Un buzz à faire trembler coupettes de champ et p’tits fours au sein de nos valeureuses institutions muséales ! Tout cela à partir de l’achat d’une toile anonyme représentant la tête renversée d’une femme, brune, aux traits typés. Notre amateur d’art n’aurait jamais pensé qu’une telle tête négociée à 400€ chez un antiquaire valait à elle seule son pesant d’énigmes. L’Origine du Monde aurait-elle été découpée en tranches ? Achetée à Courbet par le diplomate turc Khalil-Bey (qui s’amusait à la dissimuler derrière un rideau et à en faire le clou de ses soirées mondaines), puis ayant appartenu au psychanalyste Jacques Lacan avant de revenir au musée d’Orsay, cette toile jugée scandaleuse pour l’époque n’en finit pas de faire parler d’elle, tout comme la Joconde à qui on a réussi à trouver, il y a quelques mois, une sœur aînée. Des scoops à rehausser le CAC 40 et le cours de l’euro en cette violente période de récession, d’autant plus que la bataille d’experts qui s’ensuit sur la reconnaissance ou non de la touche du maître fait dire à certains d’entre eux que cette pseudo-révélation serait une foutaise voire un foutage de gueule pure et simple. Pas de quoi sortir les cacahuètes ou le saumon fumé, c’est selon.
De quoi perdre la tête...
Au-delà de l’enfumage médiatique auquel nous sommes soumis ces derniers mois (le mariage pour tous, la viande de cheval, le Mali, la biographie controversée de notre Johnny mondialement connu en France…), les plans sociaux se multiplient comme des petits pains alors que les chômeurs en fin de droits décident de s’immoler en place publique. Imaginez la mine réjouie du français moyen, grand ou petit lorsqu’il apprend que l’Origine du Monde a un visage ? Youpi ! Voilà qu’arrive à point nommé ce brin de douceur dans ce monde de barbares qui ne pensent, n’est-ce pas, qu’à leur porte-monnaie, à conserver un boulot parfois pénible dans une geôle de forçats, à cultiver leur petit bonheur sur mesure et surtout à ne pas trop se démarquer des valeurs famille (recomposée, homos ou hétéros peu importe), patrie (islamophobie, retour aux frontières, à la souveraineté du peuple), travail (ou tout du moins ce qu’il en reste) sans trop se soucier de son prochain. Rien de nouveau sur la planète Terre excepté que le processus s’accélère à la vitesse d’un cataclysme. A croire que l’Origine du Monde n’avait déjà plus toute sa tête en 1866.
GUSTAVE COURBET : L’Origine du Monde aurait-elle toute sa tête ?
Au rayon Potins du Mois, "L’Origine du Monde", célébrissime chef d’œuvre peint en 1866 par le grand Gustave Courbet, ne serait plus seulement un "minou" tout poilu auquel l’homme doit son salut, mais référencée à une certaine Joanna Hiferman, avec qui le peintre aurait eu une aventure.