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Juan : Plus fort les basses !

En attendant ce soir Yun Sun Nah, Angélique Kidjo et Ibrahim Maalouf avec l’Orchestre Cannes Provence-Alpes-Côte d’Azur, grosse affiche à Juan, hier, avec Birelli Lagrène dans un rôle de bassiste inhabituel pour le prince de la guitare gipsy. Et avec Marcus Miller, multi récidiviste à la Pinède, venu défendre son dernier enregistrement, « Laid back », avec la complicité de la chanteuse Selah Sue.

Un Birelli concentré, et ravi de jouer avec le Sourisse Big Band, pour revisiter les répertoires colorés de Jaco Pastorius, Joe Zawinul et d’Herbie Hancock. Autant de compositions mémorables datées des années 70-80 qui n’ont pas pris une ride sous les doigts du guitariste-bassiste.
Grosse section de cuivre – cinq trombones ! – rythmique implacable avec Charlier père et fils, ce big band né de la complicité avec le pianiste Benoit Sourisse tourne rond.

Birelli à Jazz à Juan : quel rythme !

Birelli se trouve comme un poisson dans l’eau avec ces musiciens, comme si la basse était son instrument « naturel ».

Mais comment peut-on avoir autant de cordes à sa guitare ?
Quant à Marcus, il a fait du Marcus, avec sa générosité, sa puissance, sa classe naturelle, présentant de nouveaux morceaux, et reprenant quelques anciens de « Afrodeezia », qu’il avait interprété ici même il y a deux ans, avec sa phalange américaine mixée de musiciens de l’ouest africain.

Premières notes, et tout de suite une ambiance rappelant le Miles des années 90 avec le trompettiste Russell Gunn, qui envoie dans le même registre que « Tutu », album composé par le tout jeune Miller qui avec cet opus avait replacé sous les projecteurs la star vieillissante, après une trop longue éclipse erratique.
Des compositions fluides et festives, pour ce dernier CD enregistré cet hiver à New-York, dont l’énergie positive va être brutalement interrompue par le décès du père du bassiste. Cela donnera le titre « Preacher’s Kid », en hommage à son paternel qui a sacrifié une carrière de musicien professionnel – orgue - pour nourrir sa famille en devenant… conducteur de bus dans Brooklyn. Son fils, heureusement pour nous, aura un tout autre destin, dans la lignée de son oncle le pianiste Wynton Kelly (décidément, quelle famille !)

En rappel, une version bien balancée de « Come together » des Beatles, avec la pétillante Selah Sue, dont la complicité musicale avec Marcus Miller est évidente.
Par moment, en fermant les yeux, on avait (presque) l’impression d’écouter Janis Joplin. C’est un compliment.

Toutes photos (DR Annick Chevalier)

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