Chaque année, à l’ombre des palmiers Cinéfinances achète et analyse les contrats déposés au registre public du cinéma et de l’audiovisuel (CNC) afin d’établir pour les films français plans de financement, devis, répartitions des recettes, marges des distributeurs. La moitié des films produits l’an dernier a coûté en moyenne 2,90M€.
La Fédération des industries du cinéma de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam) s’inquiète cependant de la baisse du nombre de longs métrages tournés en France en baisse de 28% sur un an. Son président, Thierry de Segonzac évalue ce recul à environ 40%. Parallèlement, l’emploi avec 113002 intermittents est en baisse de 6%. La part de marché nationale autour de 33% en 2013 enregistre son plus mauvais score depuis 15 ans tandis que les deux tiers des films français n’ont pas atteint les 100 000 entrées et 47% moins de 20000 entrées. Les distributeurs sont de plus en plus prudents dans leur prise de risque fragilisés par les échecs commerciaux l’an dernier. Le même Thierry de Segonzac souligne au passage que la rémunération de certaines têtes d’affiche doit tenir compte de cette frilosité et s’adapter à l’économie du marché.
Une consolation, la mise en place récente du crédit d’impôt cinéma a eu des effets positifs en matière de relocalisation des tournages (40% en 2012 contre 26% l’an dernier) Si, autre bonne nouvelle, la délocalisation des films français a été divisée par deux au premier trimestre 2014, elle a entraîné l’augmentation des tournages de films étrangers en France. « La situation est encore meilleure pour les tournages télé. On est passé de 256 semaines à 403, soit une hausse de 57% et un volume horaire de production en hausse également de 32%.
Côté technique, la FICAM observe que la pellicule 35mm reste utilisée pour 14% des projets en 2014 contre 18% en 2013 tandis que les caméras numériques HD enregistrent un bond prodigieux 59% contre seulement 4% l’an dernier.
L’arrivée de Netflix change la donne. Implantée au Luxembourg, elle contourne la réglementation française et donc met à mal l’exception culturelle. Ce service vidéo à la demande déjà présent dans 52 pays fera son arrivée en France en septembre. Les chaînes payantes comme Canal Plus perdront leurs prérogatives. Autre financeur comme Canal, TF1 qui soutient lui aussi financièrement la production de cinéma estime que la fiction française devrait s’exporter davantage.
Pour le Pdg du groupe TF1 Nonce Paolini « Elle représente 900 M€ par an mais ne génère que 20 à 23M€ de recettes. » TF1 est également hostile à une banalisation du cinéma à la télé « Ce n’est ni de l’intérêt des distributeurs ni des diffuseurs…Plus on banalisera le cinéma moins TF1 aura intérêt à le financer. »
Les recettes publicitaires ne couvrent pas les dépenses de financement de films d’où l’appel depuis de nombreuses années au placement de produits où l’occasion de faire de la publicité autrement. Exemple Bienvenue chez les Ch’tis « Nous avions placé une Peugeot 407 bleue conduite par Kad Merad. A la sortie du film, un pic a été enregistré pour les commandes de cette voiture ! ».
Autre exemple, Jappeloup avec ses placements de produits a réuni 3% du budget du film soit 680 000€. Les dispositifs de soutien des régions contribuent aussi massivement à l’émergence de nouveaux films et talents.
Malgré la concurrence et la compétition qui font du cinéma une économie fragilisée, pour le spectateur, la magie opère dans chaque univers rencontré :
« Chaque film crée son propre monde » : Jane Campion, présidente 2014 du jury de la 67é édition.