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Fin de cet événement Septembre 2015 - Date du 4 juillet 2015 au 27 septembre 2015

Villisima, des artistes et des villes

L’Hôtel des Arts, centre d’art contemporain du Département du Var, oriente depuis ces trois dernières années son projet artistique principalement autour des questions urbaines, notamment en Méditerranée.
Les commandes à des artistes telle que récemment la commande passée à Stéphane Couturier sur la cité Climat de France à Alger, des expositions sur l’architecture ou encore des monographies comme récemment celle de l’artiste portugais Pedro Cabrita Reis, dont les préoccupations sur l’art de bâtir sont prépondérantes, ont identifié le centre d’art comme un lieu consacré à la création, et l’ont positionné sur des questions plus particulièrement liées à la ville et ses problématiques.

C’est donc tout naturellement que l’Hôtel des Arts, sous le commissariat de Guillaume Monsaingeon, avec qui il avait collaboré en 2013 pour l’exposition Mappamundi – art et cartographie, présente du 4 juillet au 27 septembre 2015 Villissima – Des artistes et des villes, ou comment certains artistes s’approprient ce vaste sujet sous un angle parfois inattendu.

A travers cette exposition, l’ambition de l’Hôtel des Arts est de proposer un regard ludique, gai et décalé sur la ville, ou plutôt sur ses représentations les plus diverses.

Bodys Isek Kingelez - La ville de tous les savoirs (la ville des médicaments), 2003 Plexiglas, carton, plastique, matériaux divers. 90 x 250 x 205 cm Courtesy collection agnès b.

L’exposition

Tout a été dit ou écrit sur la ville. Beaucoup d’expositions et d’ouvrages ont traité de sa rencontre avec l’art et les artistes. Villissima – Des artistes et des villes ne prétend ni dresser un état des lieux en urbanisme, ni tracer une nouvelle histoire de l’art. La ville n’y est pas abordée comme un « problème » ou une « question » qui supposeraient un ton grave et alarmiste, une réflexion urgente ou une action immédiate. Il ne s’agit pas non plus d’analyser le « cas Toulon ». Enfin, Villissima n’expose pas non plus de street art ni d’interventions urbaines d’artistes comme les graffeurs, designers ou architectes…

Mêlant dessin, gravure, peinture, sculpture et installations, vidéo et cinéma, sans oublier musique et littérature, Villissima fait l’objet de plusieurs commandes artistiques parmi lesquelles une commande à Pierre di Sciullo, graphiste et typographe, qui installera sur les grilles de l’Hôtel des Arts le « Composteur d’Adresses Prévisionnelles », un dispositif manipulable qui permettra aux passants de créer leur propre adresse à partir de données proposées, ou encore, dans un style radicalement différent, une commande à Francesc Ruiz, artiste catalan, qui investira quant à lui une vaste salle d’exposition pour y bâtir une ville-kiosque évolutive débordant de magazines, comics et fanzines.

Villissima propose un parcours accessible à tous à travers les représentations actuelles de la ville sous ses formes diverses.

Omniprésente, la ville est pourtant mal connue, mal vue, peu regardée. Lieu de tous les rejets, accablée de bien des maux (politiques, économiques, écologiques, psychologiques…), la ville est présentée ici comme une réalité complexe mais décomplexée, voire jouissive. Même la réalité la plus sombre peut devenir source d’étonnement et d’émotion. Dans tous les cas, les regards artistiques portés sur la réalité urbaine sont source d’énergie contagieuse.

Quatre partis-pris scandent ainsi l’exposition

Une tension féconde entre démesure et miniature

La taille (Bigness, ville-monde, mégalopole, expansion ou mitage suburbain...) constitue l’une des caractéristiques les plus notables de la ville contemporaine. Inversement, on peut considérer que tout regard artistique passe par une ou des formes de réduction ou miniaturisation (réduction d’échelle, simplification, restitution d’un vaste espace sur la page ou l’écran). Cette tension entre majuscule et minuscule (micro/macro, mini/maxi) constitue un axe majeur pour toute représentation artistique de la ville.

Une ville « à la main »

Il existe encore et toujours une « ville fait main » aussi importante que la ville numérique (ville connectée, réalité augmentée, smart city...). La ville n’est pas seulement faite d’ordinateurs, de programmes et de robots, elle est aussi peuplée d’hommes et de femmes qui ne vivent pas pour autant une « réalité diminuée ». Villissima donne toute sa place au dessin, au geste, au tracé et à la gravure. Bien des artistes sont plus artisans qu’industriels, travaillent « à la main » autant qu’avec l’informatique, et leur richesse tient d’abord à la combinaison entre regard et manualité.

L’écriture au coeur de la ville

L’écriture, la littérature (roman, poésie, essais…) et leur puissance imaginaire sont aussi constitutives de la ville que le bâti, le béton ou les images : née à Babylone avec l’écriture, la ville s’est construite dans l’espace de la page autant que dans celui de la rue. Le roman policier a marqué la naissance de la ville moderne, qui n’existerait pas sans l’écriture dans l’espace public (information, néons, publicité…). Villissima valorise donc le croisement urbain des formes plastiques avec la lettre, la typographie et l’écrit, par exemple dans la bande dessinée ou les ouvrages illustrés.

Des écrans dans la ville

Alors qu’un paysage peut s’appréhender dans sa globalité, la ville ne peut se percevoir d’un coup. Toute ville procède par occultation, trop-plein, goût du secret. Palissades et sous-sols produisent des angles morts et des espaces aveugles. L’écran est ici considéré comme un médium constitutif du milieu urbain, mélange permanent de visible et d’invisible : espace de projection (orientation, publicités, actualités…) comme d’occultation, l’écran permet de voir autant qu’il l’empêche. Il informe et déforme tour à tour.
Un ouvrage, tenant à la fois lieu de catalogue d’exposition et d’essais, sera publié pour l’occasion aux Editions Parenthèses.

Photo de Une : (détail )Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
Le cercle de confusion, 1997
Miroirs, 3000 impressions autocollantes ; 300 x 400 c

Parmi les artistes présentés…

Nicolas Aiello
Brian Alfred
Philippe Apeloig
Renaud Auguste-Dormeuil
Neal Beggs
Mohamed Bourouissa
Andrea Branzi
Armelle Caron
Thierry Cohen
Jordi Colomer
Tony Cragg
Alain Declercq
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige
Mazen Kerbaj
Bodys Isek Kingelez
Rem Koolhaas
Julia Montilla
Rajak Ohanian
Mathieu Pernot
Francesco Pignatelli
Francesc Ruiz
Patricia Shannon
Greg Shaw
Pierre di Sciullo
Alexey Titarenko
UG
Hema Upadhyay
Chris Ware
Mehdi Zannad
ainsi que d’autres artistes, vidéastes contemporains ou encore graphistes anonymes, ayant forgé nos univers visuels et nos imaginaires urbains au XXe siècle.

Artiste(s)