| Retour

Ecrits d’ici : (À suivre…)

Comme elle distingue un grand homme d’un homme grand, la langue devrait mieux faire la différence entre les éditeurs grands par le chiffre d’affaire et ceux dont la grandeur tient aux textes publiés, marquant que la qualité importe ici davantage que la quantité. Depuis une vingtaine d’années, dans les régions nombre d’éditeurs dits « petits » se signalent par la richesse de leurs catalogues.

Ainsi le catalogue de L’Amourier éditions (à Coaraze), non seulement parce qu’il comporte quelques noms très connus, mais aussi parmi ses auteurs, certains encore très jeunes, des écrivains qui méritent de l’être mieux.
Parmi les dernières parutions : Si j’ai une âme, de Vincent Peyrel, « livre destiné à un public averti » indique l’éditeur ; Impostures de Marie Claire Blancquart qui, dans une approche inédite et sensible de l’histoire propose de découvrir trois destins exceptionnels, trois récits hantés par l’imposture. Dans la collection poésie Grammages (dans laquelle nous trouvons entre autres, Michel Butor, Béatrice Bonhomme, Jean-Pierre Chambon, Marcel Migozzi, Yves Ughes, Bernard Noël) un nouveau recueil d’Alain Freixe,

Dans les ramas de d’Alain Freixe aux editions L’Amourieur

Dans les ramas, rassemblement de textes pour lequel l’auteur nous dit avoir risqué « ramas » pour aller contre le sens péjoratif que le mot donnerait à l’art de confectionner les fagots qui l’hiver permettent d’allumer les feux. Nous dirons donc un livre bien fagoté !

Toujours chez L’Amourier, Vienne le ciel d’abord sur la structure. On aimera, ou pas, mais… Comme un apprentissage de la photographie. L’art de donner (du modèle) et l’art de prendre (de l’auteur)… Présenter une femme, mère, regards de Jérôme Bonnetto, un roman dans lequel le travail porte différents mais « Ada qu’on ne peut qu’aimer. Sans preuve. » Tant est fragile l’image. Drôle de « roman-photo », sans photographies, qui n’existe et ne tient que par une écriture originale à la hauteur du propos. L’anecdote serait banale si le découpage photo par photo et l’analyse de chaque plan (sans aucune reproduction !) n’étaient aussi précis et sensibles qu’insolites.

Michel Séonnet a accompagné le travail d’Armand Gatti dont il a publié et préfacé les œuvres aux éditions Verdier. Les lecteurs de ses romans, La Chambre obscure ou Le pas de l’âne, (éditions Gallimard 2001 et 2005) le savaient niçois.

L’écrivain Michel Séonnet

A l’adolescence, fâché, Michel Séonnet s’est éloigné. Nice, le bleu du galet, (éditions Point de Mire, 2004) disait le long chemin de réconciliation avec sa ville natale. La marque du père (Collection L’un et l’autre, éditions Gallimard 2007) ne pouvait venir qu’à cet âge où le passé s’épaissit, où la lente remontée de la part cachée de l’histoire familiale peut enfin, le père disparu, être plus ou moins digérée et assimilée. Dans un récit douloureux à l’écriture nuancée et sensible, la raison parle mais se heurte à l’impossible compréhension que cet homme admiré ait pu aussi être un autre. Avec Petit Livre d’Heures à l’usage de ma sœur que L’Amourier a publié fin 2006, il relève la gageure d’écrire « un livre pieux pour une impie ». Série de courts textes chacun à propos d’une image ou d’un objet présent autour du bureau où s’écrit le livre.

Dans un autre registre

Alandis éditions (à Cannes), présente un catalogue spécialisé dans la littérature et l’histoire du Comté de Nice et de la Provence.

Histoire du Comté de Nice

Histoire du Comté de Nice en 100 dates (2007) de Ralph Schor, retrace en 150 pages, à partir de 100 dates repères, la vie locale depuis 1815 (Restauration Sarde) jusqu’à nos jours. Dates bien choisies pour l’importance des événements marquants qu’elles situent, ou pour la singularité locale qu’elles soulignent. Les guerres, par exemple, concernent la nation, tandis que d’autres faits, comme la publication de la Nemaïde de Joseph-Rosalinde Rancher, participent plutôt à la saveur propre du Comté de Nice. On apprend que la création française de Lohengrin de Richard Wagner eut lieu à Nice, au Cercle de la Méditerranée, le 21 mars 1881. L’incendie de l’Opéra de Nice (63 morts) qui survient deux jours plus tard par pur hasard, rassurons-nous, n’étant pas imputable à des flammes wagnériennes ! Autant que puisse s’en assurer un amateur, l’auteur, Ralph Schor, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Nice-Sophia Antipolis, procède semble-t-il avec clarté, précision et exactitude. Un ouvrage utile et agréable bien que, trahi par ses sources dans un secteur qui ne lui est manifestement pas familier, le court texte à propos de l’Ecole de Nice reste plus qu’approximatif sur un thème qui n’a certainement pas fait à ce jour l’objet de beaucoup d’écrits sérieux. On nous annonce, pour 2008 aux éditions Giletta (à Nice), écrit par Raphaël Monticelli, un ouvrage à propos de l’École de Nice accompagné d’un volet pédagogique élaboré par une large équipe d’enseignants, ensemble qui devrait mettre quelques lumières sur le sujet.

Artiste(s)