Il a ainsi parcouru le département en tous sens, à toutes saisons, par tous les temps, pour saisir sur ses plaques photographiques les paysages, l’architecture, les gens, les fêtes de village, les travailleurs... bref la vie de l’époque avec un sens aigu du reportage et de l’esthétique.
Ses clichés en noir et blanc - qui ont fait l’objet d’une expo récente à la Villa Masséna - sont aujourd’hui une mine précieuse de documentation. Mais aussi d’émerveillement devant l’élégance des personnes - bourgeois ou ouvriers - et des lieux - modeste patelin du haut pays ou grand hôtel de l’aristocratie. Un fonds, un patrimoine exceptionnel - il y a peu d’exemples semblables en France, et pas de ce niveau de qualité - jalousement gardé et entretenu.
De la boutique de photo où l’on venait se faire "tirer le portrait" en tenue du dimanche jusqu’à la maison d’édition d’aujourd’hui, c’est toute une saga familiale qui est à l’œuvre au fil de ces décennies qui se confondent avec la grande et la petite histoire de la Côte d’Azur.
"Le soin du cadrage, la lumière, la composition... C’est le souci de la qualité qui a toujours guidé la maison Gilletta" commente Valérie Castera (photo de Une), cogérante de l’entreprise, qui travaille mano la mano avec Gilbert Grisoni. "Les photos, les cartes postales qui en ont été tirées, les affiches ont contribué à la réputation de notre région dans le monde entier. Les clichés Gilletta étaient envoyés à la cour de Russie, en Angleterre, à l’autre bout du monde...".
Aujourd’hui, la maison édite un catalogue argumenté autour des thèmes du sport, de l’environnement, de la cuisine, du tourisme, etc., toujours développé avec une volonté de mise en valeur du patrimoine local.
Et aussi tourné vers la jeunesse. "C’est essentiel, l’avenir du lectorat passe par les enfants, nous avons donc chevillé au cœur cette volonté de partage et de transmission" poursuit Valérie Castera.
On citera parmi les dernières parutions Crottes de marmotte de Malou Ravella et Florence Schumpp, Marinette la vache qui (rous)pète, ou Le camping- car de Félix, autant de titres qui donnent envie de s’amuser et de s’instruire en lisant.
Le catalogue général compte une centaine de titres, certains étant réédités comme La cuisine niçoise d’Hélène Barale qui en est déjà à sa onzième "cuisson" (!) et encore parmi le rayon beaux livres Les plus beaux sommets du Mercantour.
Et parce qu’avoir ses racines dans le passé n’empêche pas de regarder vers l’avenir, Gilletta imprime ses ouvrages sur du papier issu de forêt gérées et avec des encres végétales. Maintenant, en selle sur le petit tricycle De Dion-Bouton, et tournons les pages !
Jazz : si le Festival de Nice m’était conté...
Sur la place de Nice, il n’y a pas meilleurs connaisseurs de la note bleue que le contrebassiste Daniel Chauvet et le chroniqueur Gilbert d’Alto.
Privilège de la passion (et de l’âge)... ils connaissent tout de l’histoire du jazz dans la capitale des Alpes-Maritimes.
Aussi, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’événement qui s’est déroulé successivement à... l’Opéra et dans les casinos (1948), au Théâtre de verdure au début des années 70, puis dans les jardins de Cimiez (l’inoubliable Grande Parade du Jazz orchestrée par Georges Wien et Simone Ginibre), avant de redescendre sur la place Masséna et le Théâtre de verdure, les deux compères ont édité chez Gilletta l’histoire du plus ancien des festivals de jazz du monde. Un livre qui fourmille d’infos, d’anecdotes, de photos, de souvenirs, et qui ouvre vers le futur avec les nouvelles vedettes qui ont remplacé sur la scène Louis Amstrong, le "Duke", Miles Davis et les autres partis" bopper" dans les nuages.
Frédérica Randrianome-Karsenty a préfacé ce volume indispensable à tous ceux qui aiment Nice, la musique et le jazz en particulier. Ce qui fait du monde et explique ce succès de librairie.