On s’insulte, on se déchire, on s’entretue pour le bonheur des tabloïds avec une réelle constance d’avoir la justice de son côté. L’héritage pharaonique d’un Picasso, évalué à 700 M€, a fait transpirer plus d’un membre de la tribu, l’Etat percevant dessus une part non négligeable de 150 M€. Rappelez-vous ces quatorze années de batailles juridiques autour de la succession houleuse du sculpteur César pris en tenaille entre sa première épouse, Rosine Groult-Baldaccini, et sa fille, Anna Baldaccini-Puiségur, opposées à la dernière compagne de l’artiste, Stéphanie Busuttil, de quarante-quatre ans sa cadette avec qui il avait créé la Société civile de l’atelier de César (Scac), chargée de gérer son œuvre. Et que dire des tractations complexes autour d’une improbable Fondation Giacometti souhaitée par Annette, la veuve de l’artiste, qui plaça sa confiance entre les mains de l’avocat Roland Dumas pour déposer les statuts de cette future fondation ? Ce qu’il fit en 1988.
Il y a encore quelques mois la bataille autour de l’héritage de Charles Trenet "Le Fou Chantant" faisait rage entre son chauffeur et secrétaire particulier Georges El Assidi dont il fit son légataire universel et Lucienne, sa demi-soeur, et Wulfran Trenet, son neveu. Pire, il y a eu de la zizanie chez Astérix lorsque Albert Uderzo et sa propre fille Sylvie se déchiraient par voie de presse à propos de l’héritage du petit gaulois créé en 1959 avec feu Goscinny. La période post-portem des grands créateurs est loin d’être une sinécure pour les héritiers vus souvent comme des censeurs (voir Hergé ou Picasso, essayez de ne pas passer par la famille !), des rapaces procéduriers ou des conseillers véreux aux commandes du tiroir caisse. Les démêlés de la succession Coluche avec son producteur Paul Lederman ou encore l’intransigeance de Maria Kodama, veuve de l’écrivain Jorge Luis Borges, face aux éditeurs ou à ceux qui s’accaparent de l’œuvre de son défunt et illustre mari sans son sésame sont loin d’êtres des cas isolés.
Dernièrement, la blogosphère "artistico culturel" s’est ému des affres du peintre franco-chinois Zao Wou-Ki plongé au cœur d’un imbroglio familial et judicaire.
Une confrontation opposant son fils, Jia Ling Zhao, né d’une première union, et sa troisième épouse, Françoise Marquet, ancienne conservatrice au musée d’Art moderne de Paris. Outre la tutelle qui s’est imposée au regard du peintre, 92 ans, gravement atteint de la maladie d’Alzheimer et donc dans un état de dépendance physique totale puisqu’il aurait également perdu l’usage de la parole, Jia Ling Zhao nourrirait envers sa belle-mère des soupçons de détournement d’héritage après l’installation inopinée du couple en Suisse. Près de 400 toiles auraient déjà quitté la France. Et inutile de demandez au maître lui-même ce qu’il en pense puisqu’il ne peut plus parler. Seul reste un spectacle affligeant qu’il parviendra très vite à effacer de sa mémoire lorsque ses souvenirs ne seront plus que fumée.
PATRIMOINE : L’Héritage d’un artiste : petits "meurtres" en famille
Il est dit que les successions et héritages d’artistes entraînent souvent procès et course à l’argent. Vrai, tout ce qu’il y a de plus vrai si tant est qu’une telle saga peut se dérouler parfois sur des décennies.
A LIRE : "Familles je vous hais !" (Hoëbeke) de l’avocat Emmanuel Pierrat sur les héritages complexes d’artistes devenant des sagas post mortem promptes à défrayer régulièrement le monde des arts et de l’édition.
A VOIR : >http://www.lejournaldesarts.fr/site...]