Art, culture et lien social
À Bonson, le festival n’est pas qu’une exposition de plus dans le programme estival : c’est toute une population qui s’ouvre à l’art et aux questions qu’il pose, un échange entre les artistes, les visiteurs et les Bonsonnois. En 2003, le pari de Jean Mas et du Maire de la commune, Jean-Marie Audoli était concrétisé par un premier Festival du Peu, couronné par l’exposition au MAMAC des centaines de « Peu » créés par les habitants. Les générations se sont rencontrées, le lien social s’est renforcé.
Depuis, la mairie de Bonson et l’association du Festival du Peu organisent le festival chaque année en juillet. Mené par un comité d’organisation où tout est décidé collectivement, le festival a aussi été le terreau d’autres initiatives, notamment des ateliers mis en place par les habitants (poésie, oenologie, contes).
Avec des centaines de visiteurs chaque année, la municipalité de Bonson a gagné son pari : faire d’un événement artistique et culturel singulier une réussite, encourager l’expression artistique, intégrer les associations et les démarches personnelles dans
l’organisation de l’événement et donner aux gens l’envie de créer et de rêver... un peu.
L’édito de la Directrice Artistique du Festival, Christine PARASOTTE
Depuis 2003, la lettre est au coeur du projet artistique du Festival du Peu : produit en 1989 par Jean Mas, le Peu est la formalisation plastique du lien auditif-visuel de la lettre P, une démarche conceptuelle et minimaliste.
Pour cette édition 2015, le Peu s’entoure des autres signes de notre alphabet. Dans l’histoire de l’art, l’intervention de la lettre date de la préhistoire, d’abord de façon
figurative puis abstraite, surréaliste et lettriste.
Cette exposition souhaite apporter une réflexion sur la place de la lettre dans l’art contemporain : graphique, sémantique, fondatrice ou anecdotique ?
L’exposition à la Mairie pose les bases de cette édition. Du Peu de Jean Mas aux oeuvres anciennes de Patrick Moya déclinant les 4 lettres de son nom en peinture, sculptures et diapositives grattées.
L’art postal de Lenzi porte la notion de lettre jusqu’à l’objet, avec des enveloppes adressées pour faire passer des idées par le verbe et l’image. Enfin, des archives lettristes permettent d’appréhender l’esprit de ce mouvement peu connu malgré ses apports considérables dans tous les domaines de l’art et des sciences intellectuelles.
A la Chapelle du Passet, Sandra D.Lecoq joue avec les codes attribués au genre féminin et rend subversives des formes esthétiquement méprisées : tissu et canevas, ces « trucs de gonzesse » dessinent les mots Female Wild Soul, texte récurrent dans son travail qui signe de manière presque désabusée ce marquage sexuel. La lettre intervient ici comme un slogan, une signature.
Sur le parvis du Musée du Peu, Stéphane Cipre installe de l’amour massif : une sculpture en acier de 2m2 inscrit le mot Love, lui même lové en une forme douce. L’écriture devient sculpture et les mots sont façonnés tel que l’artiste les perçoit.
Au presbytère, Gilbert Pedinielli approfondit le concept de peinture en volume, en mouvement, en perspective. Il présente une série de pièces (essais de dessin, peinture, photo, collage), qui reprend les constructions portées par le nombre d’or, les formes en mouvement et l’association de chiffres bleus ou de lettres rouges, comme un code formant des mots, ouvrant d’autres niveaux de lecture, un sens nouveau.
Pour Hubert Weibel, la lettre est graphique, dans une approche picturale fondée sur le collage. Collectionneur de disques vinyle, il a choisi d’utiliser ce support comme base de création, où la forme ronde focalise l’attention sur les associations iconoclastes des compositions.
Gérald Panighi associe à ses dessins des phrases extraites de faits divers, comme des rumeurs. L’association libre qu’il opère de dessins et de légendes, les Anecdotes, déplace à la fois le sens des mots et l’univers que déploie l’image.
Thierry Lagalla fait se côtoyer l’humour et le burlesque. Son univers repose sur un lexique polyglotte où règnent gobi, patate, sardine ou pigeon. Ses dessins sont des actions, des histoires, des instants et le texte vient, en onomatopées ou en mots, démystifier le discours artistique pour ancrer dans le réel.
Enfin, Patrick Moya, outre son exposition à la mairie, investit la Chapelle du Passet dans une réflexion sur la structure des lettres. Une approche quasi-architecturale où sculptures, peintures et dessins numériques sont des accès vers la construction de l’univers MOYA. Cette installation est reproduite par l’artiste dans Second Life.
L’exposition à La Mairie : Jean Mas, Patrick Moya, Lenzi - Archives Lettristes
Depuis 2003, la lettre P est au coeur du projet artistique du Festival du Peu : produit en 1989 par Jean Mas, le Peu est la formalisation plastique du lien auditif-visuel de la lettre P, une démarche conceptuelle et minimaliste. Le Festival du Peu est aujourd’hui considéré par l’artiste et ses pairs comme une performance artistique.
Patrick Moya a fondé son travail sur les quatre lettres de son nom, M, O, Y, A. Sculpteur, peintre et artiste virtuel (SecondLife), il a produit des milliers d’oeuvres exposées en Europe et en Asie essentiellement. Réalisées des années 70 à 90, les oeuvres exposées à la mairie reflètent l’évolution d’une partie de son travail, en 4 lettres.
Lenzi est un peintre contemporain de l’Ecole de Nice. Il a produit des centaines d’enveloppes qu’il adresse à des artistes et des proches. La lettre est au centre de son travail avec l’art postal, pour faire passer des idées par le verbe et l’image.
Le mouvement lettriste a été créé en 1945 par Isidore Isou. Renonçant à l’usage des mots, le lettrisme s’attache à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres. Avec Maurice Lemaître notamment, ils feront évoluer ce mouvement pour concerner tous les arts et de nombreuses disciplines intellectuelles.
Parvis du Musée du Peu : Stéphane Cipre
Avant de décider de vivre de sa passion en 1998, Stéphane Cipre poursuit pendant 15 ans, une carrière dans la couture diplômé de modélisme-stylisme. Malgré un parcours en constante évolution, il préfère se fier aux avis de quelques galeristes qu’il rencontre sur les marchés d’art, où il présente ses objets. Ces derniers qualifient ses travaux de créations artistiques et soulèvent son talent.
Un style figuratif pour commencer, mais qui ne durera qu’un temps car Stéphane Cipre n’est pas du genre conventionnel ni à suivre les sentiers battus. Il se distingue par son approche de l’écriture, qui devient sculpture. Le mot se transforme, s’auto-représente et prend tout son sens grâce à l’artiste qui revisite le langage. Ainsi, Dog, Liberty, Horse sont quelques exemples d’une réalité qu’il nous propose. Toujours avec des mots, Art, Love, Enjoy ou encore Emotion, l’artiste les façonne tel qu’il les perçoit. Ainsi, qu’elles soient sanglées, comprimées, en forme de conteneurs maritimes, dans des caddies ou sur des palettes de transport, ses lettres en volume tordent à la perfection la réalité dissonante dans laquelle tout devient commerce.
Un parcours atypique pour cet artiste contemporain qui, représenté aux quatre coins du monde à travers quelques galeries, multiplie de façon tout à fait personnelle, les grands projets. Sculptures monumentales à la fédération néo-zélandaise de rugby, à l’aéroport international Nice Côte d’Azur, coopération avec des architectes pour une finition artistique d’une villa luxueuse…
Une reconnaissance avérée pour ce jeune artiste, qui revient à son engouement.
Chapelle Saint-Antoine : Sandra D.Lecoq
En voiture Simone !
En voiture ! Oui Simone, je deviens femme. Il faut dire que les hommes m’y poussent.
C’est la misogynie du milieu artistique historiquement construit sur une idée du génie masculin qui m’a poussé à jouer d’avantage avec les codes attribués au genre féminin et à rendre subversives des formes esthétiquement méprisées.
Par exemple, la série des « Flaccid painting » (peintures molles) se présente sous forme de couvertures tricotées sur lesquelles je viens coudre des formes de sexes d’hommes, découpées dans des chutes de tissus. Phallus ludiques mous, doux et chatoyants, la citation est littérale. Le phallus devient motif, il disparaît alors dans l’effet décoratif de la peinture pour y revenir avec la force de ce qui est insidieux.
La question du genre sexuel est au coeur du travail textile : on attribue trop souvent l’exclusivité du travail de fil et d’aiguille aux femmes mais qui oserait qualifier aujourd’hui de « travail de gonzesse » l’oeuvre d’Alighiero E Boetti, de Mike Kelley ou encore des artistes du mouvement Supports/Surfaces ? Le geste obsessionnel de Pénélope reste gravé dans les esprits. Je pense à la série des Pénis carpet, peintures tressées aux formes oblongues qui tapies au sol finissent par grimper aux murs. « Pénélope la salope ou l’âme de la femelle sauvage ».
Le titre Female wild soul est un texte récurrent dans mon travail. Il signe à sa façon et de manière presque désabusée ce marquage sexuel. Si la psychanalyse défini la femme en creux, je m’amuse à tourner en dérision ce soi-disant sortilège de l’incomplétude. La dynamique de celle qui cherche à en avoir est plus stimulante que celle de celui qui à peur de le perdre.
« Oui, l’homme a besoin de conquérir des territoires, la femme trouve son territoire et elle y reste... Les femmes cherchent un homme, un homme veut toutes les femmes... » « Les hommes prennent des risques beaucoup plus grands, comme d’être détestés, d’être dans la polémique, d’être longtemps dans des champs difficiles. »
Ce genre d’argument désolant fabrique les positions parfois radicales de la plupart des artistes femmes. Une femme qui voudrait être l’égale de l’homme manquerait alors d’ambition ! A l’heure grise des préjugés archaïques je m’amuse à imaginer Bustamante et ses comparses gonflés de testostérone au volant d’une puissante cylindrée rouge vif évidemment. Olé !
Sandra D. Lecoq, Nice 2010
Presbytère : Thierry Lagalla
Artiste plasticien et vidéaste folklorique, Thierry Lagalla se montre, s’expose, se produit, se manifeste, se risque dans des mises en scène vidéastiques plus drôles et stupéfiantes les unes que les autres. On peut dire de Lagalla qu’il participe de la veine des Pierrick Sorin, Joël Bartoloméo ou encore Serge Comte.
Mais gare, car Tilo Lagalla parvient de façon toute à fait incongrue à évacuer le sacro saint fantasme duchampien qui hante sans se cacher les couloirs de l’art contemporain. En effet, c’est avec finesse et habilité qu’il réussit à faire se côtoyer l’humour et le burlesque. Il est un militant du réel.
Dans ses petits films, on le voit, souvent plein cadre, et on l’entend. Il s’exprime en patois niçois, mais pas seulement, car il traduit la langue d’oc en un anglais extraordinairement chantant et coloré. Dans cet univers on peut croiser au détour d’une chansonnette, un Gobi, un pigeon, une tortue, une sardine, une patate, une bite, tous ses éléments du quotidien qui deviennent pour lui les vecteurs d’une démystification. D’abord, celle de tout discours artistiques. Exit le ready made ! Mais aussi, out nos vanités ! Tous nos égocentrismes. Adiou, les pathologies du quotidien !
Lagalla provoque le rire en réduisant l’action et la narration à leur forme la plus simple. Celle que l’on retrouve dans le cinéma muet. Il entraîne le spectateur dans un espace minimaliste qui échappe aux convenus contemporains.
Dans Le chemin de la gloire, il se présente torse nu, un bras planté sur la hanche, un pigeon en plastique perché sur la tête. Transcendant avec un humour incroyable toutes ses statues de personnalités oubliées dans les parcs et les jardins sur la tête desquelles des générations successives de pigeons se laissent aller. L’image est brève mais efficace. Dans l’Aparicion, un fond blanc sur lequel on lit : « l’aparicion » ! Une seconde s’écoule, puis deux, trois... le temps s’étire mais c’est à peine celui qu’il faut pour que l’on s’impatiente, se questionne, que va-t-il se passer ?
Quand, un souffle, que l’on devine buccal soulève la feuille, l’artiste apparaît. Bref portrait car la feuille qu’il s’est facétieusement collé sur le front retombe. Et de nouveau ce mot qui prend tout son sens. On rit. L’artiste est ici l’actioniste et le comique de sa propre figuration, mais aussi de quelque chose d’universel.
Lagalla provoque le rire sans user de facilités, mais parce qu’il parvient, simplement, à cristalliser ce dénominateur commun à l’espèce humaine, ce si terrible douloureux pathos qui est aussi le vecteur d’un rire incontrôlable. L’homme dressé, l’homme debout chute et c’est irrémédiablement drôle.
Florence Beaugier pour la galerie La Mauvaise Réputation. Bordeaux, février 2006
Mairie - LENZI
La peinture est pour moi un art discret que je travaille en solitaire dans mon atelier. Devant ma toile, je suis seul, avec moi et mes idées.
Contemporain de l’Ecole de Nice, j’ai pourtant préféré travailler en solitaire, faire mon parcours seul, sans subir d’influences, tout en travaillant dans la nouvelle mouvance, mais sans tomber dans le galérisme.
Un jour, j’ai découvert l’illustration cartophile et l’art postal. Le déclic est venu en 1983 lors de l’exposition de cartes postales organisées par le club de Nice à la Rotonde de Beaulieu sur mer. Tout est parti de là. Aujourd’hui, avec plus de 2000 cartes postales dessinées et environ 500 dessins sur enveloppes, je suis devenu un mordu de l’art postal.
Chapelle du paset / Mairie et en extérieur- Patrick Moya
Autoportrait critique
Moya Odieux Yo-yo Artistique
Mercantile Obéissant aux Yen Asiatiques
Michel-Ange d’Opérette et Yé-yé Avorté
Manipulateur Officiant sur des Yachts Arrogants
Maculant en Overdose des Yeux Affligés
Moi Opiniâtre d’un Yalta Anal
Modèle Ostentatoire d’un Yahvé Anonyme
Métavers Originel du Yaourt Artificiel
Multijoueur Orgiaque d’un Yotta d’Avatars
Marginal Occidental et Yuppie Aliéné
Masochiste Obsessionnel d’un Yoga Augmenté
Marionnette Onaniste sur Youtube Animé
Menteur Opportuniste du Yemen à l’Antartique
Médiatique Osant s’ Y Avangardiser
Macrocéphale Optimiste, il Y en a Assez
Presbytère : Gérald Panighi
Bien sûr en voyant pour la première fois les petites vignettes de Gérald Panighi envahissant tout un mur avec une certaine désinvolture comme s’il ne s’agissait que de banals Post-It, mon regard s’est égaré sur cette atomisation étourdissante. C’est qu’il y a à voir et à lire dans l’oeuvre de Gérald. Immédiatement, mais c’est certainement un peu idiot, je me suis dit qu’il avait dû se repaître de pas mal de Strange comme beaucoup de garçons de sa génération et peut être même
tomber dans son enfance sur des numéros traumatisants de “Détective” dans lesquels les coups portés, en dépit de l’hyper-expressivité des individus dessinés par Angelo Di Marco, ne génèrent pas que des onomatopées. A cette époque lointaine de sa vie, il est peut-être aussi demeuré assez perplexe devant le « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte, une anti-tautologie si séduisante, après tout… Si la représentation n’est pas le réel, la dissociation conjuguée sur le mode cher aux
surréalistes possède un charme encore plus abscons. Rien de plus énigmatiquement ensorcelant que ce dysfonctionnement assumé de l’image. On l’a apprécié chez Magritte comme on l’a vénéré dans les années 80, dans le monde plus trivial de l’illustration chez Glenn Baxter… L’absurde est la réponse occlusive à toutes les spéculations dérisoires et c’est bien précisément cela qui parvient à être délicieusement jouissif sans jamais suinter la moindre prétention dans les créations de Gérald Panighi.
Michèle Goarant, 2011
Presbytère - Gilbert Pedinielli
Gilbert Pedinielli approfondit le concept de peinture en volume, en mouvement, en perspective.
Pour tenter d’aller aussi loin que le permet la pensée. Parti de l’ouvrage de Kandinsky dont le titre, Point, Ligne, Plan, lui semblait trop restrictif, il y a ajouté Volumes, Couleurs, Discours.
Pour le Festival du Peu, il présente une série de pièces (essais de dessin, peinture, photo, collage), qui reprend les constructions portées par le nombre d’or, les formes en mouvement (la possibilité de transformation de chaque pièce au gré du regardeur) et l’association de chiffres bleus ou de lettres rouges, comme un code formant des mots, du sens, et ouvrant un nouveau niveau de lecture, une autre porte.
S’appuyant sur le principe inverse de la peinture, la toile vierge lui sert de support d’abord pour le dessin au crayon noir qu’il mouille à l’eau afin que le pigment intègre la fibre puis il recouvre d’une fine couche de peinture blanche, qui fixe le trait. Chaque oeuvre possède un chiffre ou une lettre et un dessin original.
Cette étude, titrée Sommes et suites, essais pour une Grande Porte, repose philosophiquement et concrètement sur l’infini : « la pensée est un sens qui permet d’appréhender l’idée des infinis », écrit le jeune philosophe allemand Markus Gabriel. Et chaque étape de création est une pensée.
C’est la force de l’art.
Presbytère - Hubert Weibel
À travers cette nouvelle série d’oeuvres, Hubert Weibel reste fidèle à son approche picturale fondée sur le collage. Collectionneur de disques vinyle, il a choisi d’utiliser ce support comme base de création. La forme ronde focalise l’attention sur les associations iconoclastes des compositions.
Chacun des collages qui composent l’exposition met en scène une émotion visuelle instinctive, chaque disque est un point de réflexion où symboles, éléments graphiques et typographiques, publicités, articles et photos de journaux divers s’entremêlent, se superposent, s’entrechoquent.
Mais cohabitent et se complètent sur un mode analogique pour proposer un point de vue que chaque spectateur est invité à interpréter selon sa sensibilité.
Point de vue, point de repère, point de fuite, point de côté… Autant de moments fixés dans le temps et l’espace, des visions d’une réalité résolument plus poétique que prosaïque. Et si la vie n’était pas linéaire ? Mais plutôt une étonnante succession de points.
Tombola : J’ai un Ticket !
Cette année, le Festival du Peu propose une tombola. Les artistes Jean Mas et Hervé Demongeot (graphiste du Festival du Peu), ont créé des oeuvres, répondant à la thématique de la Lettre, à gagner par tirage au sort. Bien sûr, il s’agit de contribuer au Festival du Peu — les tickets sont en vente à 10€ — mais il s’agit aussi de jouer au jeu du hasard pour faire rentrer un Peu d’art en toutes lettres chez soi.
Bonne chance !