Arman, Robert Barry, Christian Boltanski, Lourdes Castro, César, Mark Dion, Erró, Hans-Peter Feldmann, Claire Fontaine, Jeppe Hein, Linda Fregni Nagler, Camille Henrot, Bertrand Lavier, Anne et Patrick Poirier, Hans Schabus
La collection du Nouveau Musée National de Monaco s’est constituée à partir des collections historiques de l’ancien Musée des Beaux-Arts, du fonds des arts du spectacle de la Société des Bains de Mer, de donations ou œuvres déposées à long terme par des mécènes privés ainsi que de la donation de la collection de poupées et d’automates assemblée par Madeleine de Galéa.
Au delà de ce qui est montré, cette nouvelle exposition nous rend sensible à ce qu’est une collection et comment cette pratique a évolué au cours des âges.
Depuis l’homme de Neandertal (au moins), on sait que l’être humain aime rassembler et conserver des objets auxquels il tient pour leur valeur sacrée ou de talisman ou pour leur esthétique (on a retrouvé des collections de fossiles, de jolies pierres rondes, ou de blocs de pyrite sans utilité apparente). L’Antiquité nous a ensuite légué des collections d’objets d’art, d’objets votifs et des bibliothèques qui sont des collections de livres. À la Renaissance, les cabinets de curiosités hétéroclites foisonnent, les collections se font scientifiques ou artistiques.
Chaque individu est ou a été un collectionneur : de timbres, de photos, d’objets. Aucune collection n’est fortuite. Même les collections d’objets ou d’œuvres d’art ne sont pas anodines, elles répondent à un besoin psychologique. Aussi, consciemment ou inconsciemment, des collections se constituent : objets souvent dépourvus d’utilité mais qu’on n’arrive pas à jeter : fonds de tiroirs, contenus de greniers ou de caves, etc.
De collectionneur à conservateur, du dénicheur de "stupeurs et de merveilles" au travail scientifique de conservation, de documentation et de valorisation, la pratique a grandement évolué.
C’est aujourd’hui un métier complexe, polysémique, qui nécessite un grand nombre d’aptitudes (le métier s’est fortement féminisé).
Cette présentation à la Villa Sauber dont l’espace plus réduit que la Villa Paloma rend l’exposition plus intime, rassemble des œuvres proches des pratiques courantes et des objets familiers.
Cette présentation de "collections de collections" ou plutôt, selon le mot de Marie-Claude Beaud, de "connexion de collections" est manifeste dans la première salle "Oceanomania" où Mark Dion, autorisé à puiser dans les réserves du musée, a réalisé un accrochage d’œuvres disparates, mêlant époques et styles, peintures de maîtres, objets populaires côtoyant une peinture lacérée de Fontana, de bimbeloterie, installation de bijoux de pacotille sur lesquels est déposé un moulage de poisson, objets touristiques en coquillages, sculptures indianisantes, etc. L’ensemble est un mé-lange assumé de genres, de styles et de matériaux.
Autres collections : celle de photos d’enfants de Boltanski, celle de timbres de Hans Schabus qui les regroupe, non par pays ou thème mais par couleur, défaisant ainsi toute classification habituelle, ou celle de Linda Fregni Nagler qui a rassemblé des petites photos de bébés anonymes où la mère est cachée.
Voir aussi les plaques colorisées d’une danseuse papillon « seprentine » de Loie Fuller, l’accumulation de capots de Renault de Arman, la projection de diapositives familiales et amicales de Robert Barry retraçant la fin des années 60 où chaque image est précédée d’un mot : transformer, garder, hésiter, etc., servant de contrepoint.
À l’étage, le grand herbier d’ombres de feuilles de Lourdes Castro, la boîte compartimentée de Erró contenant des morceaux de poupées mutilées, les moulages de monuments et de sculptures de Anne et Patrick Poirier, et la grande installation tournante d’objets semblant provenir d’un grenier dont les ombres défilent sur les murs et d’autres œuvres à découvrir (Hans-Peter Feldmann).
Pour clore l’exposition, ne pas manquer la vidéo de Camille Henrot (prix de la Biennale de Venise) qui est aussi une grande accumulation d’objets mouvants, d’écrans superposés, de photographies de personnages, de collections issues des tiroirs de musées, de radiographies, de planches anatomiques, de manuscrits, de codes-barre etc., une cosmogonie extraordinaire, un bilan visuel vertigineux scandé par un texte en forme de rap racontant notre monde.
Vidéo couleur et sonore / Color video and sound Musique originale de / Original music by Joakim Voix / Voice by Akwetey Orraca-Tetteh Texte écrit en collaboration avec / Text written in collaboration with Jacob Bromberg Producteur / Producer : Kamel Mennour, Paris avec le soutien du / with the additionnal support of : Fonds de donation Famille Moulin, Paris Production Silex Films, Projet développé dans le cadre du / Project conducted as part of Smithsonian Artist Research Fellowship Program, Washington D.C. - Remerciements particuliers aux / Special thanks to : Smithsonian Archives of Americ an Art, Smithsonian National Museum of Natural History, the Smithsonian National Air and Space Museum
13 mins, Ed. 3/9 Collection NMNM, N° d’inventaire. : 2013.14.1
© ADAGP Camille Henrot, courtesy de l’artiste, Silex Films et Kamel Mennour, Paris