| Retour

Fin de cet événement Juillet 2014 - Date du 11 juillet 2014 au 20 juillet 2014

IMG/jpg/alex_hepburn.jpg IMG/jpg/imelda_may.jpg IMG/png/jamie_cullum.png IMG/jpg/jazz_a_juan1.jpg IMG/png/nile_rodgers.png IMG/jpg/stevie_wonder.jpg IMG/jpg/the_family_stone.jpg Youn Sun Nah © DR

Alex Hepburn © Deirdre O’Callaghan

Imelda May © DR

Jamie Cullum © D.R

Vue d’ensemble d’un concert Jazz à Juan © Gilles Lefrancq (2013)

Nile Rodgers © D.R

Stevie Wonder © DR

The Family Stone © DR

Youn Sun Nah © DR

Le Jazz à Juan touche un public de plus en plus large !

Rencontre avec son directeur artistique Jean-René Palacio…

Le « Jazz à Juan » est le doyen des festivals de jazz européen. Comment arrive-t-il encore à se renouveler ?

Il a été créé en 1961. Au début c’était un concours d’orchestre et ça se trouvait sous le Fort Carré d’Antibes. C’était un hommage rendu à Sidney Bechet. En effet, Juan a une tradition tournée vers la culture américaine car des personnes comme Scott Fitzgerald habitaient à Juan.
Dans son histoire, le Jazz à Juan était aussi Le Festival Jazz où il fallait aller. Les gens descendaient de Paris pour voir l’actualité du jazz. Quand on regarde vers les années 70, c’était très avant-gardiste, des groupes que je n’oserais pas programmer aujourd’hui. Le free jazz, très puriste, était très marqué à Juan. C’est un festival qui est, entre guillemets, très parisien, mais aussi très international : beaucoup d’anglo-saxons, américains. L’année dernière, des personnes sont venues de Chine, du Japon !
Jazz à Juan se renouvelle en gardant ce qui est l’essence même du festival : le jazz et son actualité. Le renouvellement se fait donc de façon traditionnelle…
Le problème aujourd’hui est qu’on n’a plus les grandes stars du jazz, comme Miles Davis, Ella Fitzgerald ou John Coltrane.
Le renouvellement se fait donc dans l’ouverture, la tendance « crossover », c’est-à-dire le mélange avec les musiques d’aujourd’hui influencées par le jazz.
Le jazz, c’est de toute façon le renouvellement permanent, une musique en constante évolution et toujours très influencée. Par exemple, la musique d’Avishai Cohen est très influencée par la musique arabo-andalouse.

L’événement cette année, c’est la venue de Stevie Wonder. Comment avez-vous réussi à attirer dans vos filets cette légende internationale ? Est-ce qu’il vient souvent en Europe ?

Ca faisait 4 ou 5 ans qu’il n’était pas venu en Europe. La dernière fois, c’était au Sporting (ndlr : Jean-René Palacio est aussi le directeur artistique du Sporting Summer Festival) sous les Etoiles.
Il fera très peu de dates en Europe : Montreux, Vienne. Il ne joue que dans les festivals qui font partie de l’International Jazz Festivals Organisation (IJFO), qui regroupe aussi les principaux festivals Nord-Américains : Newport, Montréal, Monterey (au sud de San Francisco), mais aussi Pori (en Finlande), Perugia en Italie, Montreux… et bien sûr Jazz à Juan.
Et puis c’est vrai que Jazz à Juan, comme Montreux, ce sont des festivals qui ont une histoire, ce qui donne envie aux artistes de venir.

Cette année, le trio Keith Jarrett-Gary Peacock-Jack DeJohnette manque à l’appel, alors qu’ils viennent tous les ans depuis la nuit des temps… Pourquoi ?

C’est une pause dans la programmation, après un long parcours. C’est très personnel, mais je pense que, musicalement, ils avaient besoin de souffler un peu. Et puis le public venait un peu moins.
Nous souhaitions aussi montrer que le festival n’était pas ancré dans une série de concerts de « régionaux de l’étape »…
D’ailleurs, Marcus Miller ne jouera pas non plus cet été à Juan, d’un commun accord. Il ne jouera qu’une fois en Europe cet été, une création avec Jeff Beck, au Sporting Summer Festival à Monaco.

En quoi le groupe The Family Stone représente bien la « musique noire » et le concept du freak ?

Le même soir, il y aura Nile Rodgers. C’est lui qui a écrit « Like a Virgin » pour Madonna. Il vient d’avoir un Grammy Awards avec Daft Punk pour « Get lucky ». Pour moi, il est dans la tradition des performers qui ont écrit des hits (tout comme James Brown) et un pilier de la musique afro-américaine d’aujourd’hui, tout comme George Benson.
The Family Stone est un phénomène très important dans l’histoire de la musique afro-américaine. C’est notamment l’un des rares groupes afro-américains (Sly and the Family Stone) à avoir joué à Woodstock.
Cela donnera une soirée d’ouverture funk, très festive, et complémentaire avec Nile Rodgers.

Parlez-nous de la soirée du 13 juillet avec trois jeunes voix ahurissantes…

Il s’agit d’une soirée autour de la voix, avec Youn Sun Nah Quartet, plutôt classique, Alex Hepburn, un peu folk-rock et Jamie Cullum, jazz. C’est un clin d’œil à la jeunesse, avec 3 facettes différentes dans la même soirée.
Youn Sun Nah, nous l’avons en quelque sorte découverte. Elle a gagné les Révélations de Jazz à Juan en 2005 et c’est une grande star aujourd’hui. Elle revient 9 ans après et ça prouve que le public de Jazz à Juan ne s’est pas trompé. C’est une artiste de qualité, qui a beaucoup de succès dans le monde entier.

Renouvelez-vous les Révélations de Jazz à Juan cette année ?

Non, pas cette année. Cela fait 2 ans qu’on ne le fait plus. Nous les referons sous une autre forme en 2015.
Nous faisons un gros travail sur le festival Off sur les nouveaux talents.
On souhaite renouveler la notion de révélations pour être encore un peu plus pro et permettre aux artistes d’avancer un peu plus vite. C’est un peu tôt pour en parler plus…

Vous continuez dans l’éclectisme avec la soirée du 16 juillet, avec notamment Imelda May, plutôt rockabilly revisité…

Ce soir-là, elle partage la scène avec Booker T. Jones, pierre fondatrice du rhythm and blues, et Joss Stone, grande soul lady.
Imelda May est irlandaise, elle sort un nouvel album, c’est une show woman fantastique. Elle est influencée par le rockabilly, mais le rockabilly c’est aussi l’influence du blues…
C’est donc une soirée très rhythm’n blues.
Joss Stone et Imelda May ont été influencées par la musique noire américaine et c’est ça aussi la dimension de renouvellement : amener ces artistes dans un festival de Jazz, sans pour autant perdre notre âme.

Alors pourquoi ne pas aller jusqu’aux Rolling Stones ?

Les Rolling Stones sont un grand groupe de blues ! Leurs premiers albums sont des reprises de blues et leur nom de groupe vient d’une chanson de Muddy Waters. Ils auraient tout à fait leur place à Jazz à Juan.
Malheureusement, c’est un peu petit pour eux… et ils sont un peu chers… !

Qu’est-ce qui vous fait particulièrement plaisir cette année ?

Je suis satisfait de toucher un public de plus en plus large et de faire découvrir des artistes à un public qui ne vient pas forcément pour ces artistes-là. Par exemple, le soir de Stevie Wonder, il y a aussi Gregory Porter, qui est une des futures grandes stars de jazz. Il n’est pas forcément connu du public de Stevie Wonder.
D’autre part, je suis heureusement surpris par les ventes de billets sur la soirée très très jazz du 15 juillet avec Manu Katché, Richard Bona, Eric Legnini, Stefano Di Battista, Chick Corea & Stanley Clarke Duet, alors que, jusqu’à présent, nous avions parfois du mal à vendre les billets sur le mot jazz lui-même. C’est aussi ça l’intérêt : aujourd’hui le vrai public du jazz se réduit, il a vieilli. L’idée c’est d’attirer un nouveau public, et en leur disant « c’est du jazz ». « Ah bon, c’est du jazz ça ? Je ne savais pas, je vais acheter le CD ! ».

Festival Jazz à Juan
Du 11 au 20 juillet 2014
A la Pinède Gould de Juan-les-Pins
Programmation détaillée sur www.jazzajuan.com

Artiste(s)