’un « ravaudeur » qui aurait rassemblé dans un style admirable des récits de tradition orale.
Il estime que lire Homère est un plaisir et que c’est lui qui aurait dû recevoir le Prix Audiberti !
Audiberti dont il a fait l’éloge dans son discours de remerciements, admirant l’humour de ce « poète de la drôlerie ».
Son père, Philippe Tesson, célèbre journaliste spécialiste de la critique théâtrale, lui a transmis l’amour des mots. Mais ce sont ses voyages qui ont été sa source d’inspiration et ont stimulé son imaginaire, sans pourtant écrire ce qu’on appelle de « la littérature de voyage ». Sa recette du bonheur, c’est une fenêtre ouverte sur le Lac Baïkal au fin fond de la Russie. L’âme slave ne cesse de l’obséder, cependant il ne veut être accroché à aucun lieu, ni par aucun lien et n’a d’ailleurs ni enfant, ni portable : aucune attache !
Né en 1972, Sylvain Tesson est un voyageur, un marcheur, un randonneur, un grimpeur, un équilibriste sur la brèche et même un stégophile (un grimpeur sur les toits de maisons ou de cathédrales).
En 1991, il découvre l’aventure lors d’une traversée à vélo du désert d’Islande, et il enchaîne, en 1993 et 1994, avec un tour du monde toujours à vélo, mais cette fois avec un copain de lycée, Alexandre Poussin. Ce sera « On a roulé sur la terre », écrit à deux. Il a parcouru la planète par tous les moyens de locomotion, mais surtout à pied ou à bicyclette, allant jusqu’au sommet de l’Himalaya (5000 kms en 5 mois). Ses voyages sur toute la planète le ramènent à ses voyages intérieurs et à des mots qu’il préfère de loin aux photos. Pour écrire, il lui faut voyager de par le monde. Pas un continent ne lui est inconnu et chaque pays représente une source d’inspiration. Il écrit que « la nature féconde le regard, le regard nourrit l’inspiration, l’inspiration engendre l’oeuvre ».
On ne peut que constater combien « Un été avec Homère » est un hymne à la nature. Il y compare les sirènes de l’Antiquité au Google d’aujourd’hui qui sait tout de nous !
Il a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 2009, pour « Une vie à coucher dehors » et le prix Médicis Essai en 2011 pour « Dans les forêts de Sibérie », où il raconte son expérience solitaire dans une cabane isolée durant plusieurs mois. Ce best-seller a été adapté en film réalisé par Safy Nebbou, avec Raphaël Personnaz comme alter ego.
En tombant d’un toit, Sylvain Tesson a eu un grave accident, entraînant huit jours de coma et de nombreuses fractures, mais, après un temps de rééducation, il a repris au plus vite ses habitudes de lecture, d’écriture, et même d’escalade, faisant davantage attention en s’équipant de cordes.
Non ! Rien ne stoppera le globe-trotter et l’escaladeur Sylvain Tesson !
Quoi qu’il arrive il continuera à voyager et à grimper ici ou là, et ainsi offrira à ses groupies des lectures toujours passionnantes.
Caroline Boudet-Lefort