Lauréat du conservatoire d’art dramatique, sa carrière a vite démarré. Engagé par Guillaume Morana des Vaguants, la première troupe de théâtre d’avant-garde niçoise, il joue dans Macbeth. Jacques Weber lui donne ensuite un beau rôle dans "Monte Christo" (spectacle joué pendant deux ans), puis il enchaîne les spectacles avec Bisson, Morana, Francis Uster, et une création de Le Clézio avec Pierre Clémenti : "Le jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur".
Débordant d’activit ?, il crée d’abord une librairie puis un théâtre, l’Alphabet, où pendant 27 ans, il a œuvré comme acteur, réalisateur, directeur. Du classique avec des cycles Molière, un hommage à Camille Claudel, Musset, La Fontaine, Nerval, Rimbaud, Feydeau aux pièces d’avant garde de Pirandello, James Joyce, etc., il explore la grande diversité des œuvres théâtrales.
Il écrit et réalise des spectacles, notamment sur des romans d’Arrabal, auteur qui prend une place particulière au théâtre de l’Alphabet (il y a joué lui même et participé par ses écrits à de nombreux spectacles). Autre rencontre importante avec Ismaïl Kadaré qui assiste au spectacle créé d’après son essai "Eschyle ou l’éternel perdant".
Pendant dix ans, comédien invité au Festival de télévision de Monaco, il rencontre André Brink, Jorge Amado, René Depestre, Ismaïl Kadaré, Juliette Gréco...
Un travail passionnant, épuisant. "Le théâtre est une grande machine où il faut maîtriser toutes sortes de techniques, savoir animer une troupe, et subir les inévitables problèmes financiers". Il a néanmoins vécu ce métier en toute liberté, décidant de la programmation, du choix des acteurs, des décors, etc.
Pour se distraire, se changer les idées, penser autrement, il dessine, peint. Passant de l’encre de l’écrit à celle du dessin, il travaille dans l’esprit de Tapies, Bury, Wols, et surtout de Henri Michaux.
C’est en préparant des diaporamas pour le théâtre, en intervenant sur les images, qu’il découvre les possibilités graphiques qu’offre cette technique. Il opère directement sur le film blanc, mélangeant des larmes d’encres à une infinité d’autres liquides, rajoutant divers produits chimiques ou biologiques, il crée une cuisine complexe dont il expérimente les effets, les matières, les transparences.
Utilisant les réactions chimiques, apprenant à les maîtriser, il obtient des textures étonnantes où le minéral, le végétal, l’organique se mêlent, s’hybrident pour faire naître des univers fantastiques : images de cosmos improbables, de mers sublimées (voir "Nice by night"), de ciels, de forêts. Apparaissent aussi des matières en fusion, des arborescences, des vibrations qui retranscrivent les tensions et les émotions de l’artiste.
Ce travail de précision à la recherche de mélanges harmonieux, de rapports de matières et de couleurs est proche de celui d’un peintre abstrait qui, lui aussi, élabore des formes colorées qui doivent se répondre, se compléter ou se contredire, à cette différence près que l’artiste travaille dans le minuscule et joue sur des légers agrandissements, des recadrages, des projections.
Souvent, le résultat technique précis dépasse l’intention première. L’artiste assume la part de hasard et tente d’en faire un allié. Il joue sur la surprise tout en exerçant son contrôle sur le résultat.
Le champ d’exploration est immense. Il y a toujours de nouvelles découvertes à décliner d’une infinité de façons. Cela n’inquiète pas l’artiste. Au contraire, il jubile de l’impression d’avoir la perfection sous ses doigts, de maîtriser le monde. Ce qui l’intéresse, c’est arriver à s’émerveiller lui même.
Il a renoncé à dire ce qu’il voit, considérant que son interprétation vaut celle de n’importe qui d’autre. Chacun y lit ce qu’il veut, selon la formule de Duchamp, c’est le regardeur qui fait le tableau.
Un livre sur ses peintures vient de paraître (signature le 7 janvier). Des textes de sa fille Claire, écrivaine bien connue et de son amie Marie Driot (professeur de lettres) accompagneront ses œuvres.
Côté théâtre, il continue à donner des cours (Théâtre des Muses à Monaco), et à réaliser des mises en scène. Les arts se répondent...