Art contemporain : place à la Sculpture à la Villa Datris
« La vocation de la Villa Datris, c’est de faire découvrir la sculpture contemporaine à un large public, qu’il soit collectionneur, connaisseur ou public souhaitant découvrir l’art contemporain. Quand nous organisons notre exposition annuelle, nous avons un grand thème autour duquel nous exposons aussi bien des artistes confirmés que des sculpteurs émergents », explique Danièle Kapel-Marcovici. Co-fondatrice avec son compagnon – l’architecte Tristan Fourtine – de ce fonds de dotation pour la sculpture contemporaine, elle est aussi PDG du groupe international RAJA, spécialisé dans la distribution d’emballages. L’essentiel pour elle est de faire ressortir des œuvres avec une vraie qualité artistique et des artistes qui ont des choses à dire.
Située à L’Isle-sur-la-Sorgue dans le département du Vaucluse, la Villa Datris est un espace d’exposition qui prend vie dans une maison de style florentin. Les 3 niveaux de cet espace et le jardin mettent en valeur ce medium qu’est la sculpture.
« La sculpture contemporaine est méconnue, les galeries exposent peu, souvent par manque de place. On remarque un retour de la sculpture contemporaine, notamment pour le regard différent qu’elle apporte à l’Art », souligne Danièle Kapel-Marcovici.
Une relation de confiance s’est installée aujourd’hui avec les galeries, les musées, les artistes, les FRAC, soit toutes les entités qui peuvent prêter des œuvres liées aux thèmes des expositions. Le prochain univers retenu sera « Sculpture du Sud ». Cette quatrième exposition permettra d’évoquer les cultures des rives de la Méditerranée. Sculpteurs et sculptrices proposeront du 17 mai (vernissage) au 11 novembre 2014 des œuvres inspirées de leur culture.
Les traditions, l’Antiquité, la mer, c’est la Culture aux multiples facettes qui sera présentée par une cinquantaine d’artistes pour environ 70 œuvres. Des sculpteurs au regard neuf comme des grands noms seront exposés : Yazid Oulab, Ilhan Koman, Daniel Dezeuze, Jean-Pierre Formica, Aïcha Hamu, Jaume Plensa. « Il y aura aussi des œuvres plus politiques, plus engagées comme avec Karim Ghelloussi avec sa barque de bois brûlé qui évoque les exilés qui traversent la Méditerranée », commente la fondatrice.
Beaucoup d’œuvres engagées émergent aussi des pays arabes. Le Printemps arabe aurait-il amené une vague de création ? « On sent qu’il y a de leur part une volonté d’engagement, d’autonomie, d’affirmation et d’expression qui est peut-être plus forte qu’ailleurs », a-t-elle remarqué.
L’Art accessible en entrée libre
C’est la force de ce lieu qui ouvre véritablement ses portes à tous les publics. L’exposition 2013 Sculptrices a accueilli 23 000 visiteurs à la Villa Datris. Une sélection d’artistes était présentée telles que Ghada Amer, Rina Banerjee, Louise Bourgeois, Martha Boto, Geneviève Claisse, Camille Claudel, Parvine Curie, Odile Decq, Nathalie Elemento, Camille Henrot, Rebecca Horn, Louise Nevelson, Meret Oppenheim, etc. « Nous avons souhaité donner une visibilité et une reconnaissance à ces artistes qui revendiquent non pas un art au féminin, mais la sculpture par les femmes. […]
Les artistes femmes sont moins exposées que les hommes et la parité artistique est loin d’être habituelle dans les musées et lieux culturels...
Plus symboliquement, la Villa Datris a souhaité rendre hommage aux sculptrices et aux femmes : montrer leur tempérament pionnier, leur talent, leur spécificité, ce qu’elles ont apporté au monde de l’art », rappelle-t-elle. Une initiative qui avait été soutenue par la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. Cette exposition a créé un réel engouement auprès des artistes féminines : le manque de place et de temps a eu raison du nombre d’artistes qui auraient pu être exposées.
Quelles vocations pour la Fondation RAJA-Danièle Marcovici ?
Créée sous l’égide de la Fondation de France, elle a été lancée en janvier 2006 par Danièle Kapel-Marcovici pour faire partager les valeurs qui lui sont chères : respect, solidarité et égalité professionnelle. Cette Fondation a pour vocation de soutenir en France et dans le monde des projets en faveur des femmes dans les domaines de la formation et de l’insertion professionnelle et sociale, des droits des femmes, de la santé et de l’éducation.
Mouvement et Lumière, l’exposition 2012, a quant à elle apporté un éclairage sur l’art cinétique, au néon, à la lumière, à l’art optique et interactif, au mobile. Rappelons que c’est en 1955, que l’épopée de l’Art cinétique débute lors d’une exposition à la Galerie Denise René sur une proposition de Victor Vasarely, considéré comme l’un des précurseurs les plus influents de la mouvance cinétique. Les artistes cinétiques travaillent sur l’espace et la lumière, d’autres axent leurs recherches sur le mouvement pour libérer l’œuvre, tant physiquement que symboliquement. D’autres encore cherchent, au moyen de phénomènes optiques et lumineux, à restituer le caractère instable, changeant d’un monde que l’on donnait autrefois pour fixe et immuable.
En 1965, l’appellation « Op’art » s’impose en Europe et va concurrencer l’art cinétique. A la différence du cinétisme, les effets d’illusion que produisent les œuvres « Op’art » restent strictement virtuels, seulement inscrits sur la surface de la rétine. L’œil est le moteur de l’œuvre. Ces sollicitations visuelles placent le corps du spectateur en situation instable, entre plaisir et déplaisir, plongé dans une sensation de vertige proche de certains états d’ivresse légère. Qu’il s’agisse d’un mouvement réel créé par le moteur ou la lumière, ou d’un mouvement virtuel créé par l’illusion optique, toutes les sculptures exposées ont fait appel à la participation des quelques 15 000 visiteurs qui sont venus à la Villa Datris et qui ont fait partie intégrante des œuvres en jouant avec celles-ci.