La rentrée littéraire, c’est la grande affaire du mois de septembre en France. En fait on commence à en parler dès la deuxième quinzaine d’août et les romans, pas encore parus pour la plupart, font saliver les critiques et les lecteurs. Pour notre part, voici quelques titres parmi les centaines qui paraissent en ce moment, qui nous ont plu.
Elisabeth Barillé, Heureux parmi les morts, Gallimard, 20€
Un couturier, une « thanatopractrice », une jeune fille gothique dont le nom est emprunté à Edgar Poe sont les héros du livre curieux et peu ordinaire d’Elisabeth Barillé. Et la mort ; la mort réelle de la muse du couturier Basile, les morts qu’habille Domi pour leur dernier rendez-vous, la mort, le morbide, le mortuaire qui fascine Ligeia (la jeune morte de la nouvelle d’Edgar Poe), dont l’autre versant est sa passion pour la poésie de Rilke qu’elle transmettra involontairement à Domi en oubliant un livre à la morgue.
Cette histoire bien vivante se passe à Paris de nos jours, écrite dans un style sobre et un rythme allègre qui réjouit le lecteur.
Frédéric Beigbeder, Un roman français, Grasset, 18€
Voilà une sorte de bilan dont sont coutumiers les quadragénaires (écrivains ou pas) ; bref, Beigbeder nous raconte sa vie et cela nous intéresse. Ce n’est pas sa vie qui nous intéresse, c’est le livre qu’il en tire, c’est son style car, est-il besoin de le dire, Beigbeder écrit bien (on ne le dira jamais assez, en fait) et son succès n’est pas seulement dû à une célébrité de plus ou moins bon aloi mais au réel plaisir que prennent ses lecteurs à le lire.
Gérard Oberlé, Mémoires de Marc-Antoine Muret, Grasset, 18,50€
Gérard Oberlé est un écrivain rare, un esthète, un gourmet, amateur de vin, de musique et de poésie baroque, auteur aussi de romans policiers, en un mot : un honnête homme au sens que donnait le XVIIe siècle à cette expression. Marc-Antoine Muret est un de ces grands humanistes de la Renaissance qui eut Montaigne pour élève et Ronsard pour ami. Par-delà les siècles une fraternité s’est établie entre Muret et Oberlé et ces Mémoires apocryphes sonnent aussi juste qu’un texte de l’époque. Un régal de lecture.
Laurence Plazenet, La blessure et la soif, Gallimard, 23,50€
Dans la France de Louis XIV, secouée par la Fronde deux hommes aiment passionnément des femmes qu’ils tremblent de perdre ; ces histoires d’amour ont lieu à des milliers de kilomètres : l’une à Paris, l’autre en Chine. Les deux hommes vont se rencontrer malgré tout ce qui les sépare ; pendant douze ans ils vont essayer de conjurer l’absence, le manque par la fidélité et l’évocation.
Un livre insolite et prenant, écrit dans une langue admirable.
Eliette Abécassis, Sépharade, Albin Michel, 22€
Esther Vital, strasbourgeoise d’origine juive marocaine, est en quête de soi et de sa liberté.
Quand elle cherche à s ’évader par l’amour, elle est rattrapée par tout ce qu’elle voulait fuir, les traditions, la famille mais aussi la nostalgie de l’Andalousie et du Maroc.
Selon l’éditeur, nous avons là le grand roman du monde sépharade.
Anne Wiazemsky, Mon enfant de Berlin, Gallimard, 17,50€
Anne Wiazemsky nous raconte comment ses parents se sont rencontrés, dans le Berlin de la fin de la guerre. Le roman familial et autobiographique a trouvé sa représentante la plus emblématique de notre époque. Son style fluide et élégant enchante le lecteur.
A lire sans hésiter.
Jean François LLANOS