Elle a choisi un voyage en n’ayant lu que le titre anodin d’un prospectus « Voyage au bord du Gange », imaginant qu’il proposait de s’intéresser au sens caché des « mudras » indiens, ces danses de doigts reliées au Divin.
Mais, à sa grande stupéfaction, paraît-il, il s’agissait d’un enseignement donné par des chamans qui, grâce à l’utilisation de tambours et de djembés, permettent un travail en profondeur sur soi-même. Grâce aussi à des méditations, des jeûnes, de longs silences, des chants, des transes, …
Aux tambours s’ajoutent des maracas, également instruments de pouvoir – pouvoir sur soi et non sur les autres - grâce à l’énergie avec laquelle ils entrent en contact. Les pieds nus posés sur la terre mère, les maracas se rythment de façons spécifiques pour envoyer et recevoir de l’énergie.
Abandonner ses repères
Tout se joue sur l’énergie cosmique et celle qui nous compose qu’il faut savoir utiliser. « L’énergie peut changer à chaque instant », phrase répétée tant et plus par le chaman. Avons-nous le pouvoir de la changer ? Certes oui. Et c’est là qu’est cet enseignement qui s’avère multiplier les expériences – les épreuves ? - dans un temps hors du temps où il s’agit d’être plutôt que de faire, entre danse sacrée et transe.
La peur est souvent au rendez-vous, selon la qualité de l’énergie à l’œuvre. Et d’autres fois ce peut être une exultation euphorisante. Dans l’intimité avec la nature de ces nuits de transe à jouer du djembé ou dans des tête-à-tête avec soi-même qui peuvent être dans des endroits, brûlés par un ardent soleil.
Nous ne sommes pas dans notre réalité habituelle. Cette réalité est toute autre : par exemple, un cerf peut vous donner des conseils. Il faut savoir abandonner ses repères et se laisser envoûter par cette lecture qui vous recommande de savoir donner et non de seulement prendre. Dans la tradition chamanique, donner et prendre sont deux notions indissociables.
Tenir compte aussi de l’importance du pouvoir, ainsi pouvoir changer de vie ou d’avoir un contact direct avec la Conscience. Le « Beat » est la pulsation de vie qui réside en tout, tandis que la transe est un état de conscience qui permet de libérer, guérir ou transformer les choses.
Il s’agit beaucoup de l’énergie. Il faut la canaliser en l’alignant à l’horizontale avec celles des autres et aussi à la verticale entre la Terre et le Ciel, pour renforcer quelque chose en soi, en conservant son pouvoir de ne pas se perdre dans l’émotion.
Même si Roseline Ferrando-Vieille a opté pour de nombreuses répétitions, comme un rappel du rythme inlassablement simple des djembés joué pendant de nombreuses heures, ce qui peut ouvrir parfois d’inhabituelles portes de perception, le style de l’auteur reste alerte et son témoignage est très agréablement écrit. Evidemment son implication personnelle est totale, elle se livre allègrement, sans réserve, avec quelques touches d’humour.
Cependant cette lecture impose des pauses, à cause de la densité de ces expériences rares et exceptionnelles.
Très spécifique le sujet de ce témoignage est ardu et ne peut être abordable par tous.
Il faut ressentir un minimum d’intérêt pour la spiritualité et la quête d’un travail particulier sur soi pour tenter d’atteindre toute la richesse de cet ouvrage. Et savoir faire la différence entre « jouer du djembé » et « être en adéquation totale » avec l’instrument grâce à la circulation de cette énergie que chacun porte en soi.
Caroline Boudet-Lefort