Je vais vous épargner la litanie des grands sites de librairies internet, ne fût-ce que par esprit partisan : parce qu’ils sont évidemment les fossoyeurs de la librairie et qu’on ne saurait trop souligner que sans libraires, le livre comme vous le connaissez risque de subir le même sort que le disque/CD : devenir un objet marginal pour connaisseurs et collectionneurs.
Ce que la plupart des internautes ignorent c’est que les libraires indépendants qui disposent d’un site internet et qui vendent des livres en ligne (tous ne le font pas) offrent en général un choix tout-à-fait comparable d’ouvrages à celui des géants du secteur puisque raccordés à une des trois grands bases de données du secteur. Et il y a de quoi devenir pensif quand on voit l’évolution des « marketplace » d’amazon et de fnac.com : plutôt que de stocker eux-mêmes l’ensemble des titres offerts, ces mastodontes se sont arrangés pour n’avoir plus que les titres qui se vendent le mieux et pour laisser à une horde de petits libraires sans abri hébergés sous leur ombrelle ( et ponctionnés de grasses commissions d’apport de clientèle) le soin de servir les demandes catégorielles ou trop pointues. A tel point que des libraires indépendants ont autant sinon plus de livres en stock – et donc livrables en deux ou trois jours - que les grandes marques du secteur. Mais les libraires, finalement, n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes, n’est ce pas ? Si une ou deux multinationales et quelques gros groupes français assèchent le marché du livre en assumant des pertes abyssales, dans l’unique visée de se retrouver en situation de monopole un jour, les libraires pouvaient s’associer, comme l’ont fait par exemple ceux du Quebec, en créant un portail unique, en somme une grande librairie sur internet avec comme argument imbattable de nombreux libraires-conseil et d’innombrables boutiques locales – points de vente. Quelle force cela aurait été, quelle force cela pourrait-il être !
Nous le saurons peut-être un jour, si le « grand portail » des libraires français voit le jour. Et s’il a ou se donne les moyens de concurrencer les géants on-line sur le terrain de la communication. En attendant, ce qui s’en approche le plus est un regroupement de fait, www.placedeslibraires.com, qui regroupe plusieurs centaines de librairies et vous offre, outre le choix de votre libraire local, l’accès à une base d’ouvrages qui rivalise sans peine avec les plus grands du secteur. Avec force photos de couverture et commentaires/4e de couv en prime, et nouvellement avec un catalogue grandissant de e-books. Passons aux sites littéraires. Point n’est de place ici de citer les nombreux blogs et sites de revues littéraire qui peuplent la toile : vous trouverez aisément de quoi vous satisfaire en tapant quelques noms de personnalité ou titres de revues dans votre moteur de recherche favori. Voyons quelques perles atypiques, plutôt. www.lechoixdeslibraires.com est… eh bien comme son nom l’indique. Avec comme particularité d’avoir su fédérer les services littéraires de France 5, et de France info avec des « vedettes » comme Aurélie Kieffer et François Busnel. Du commentaire, des portraits d’auteurs, et bien sûr, du web 2.0 ( lire : une communauté de lecteurs qui commentent leurs ouvrages du moment). Jean Morzadec a réussi là une petite merveille. Une autre approche du livre sur le net se retrouve dans www.librarything.com ou , version française de la même idée, www.libfly.com ou encore www.babelio.com. C’est du webdeuxpointzéro pur sucre. Il s’agit ici, non d’acheter ou de vendre, mais de parler, commenter, découvrir. Vous établissez , comme un profil particulier , votre bibliothèque idéale ou réelle, et vous vous retrouvez en relation avec d’autres lecteurs et amateurs, à la découverte de leurs lectures, communes ou différentes, avec la possibilité d’échanger ou de commenter. Comme dans une bibliothèque géante où vous auriez des conversations avec d’autres lecteurs. Plus élaboré encore, passionnant même, www.culturewok.com , qui est un site français comme son nom ne l’indique pas, tente un « nouvel outil de recherche en ligne reposant sur un principe d’indexation intersubjective et collaborative qui prend en compte les choix psychiques de ses utilisateurs à partir de critères sensitifs ». De manière moins alambiquée : vous déterminez un certain nombre de critères ( drôle, historique, long, bleu, sucré…) et le site vous sort de son chapeau les livres qui vous plairont, avec quelques commentaires. Amusant et assez efficace en effet. Dans le camp des sites où le livre joue un rôle de catalyseur, citons www.pointscommuns.com, un site de rencontre original qui ajoute une dimension culturelle à la simple action de mise en relation : vous pouvez y retrouver ceux qui aiment les mêmes auteurs, livres, disques, musiques, films, acteurs et réalisateurs que vous. Une bien riche idée qui dépasse de loin tout ce que les blogs, listes personnalisées et wishlists peuvent faire ailleurs : si vous n’y faites pas la rencontre de votre vie, vous vous y baladez du moins dans un univers sympathique et stimulant. Dommage que ce site ait trouvé utile de s’associer à un de ces grands libraires du web pour arrondir ses fins de mois. Mais vous n’êtes pas obligés d’acheter vos livres chez ces gens-là, n’est-ce pas ! Manque de place, mais surtout souci d’actualisation permanente : d’autres liens très littéraires dans la rubrique « liens » de www.quartier-latin.fr – on n’est jamais mieux servi que par soi-même !