On y retrouve avec plaisir ses « Ombres », traces éphémères (effets-mère) de l’Autre (Van Gogh) ou d’un objet de désir (le tournesol), d’ombres volées sur la Promenade, dans son jardin, de son chien, etc. Ce faisant, il a donné à l’ombre une épaisseur (il en a fait un livre) tout en montrant son côté impalpable et fugitif. Et, dit-il, « pour ne pas rester dans l’ombre, il fallait les maîtriser ! »
Les Versions sont des articulations rythmées de mots colorés séparés par une colonne vide (de sens) qui serait à l’emplacement d’une colonne des possibles. Déclinaison de mots (qui ont forcément le même nombre de lettres en français et en anglais) et de choses sans rapport entre elles (taches, pain, chiffre, œuf, etc.) dont il nous propose un retour vers Sion.
À l’exposition son grand « Peu » (de puzzle) coloré est entouré d’autres référencés aux Impressionnistes et à Van Gogh.
Jean Mas a réalisé de nombreux « Peu » nés d’entretiens réalisés par l’artiste avec des Professeurs de Médecine de l’hôpital Pasteur qui racontent à l’aide de photos et de mots quelque chose de leurs vies tout en étant l’ébauche de ce qui constitue un portrait-clin d’œil, à l’intention de futurs collègues, de l’institution, du temps qui passe et de la transmission.
Ayant beaucoup contribué à la richesse artistique de la Ville de Nice, une sculpture monumentale d’un « Peu » en acier Corten a été installée dans le square Lentulo dans le quartier Pasteur. Elle a été inaugurée par Robert Roux délégué à la Culture, en présence d’Anthony Borré, Premier Adjoint au Maire de Nice et Fatima Khaldi-Bououghroum, Adjointe au Maire, déléguée au Territoire Rives du Paillon et à la Médiation.
Sont présentées à l’exposition ses Cages à Mouches, nées d’une pratique enfantine, d’une boutade. Prenant la place du Rien, elles lui ont permis au fil du temps de détourner les mots, sa matière première, et d’en faire éclore toutes sortes d’objets : les bulles de savon, les À Vendre, les trous, les Versions, etc.
À la manière de Lacan, des oulipiens, des poètes, de Raymond Devos, Jean Mas les utilise comme des objets et les fait miroiter à la lumière de la pensée pour qu’on découvre leurs faces cachées, leurs paradoxes, leur inconscient (qui comme chacun sait, est structuré comme un langage).
Cette belle exposition vient à point au moment où un très complet film portrait de Jean Mas va bientôt être projeté et mis en ligne sur YouTube.
Jusqu’au 27 août
Authentic Nice Galerie
36 rue Ségurane Nice