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Melody Gardot à Jazz à Juan : un scat à roulades envoûtant !

Pour profiter encore un peu des vibrations éclectiques et festives du Festival Jazz à Juan qui vient à peine de clôturer son édition 2015, retour sur le concert de Melody Gardot, habituée du Festival, qui a fait chavirer une fois encore le coeur de Caroline !

C’est une Melody qui nous revient....

Foulard sur la tête, talons aiguilles et lunettes noires Melody Gardot apparaît mystérieusement sur la scène de la Pinède de Juan-les-Pins.

Sans qu’on l’ait vue venir, elle est là !


Nous l’avons découverte blonde, cette fois elle propose autre chose, vêtue de noir jusqu’au foulard qui couvre sa chevelure.

Très mince, allongée par des vêtements qui moulent son corps, elle dégage une féminité rayonnante et nous entraîne dans le vertige sensuel d’une femme fatale.

C’est parce qu’elle réagissait à la musique dans le ventre maternel, que ses parents (un couple polono-franco-gitan) lui ont donné ce joli prénom prédestiné : Melody. Pas surprenant, donc, de posséder une voix tellement mélodieuse !

A 19 ans, après un terrible accident de vélo laissant son corps meurtri, la musique l’a aidée. Sinon Melody Gardot serait peut-être peintre ou écrivain, selon son désir d’alors d’être une artiste. Mais, la musicothérapie, conseillée par un médecin qui l’avait surprise chantant aux oiseaux, révéla un talent inné, un don qui transforme le jazz en frisson. Hospitalisée à l’horizontale, peut-être invalide à vie, elle compose des chansons en s’accompagnant à la guitare. Et c’est le buzz...

Depuis, elle va de concert en concert, enregistre des albums de plus en plus réussis et sa voix de nuage est maintenant familière au-delà des frontières du jazz.

A Juan-les-Pins, portée par le vent léger venant du bord de mer, sa voix aux sonorités chaudes s’est mise à vibrer, toute en douceur.

Dès les premières notes, une sorte de grâce indicible surgit de cette voix fragile provoquant des flots d’émotions.

Maintenant elle n’a plus de canne pour la soutenir et se déplace aisément sur la scène, passant avec talent de la guitare au piano.

Sa voix est ferme dans la douceur et ne perd rien de son joli timbre quand elle la pousse un peu.
Loin d’amoindrir le fond, la délicatesse du chant le met en valeur et sa voix claire en extrait les sensations justement senties. Rien de mécanique dans ses interprétations, rien de figé dans les rythmes qu’elle chante avec ses tripes, scatant en cadence.
« Same of you » offre une ouverture funk, mettant les cuivres en avant dans un rythme impeccable. Puis, « She don’t know  » pour laquelle elle s’accompagne elle-même à la guitare en distillant ses notes subtiles sur une scène envahie d’une fumée se mêlant aux lumières fluo. Elle contrôle toujours la mise en scène et les éclairages de ses concerts.

Dans son show millimétré, la chanteuse change de registre avec une facilité bluffante selon ses chansons, dont elle compose musique et paroles.

Elle joue de sa voix, douce, incroyablement mélodieuse et sensuelle, merveilleusement juste et en place, de son petit vibrato-trémolo sur certains mots, de son scat à roulades. Parfois elle murmure et donne l’impression d’une magicienne cherchant à ensorceler son public, en provoquant une réaction épidermique dès qu’on l’entend. La séduction reste son mode favori de présence au monde. Quand, de sa voix envoûtante, elle chante « I love you », cela lui vient des tripes, du plus profond d’elle-même et ça colle au corps et aux tripes. La voix douce le plus souvent, elle va en profondeur au coeur des chansons. Elle ne chante que ce qu’elle ressent et trouve un véritable contact avec la musique en la dépouillant de tout artifice.

Comme un oiseau sur un fil, elle vit à l’hôtel sans adresse fixe et ne possède pas de maison afin de garder sa liberté. Chez elle, c’est partout et c’est nulle part.

La scène est son élément naturel. Avec aisance, elle chante un mélange de rythmes latins, de blues qui font claquer les doigts et de brûlantes et mélancoliques chansons d’amour. Du blues à la bossa nova, elle explore tous ses registres de prédilection en virtuose, musclant progressivement son concert jusqu’à un final très électrique à l’aide de son excellent groupe, audacieux et très jazz, sans doute le meilleur qui l’ait accompagnée.

Dommage qu’avec le succès, elle ait perdu de sa générosité et joue davantage les divas. Aucun rappel. Nous l’avions connu plus prodigue pour répondre aux applaudissements frénétiques du public !

http://www.jazzajuan.com/

Artiste(s)

Melody GARDOT

Melody Gardot, née le 2 février 1985, est une auteur-compositeur-interprète et musicienne américaine d’origine polonaise. Bien qu’elle se considère comme une « citoyenne du monde », elle est née dans l’état du New Jersey aux États-Unis et est originaire de Philadelphie, sur la côte du (…)

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