Qui est André Verdet ?
Peintre et sculpteur, à la demande de Picasso que lui avait présenté Jacques Prévert. « Je ne suis pas peintre » dit André à Pablo Picasso. « Si, tu as la signature d’un peintre » lui répondit Picasso en lui mettant des crayons entre les mains.
Astrophysicien, musicien, il a formé un orchestre de jazz avec le groupe Beltégeuse. Ecrivain et poète, il a publié plus de 240 livres.
Résistant, arrêté par la gestapo, il a été incarcéré à Buchenwald. Il en est revenu avec des images qui ont marqué toute sa vie. En 2006 André nous a quittés pour rejoindre ces étoiles qu’il aimait tant. En 2013 nous fêtons son centenaire.
Le livre de Daniel Ziv sur André Verdet : "André Verdet – 100 années d’étoiles"
Ce livre est un hommage, illustré de textes, de peintures et de photographies pour la plupart inédits.
Daniel Ziv nous a fait part de sa rencontre avec André Verdet :
Il y a une trentaine d’années, un ami, Robert Ostier qui avait un peu plus de 80 ans et qui savait que je collectionnais les livres, me demanda de lui trouver un ouvrage d’André Verdet, intitulé « La nuit n’est pas la nuit » et cela à la demande d’une de ses amies qui étaient la fille de cet André Verdet que je ne connaissais absolument pas.
Alors j’ai commencé mes recherches et là j’ai été surpris. Le livre que me demandait Robert, édité en 1944, je ne l’ai pas trouvé mais par contre je tombe sur une multitude d’ouvrages de cet auteur et je commence à me demander comment il se fait que je ne le connaisse pas. J’achète bien entendu tous les ouvrages que je trouve. Très intrigué, je me dis qu’il faut absolument faire un documentaire sur cet écrivain mystérieux. A l’époque j’étais à la banque Louis – Dreyfus, en charge du financement de l’audiovisuel et je connaissais bien entendu de très nombreux producteurs et réalisateurs.
Pour commencer, j’envoie un mot à André pour lui demander si je peux le rencontrer. Pas de réponse. Le temps passe. Quelques mois plus tard, lors d’un MIP TV à Cannes, je vais à Saint Paul, prendre un café sur la place principale. Là je vois passer un Monsieur à cheveux blancs. Je ne sais pas pourquoi, je me lève, je vais le voir et je lui dis « Vous êtes André Verdet ! » et lui me répond : « Oui et vous vous êtes Daniel Ziv ». Je n’avais jamais vu de photos d’André et lui bien entendu n’avait jamais vu de photo de moi.
Je lui dis : « Je vous ai écrit il y a quelques mois pour vous rencontrer et vous ne m’avez jamais répondu » et il me répond : « Bien sûr que je vous ai répondu, j’ai reçu votre mot alors que j’étais à un vernissage en Italie et je vous ai répondu aussitôt »
La réponse d’André s’était perdue. Ce jour là, nous avons discuté pendant six ou sept heures…Nous avions les mêmes idées sur tous les sujets que nous abordions…
De retour à Paris, je trouve un producteur prêt à produire et réaliser le documentaire que j’aimerais voir faire. Il est enthousiaste mais…aucune chaîne de télévision ne veut rentrer en coproduction. La réponse d’ARTE par exemple fut :
« C’est passionnant comme sujet, mais nous ne pouvons rien faire, André Verdet n’est pas assez connu… »
Mais si je voulais faire un documentaire, c’était bien la raison…
Quel intérêt de faire un film sur quelqu’un que tout le monde connait déjà !
Le temps continue de passer. Ma banque, mondialisation oblige est rachetée par BBL en Belgique qui a son tour est rachetée par ING Hollande. L’ambiance n’est plus la même et je décide de partir et de créer une société de production et de distribution.
Durant ce temps, André et moi nous voyons très souvent, chaque MIPCOM et chaque MIPTV à Cannes, je passe le voir. Maintenant que je peux réaliser le film moi-même, je refais le tour des chaînes de télévisions…En France, un seul diffuseur accepte de rentrer en coproduction : TV 10 Angers. Je retourne voir ARTE et le responsable des documentaires, Thierry Garrel, qui connaissait André me répond cette fois – ci : « Daniel je serais bien rentré en coproduction, mais sur ARTE, nous n’avons pas de cases pour les écrivains ».
Ce qui était vrai…
Si j’ai pu faire le film, c’est grâce à la RAI en Italie, SVT en Suède et l’aide de la NHK au Japon et TV22 au Mexique. Intéressant s’agissant d’un artiste ayant toujours vécu, sauf durant la guerre…à Saint Paul de Vence.
Je peux donc enfin réaliser le documentaire, avec des moyens appropriés (160 000 euros). Maintenant une histoire amusante : un jour j’explique à André que si je l’ai rencontré c’est car sa fille voulait retrouver un de ses livres et André me répond : « Mais je n’ai jamais eu de fille ! ».
Le documentaire terminé, je commence avec ma petite structure sa distribution….Des tas d’acheteurs en voyant la couverture du film et la photo d’André demandent à mon associé : « Mais pourquoi est ce que Daniel a fait un livre sur son père ? » On devait avoir un air de famille. Encore plus curieux, un jour sur un marché à Singapore une acheteuse de la télévision canadienne vient me voir et me dit : « C’est extraordinaire que tu ais fait un film sur André…sa fille habite à Montréal dans la même rue que moi… » Là le mystère est total.
Une dernière anecdote et j’en termine là…mais il y aurait tant de choses à raconter…C’est donc un ami, Robert Ostier qui m’avait au départ demandé de trouver un livre d’André…Son fils Jean – Jacques qui était aussi un ami était artiste peintre. Un jour, André vient pour un vernissage à Paris et je propose à Jean – Jacques de m’accompagner. Il devient tout blanc quand je lui dit qu’il s’agit d’André Verdet. Il bégaie et me dit : « Mais c’est mon maître à penser ». Son père ne le savait même pas…Quand Jean Jacques a rencontré André, il est resté 10 minutes sans pouvoir prononcer un mot.
Je termine l’histoire de cette rencontre étrange et si importante par une question que j’ai posée un jour à André et dont la réponse ne me quittera jamais.
André avait alors plus de 85 ans et je lui demande : « Mais André, comment fais tu pour rester aussi jeune ?! » et André m’a répondu :
« Parce que pour moi, chaque jour qui passe est un miracle. »
Daniel Ziv