De rares clients passent la porte. : il y a ce couple qui a commandé un livre sur les séjours à l’hôpital d’Antonin Artaud (un énorme parpaing qui en dit long) ou cet autre qui choisit un roman et demande un paquet-cadeau (ici, on donne des emballages !). Les libraires attendent impatiemment les « beaux jours » et les flâneries qui s’ensuivent pour que les clients se pressent et pénètrent dans ce superbe lieu.
Les nouveaux associés, Véronique et Gilles, ont longtemps travaillé ensemble dans une grande librairie niçoise. C’est là qu’ils se sont connus et appréciés au point d’envisager un projet qu’ils ont laissé mûrir avant de « se jeter à l’eau » (dixit Véronique).
Constatant qu’une multitude de librairies de la ville fermaient boutique (Virgin, la Maison de la Presse...), ils ont décidé eux d’en ouvrir une, sans se laisser décourager par ce qu’on raconte « les gens n’achètent plus en librairie, ils prennent leur bouquin en même temps que leurs fromages au supermarché, et blah blah blah et blah blah blah.... ».
Les deux copains voulaient revenir au coeur du métier avec une librairie de proximité, au sens noble du terme.
Déjà, ils constatèrent qu’il n’y avait plus une seule librairie dans le Vieux Nice qui fonctionne un peu comme un village, très vivant toute l’année et encore plus durant les six mois d’été (l’été est long sur la Côte !), c’est donc sur ce quartier de Nice qu’ils jetèrent leur dévolu. Recherche fut faite avec la visite de plusieurs boutiques rejetées jusqu’à la visite de ce local aux murs en briques apparentes, un ancien bar fermé depuis deux ans. Mais les nouveaux associés virent tout de suite comment transformer cet état d’abandon en lui donnant le « look » chaleureux d’aujourd’hui et en faire ce lieu spacieux et clair où il fait bon flâner à choisir un ouvrage attirant.
Le nom de LA BRIQUETERIE s’est imposé en référence à « La Factory » d’Andy Warhol, modèle correspondant à leur concept d’émulation culturelle diversifiée.
« La Briqueterie » pouvait avoir un côté fabrication en mouvement qui leur avait fait rejeter certains noms, « L’usine », « Le local »... L’intention de leur projet était que cette librairie soit un lieu de ferment culturel et que tout soit prétexte à se réunir, à produire de l’événement avec l’envie d’un élan comme dans le lieu mythique de Warhol.
L’expérience professionnelle des deux associés – associés fifty-fifty – a su donner confiance aux diverses maisons d’édition auprès desquelles ils étaient déjà connus en tant que libraires. Tous deux n’avaient pas la crainte de se lancer dans l’inconnu, chacun d’eux avait suffisamment pratiqué la vente et la responsabilité de gestion de leur rayon dans leur travail antérieur et ils connaissaient tous les rouages de la tenue d’une librairie. Après une expérience à Aix, Véronique a assumé durant plusieurs années la fonction de directrice associée à la Librairie Masséna.
Véronique et Gilles ont toujours aimé lire, leur goût des livres date de l’enfance : elle est une « grosse lectrice » de romans et lui préfère les essais de Sciences Humaines.
Ils souhaitent partager leurs emballements en conseillant toute clientèle indécise et en les orientant dans leur choix. C’est pour cela qu’ils ont chacun leur rayon privilégié, tout en restant ouvert à toute forme de littérature. D’ailleurs, l’espace est fourni en ouvrages sur l’art, la philosophie, guides touristiques et arts de vivre (cuisine, décoration...) ou autres, c’est vraiment une librairie généraliste, sans spécialité afin d’éviter toute forme de censure. Et les rayons seront de plus en plus garnis.
On trouve de tout à LA BRIQUETERIE !
Leur éclectisme les a d’ailleurs incités à ajouter aux livres des accessoires telles de jolies écharpes, des lunettes de soleil, des lithographies, quelques fringues sympas... Tel artiste expose des céramiques, tel autre des bijoux,.... Les disques vinyle reviennent sur le marché : un rayon est déjà en place côté musique ! Et des projets vont s’ajouter les uns aux autres ! La librairie deviendra lieu de rencontres conviviales avec des signatures d’écrivains, des débats, des animations, des petits concerts....
Les idées ne manquent pas et le principal est fait : la librairie est ouverte, elle existe et elle est belle et attractive en invitant à la lecture. C’est super ! Bon vent !
