Et Moi, et mois, émois
Un milliard trois cent cinquante millions de Chinois
Et moi, et moi, et moi, dures fins de mois
Avec ma vie, mon petit chez moi, mes crédits, l’huissier qui sonne
Mon mal de tête, avec tous les doux rayons de mon Iphone
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Plus de 20 millions de Syriens qui crient sous les bombes du matin
Et moi, et moi, et moi je sors mon parapluie dans le crachin
Avec mon vélo bleu à assistance électrique et mon chien en bois,
Son canigou quand il a faim, son antipuce quand il aboie,
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
1 ,111 milliard d’Africains qui crient on a encore faim
Et moi, et moi, et moi qui m’enfile encore du gratin
Qui vais me faire bronzer en plein réchauffement climatique
Au sauna pour perdre du poids, je fais du jogging dans le trafic
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Cent quarante trois millions de soviétiques qui visent l’Ukraine
Et moi, et moi, et moi avec ma chapka en laine de chèvre naine
Avec mes manies et mes tics, je joue ma vie en vidéo à Call of Duty
Dans mon petit lit en plume d’oie, je m’en secoue le spaghetti
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Plus de soixante six millions de gens imparfaits
Et moi, et moi, et moi en pleine crise de foie
Qui regarde les seins de l’ange de la téléréalité Nabila Benattia,
A la télévision chez moi sur un écran LCD super hyper plat
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Neuf cent vingt cinq millions de crève-la-faim
Et moi, et moi, et moi avec mon petit surpoids
Avec mon régime « vierge-et-t’as-rien » baba bio bibi yoyo
Et tout le porto spécial réserve douze ans d’âge que je m’envoie
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Des milliers de migrants clandestins qui se noient
Et moi, et moi, et moi
Je suis tout nu dans mon jacuzzi à remous, en finition bois
Avec une fille, parfumée à la vanille de Madagascar qui me nettoie
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Cinq cent millions d’extrémistes qui nous terrorisent
Et moi, et moi, et moi avec ma phobie des souris grises
Le dimanche à l’heure du scrutin
Avec mon bulletin, je suis le roi
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie
Cinq cent milliards de petits martiens
Et moi, et moi, et moi, je m’excite sur Faceplouc
Comme un con de terrien qui ne compte plus les secondes
J’attends une nouvelle prophétie de fin du monde
J’y pense et puis j’oublie
C’est la vie, c’est la vie