Pour l’inauguration, comme chaque année à Saint Jean d’Angely, une exposition collective réunit sept photographes.
Bernard Taride, artiste niçois bien connu pour ses créations à partir de miroirs présente une se ?rie de ’’portraits crashe ?s" d’artistes rencontrés à Nice : Sosno, Arman, Ben, etc., pour les plus anciens, Kristof, Bataillard pour les plus jeunes.
En inscrivant un miroir oblique au centre de la photo, il nous prouve, si besoin était, l’asymétrie étonnante de nos visages. Ses miroirs renvoyant l’exacte symétrie des figures humaines font apparaître des "monstres" d’une inquiétante étrangeté.
Kinésithérapeute de son métier, Michel Beauvisage photographie les dos de ses patients (prises de vue au cadrage identique). Il nous propose un regard inattendu sur notre dos, une partie de notre corps particulièrement me ?connue mais riche de sens à la fois médical et symbolique.
Xavier Blondeau, dans des photos où le noir domine, nous propose des architectures ou des lieux éclairés apparaissant comme des entités voguant dans l’espace. Une certaine solitude émane de ces paysages où l’homme est absent. L’obscur utilisé pour révéler
le réel, une métaphore évidente de l’art du photographe.
Photographies sombres aussi, prises de vue nocturnes de la ville meurtrie de Srebrenica par Adrien Selbert. Malgré la jeunesse qui circule entre ses murs, l’ancienne cite ? thermale paraît fige ?e, les traces de ses blessures (impacts de balles, façades délabrés) encore bien apparentes.
Frédéric Spilmann nous fait pénétrer dans une banalité poétique où les meubles et les objets les plus anodins sont mis en lumière. Un décalage teinté d’humour sarcastique.
Changement d’univers avec Tommy Lhomme qui a choisi de photographier les codes ves-timentaires de la banlieue. Afin d’accentuer le regard sur le vêtement, le visage est absent. Que nous disent ces tenues sportives ? Que l’identification n’est possible que dans le sport ?
Les mosaïques de portes de garage de Bruno Fontana montrent que le même n’est jamais l’identique, que l’empreinte de l’individu rend chaque chose singulière.
Au cinéma de Beaulieu, le film sur Vivian Maier, photographe et personnage hors normes nous montre que la geste photographique peut se passer de l’exposition et même du développement.
Autodidacte, secrète, Maier gardait tout : le moindre bijou, toutes ses robes, ses stylos, les reçus, tous les journaux, etc. (dans des dizaines de cartons), une manie étrange de la rétention de toutes choses qui lui ont appartenu. Les objets, mais aussi l’univers du visible, tout ce qu’elle voyait et photographiait. Ainsi, à sa mort ont été retrouvés plus de cent mille négatifs ou de pellicules jamais développées qui auraient été détruits sans la découverte (dans une vente publique) de John Maloof qui s’est depuis consacré à la faire connaître dans le monde entier.
Toujours à Beaulieu, dans la chapelle Sancta Maria de Olivo, "Gratia Plena", l’exposition de photos de nus de Jacques Renoir a été inaugurée par l’aumônier des artistes dont le discours a montré que la nudité ne s’opposait en aucun cas à la religion.
Plusieurs études de nus sont présentées en lien avec l’eau, l’architecture, la crucifixion, les fleurs (très belles photos de femme allongée dans un champ de coquelicots). L’exposition se poursuit a ? la galerie Beddington Fine Art de Bargemon (jusqu’au 28 octobre).
Beaucoup d’autres expositions jalonnent les manifestations du Sept Off. La ville de Vence, notamment, présente un parcours très intéressant d’expositions.