César et Jany Carré, la passion de la transmission
Ayant, dans un salon du livre à Vence, retrouvé César et Jany Carré Damigny de Meurdrac, César en tant qu’écrivain (mais ce n’était pas nouveau), et Jany en tant qu’éditrice, je me suis dit que ce dynamique couple de « journalistes » - s’il faut regrouper sous ce terme des activités multiples tournant autour du fait de rendre compte des événements du monde, et de ce qui, chez les humains, les motive – avait peut-être fini, avec le goût de l’indépendance qui les caractérise - trouvé l’outil par lequel leur incroyable expérience de la vie allait pouvoir se transmettre.
La maison d’édition fondée par Jany (Im2/arHa, adresse : [email protected]) présentait donc ses quatre titres déjà réalisés : « L’éléphant blanc », de Janine Guerpillon sous la plume de Jany Carré, « Les Dieux du Nil (I) », de Caïus de Meurdrac (nom de plume de César Carré de Meurdrac), « Les Dieux du Tigre (II) », du même, et « Samir », de Hugues Poujade. « L’éléphant blanc » fut récemment, avec succès, présenté au Centre Culturel Leclerc de Vence.
Le parcours de César et Jany Carré Damigny de Meurdrac est si riche qu’il mérite certainement de faire l’objet d’une autobiographie, et je serai obligée ici de n’en donner que quelques grandes lignes, mais il se trouve que, écrivant, en gros, ces chapitres pour Art Côte d’Azur à partir des archives de la galerie Alexandre de la Salle, j’avais justement en tête depuis un certain temps de relire tout ce que le magazine « GO ! » nous avait permis d’insérer dans ses pages. C’est à partir de la création du magazine en 1984 que César et Jany, familiers des expositions de la galerie, m’avaient proposé d’y écrire.
Mais qui sont César et Jany Carré ?
D’abord César, journaliste, reporter, cinéaste, historien, sportif de haut niveau, qui va, logiquement, un jour, décrire le parcours d’« Hérodote en Egypte » (sous-titre de « Les dieux du Nil ») et d’« Hérodote chez les Perses » (« Les Dieux du Tigre »), retrouvant chez le grand historien grec la dimension de grand reporter qu’il connaît lui-même. Hérodote comme reporter, les reporters n’étant-ils pas des historiens sur le tas, apportant leur matériau à l’écriture de l’Histoire, même la grande histoire ? comme lorsque, le 15 août 1964, en tant que photographe cette fois, César saisit, au cours d’une cérémonie commémorative du débarquement en Provence, le général de Gaulle au Mont Faron, faisant son discours au-dessus d’une jarre. La jarre s’avèrera contenir du TNT, qui n’explosera que plus tard, mais César aura fait la photo-scoop, parce qu’il se trouvait au bon endroit « je recherche toujours des angles un peu personnels », dit-il.
Comment cette carrière a-t-elle commencé ? A quatre ans, à cheval, puisque le fils d’André, Louis, Théodore Carré de Coras (1908/1990) et de Marie Louise, Aglaé de Damigny Meurdrac (1912), aujourd’hui vivante, âgée de plus de cent ans, naît dans un monde dont une écurie de course est l’un des fleurons. Entre 1948 et 1965, on le verra donc titulaire de médailles et licences d’équitation en plat, obstacles et trot, mais aussi appartenant au Racing Club de France pour le tennis, titulaire d’une licence internationale de pilote de course automobile, membre de l’Ecurie officielle Jaguar aux 24 heures du Mans, et, en 1980, titulaire d’une licence de voile. La liste des courses en mer est longue, « Nioulargue » pendant 10 ans, deux traversées de la Méditerranée, deux traversées jusqu’aux Canaries, navigation en mer des Caraïbes, équipier de Jean-Marie Arthaud sur le trimaran « Hôtesses Tunon » ex Biotherm, vainqueur du 1er « Mediterranean Trophy Tour de Corse », course « Traversée de l’Atlantique », équipier du trimaran « Axial », ex Charles Heidsick, départ Marseille-arrivée Pointe-à-Pitre, équipier sur « Amarcord », vainqueur de l’Antipolis… etc. Sachant cela, on n’est point surpris que le magazine Go se soit fait l’écho des grandes manifestations sportives nationales et internationales.
César Carré entre « profession reporter » et champion multi-catégories
Mais le sport n’a pas empêché le jeune César Carré Damigny de Meurdrac de devenir un journaliste-reporter appelé César Carré. De 1960 à 1962 il effectue son stage de journaliste à l’AFP (Agence France Presse). Dès 1962, il collabore au « Courrier du Parlement », au « Nouveau Candide », à « Week-end », et à l’ORTF (dans le service de Francis Cover et Betty Durot). Ce sera alors « Télé Europe » et « Trente millions d’amis ». En 1968 César réalise un court-métrage « Les Baladins ». Mais en 1961 il avait fait son premier séjour en Afrique, à Abidjan, à l’occasion d’un grand reportage sur l’An 1 de la Côte d’Ivoire indépendante. Entre 1963 et 68, c’est la participation au journal « Votre 8ème », et la création avec Jean Sainteny et Sacha Sosnovsky de « Paris-Centre », où César est rédacteur en chef. Au Gabon, il est conseiller technique à l’Information, détaché du Secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères français chargé de la Coopération culturelle, en charge du Ministère de l’Information, de la Radio et de la Télévision, de l’Agence de Presse Gabonaise et du quotidien « Gabon matin ». Entre 1972 et 78, entre autres il est président fondateur de la Compagnie Eurafricaine de télévision, et… reporter freelance à la « Gazette des Pilotes des 24 heures du Mans »… et reporter freelance à « Géo », à « Ça m’intéresse », entre 1981 et 84 il est président fondateur de Channel 7 SA, producteur réalisateur de 25 films et grands reportages, en 1984, producteur exécutif du film égyptien « Astrolab », et « Des enfants marchent sur la lune » tourné à la Victorine, et, donc, en 1984, fondateur de « GO ! magazine ». En 1987 il deviendra président du Club arHâ (Club d’auteur multimedia), et, en 1990-91, professeur de production à l’ESRA, à Nice (Ecole supérieure de Réalisation Audiovisuelle)… César Carré a produit et réalisé près d’une trentaine de films, dont « Sur les chemins de Saint-Paul » et « La Fondation Maeght, André Verdet raconte », qui vont faire les délices des amateurs d’archives.
Hérodote comme premier reporter
Mais venons-en à ses deux dernières « productions », les voyages d’Hérodote (il y aura d’autres tomes), passionnants, vivants comme s’il s’agissait de voyages au présent, et pourtant réinterprétations de la grande Histoire, à coups de recherches extrêmement documentées, durant des années. Mais toujours avec un « certain angle personnel ». Voilà en tous cas ce qui en est dit :
... Quand l’ensemble du groupe terrestre AfriqueArabie s’est joint à l’ensemble du groupe EuropeAsie, la race humaine, partie d’un petit foyer africain de l’Est, s’est lentement répandue de l’Afrique à l’Asie, puis à l’Europe.
Quand Homo Erectus devient Sapiens, puis Sapienssapiens, que le verbe s’exprime en lieu et place du borborygme initial de l’esprit des ténèbres, l’Homme acquiert un nouveau statut. Alors, il se met en quête de justifier sa différence avec les êtres nés de la boue nauséabonde du grand magma, de l’océan primordial dont il est lui-même issu. Et il invente Dieu.
Pourquoi ? Parce qu’il en a besoin...
Mais il ne le sait pas encore...
Tétralogie historique
« L’histoire de l’Homme est inséparable de celle des religions, de la géographie et de son environnement aquatique. »
Récit apocryphe et dialogué du voyage d’Hérodote aux pays d’Égypte et de Mésopotamie au Ve siècle av. J.C. en compagnie de Clio, la muse de l’Histoire.
Un livre à quatre mains : cousins germains, les auteurs ont bâti leur sujet, après sept années d’études et de recherches documentaires, pour étayer leur thèse, hors les murs. L’enquête est de César Carré, journaliste multimédia, réalisateur de courts et moyens métrages. L’auteur du récit, Caïus de Meurdrac, est écrivain et scénariste. Grand voyageur, il vit outremer. Ajoutons, pour la petite histoire, que les deux coauteurs s’intéressent à l’Égypte depuis l’âge de 7 ans.
Je est vraiment un autre
On aura compris l’astuce pour dire, une fois de plus que « je est un autre », puisque Caïus de Meurdrac et César Carré n’en font qu’un.
Jany Carré
Jany Carré de Meurdrac existe bel et bien, elle est née Hazan-Riviers, à Alger en 1941, rapatriée à Paris en 1944. Dès 1961 elle apprend le journalisme « sur le tas » : correctrice, secrétaire de rédaction puis documentaliste pour une maison d’édition monégasque, qui travaille pour la CEE à Bruxelles. Ensuite le Gabon où elle obtient le poste de conseiller technique de l’AGP (Agence Gabonaise de Presse). De retour en France elle entre au magazine « 30 millions d’Amis » avec son chien N’Malko. En 1984, elle crée, avec César, « GO Magazine ». Entre 1992 et 1993 elle participe à « Radio Douce France », à Nice, en tant qu’animatrice ; assistante de production/scripte à Channel7 (Victorine). En 1997, elle fonde aIM2 (agence de presse), qui va se tourner vers l’édition littéraire en 2011. Aujourd’hui, elle collabore également à un journal sur Internet « vence-info.fr ».
Et démontre dernièrement sa virtuosité à accompagner (prêter sa plume) la création d’un livre de mémoire comme l’est « L’éléphant blanc », de Janine Guerpillon, qui, on verra que ce ne peut être un hasard, a vécu son enfance en Afrique, et est devenue réalisatrice à la télévision française.
(A suivre)
Retrouvez les chroniques II, III, IV et V du chapitre 72 :
Chapitre 72 : César et Jany Carré (Part II)
Chapitre 72 : César et Jany Carré (Part III)
Chapitre 72 : César et Jany Carré (Part IV)
Chapitre 72 : César et Jany Carré (Part V)