Liverpool et sa banlieue dans les années 1980 : des gamins et des pré-ados ont le regard aussi dur que les années Thatcher qu’ils traversent sans sortir de leurs quartiers, faute de moyens pour s’évader. Leurs aînées se maquillent outrageusement pour aller à une party où, forcément, on va boire beaucoup et s’amuser peut-être.
Ce sont des instantanés de reportages vécus au plus près des gens et témoignant d’une époque marquée par la disparition programmée de la classe ouvrière que Tom Wood, né en 1951, a réalisés. Un portrait en noir et blanc ou en couleurs, selon les thèmes et les moments.
Toujours modeste, s’effaçant derrière ses "sujets", le photographe a su approcher les gens de la rue, les convaincre de poser pour documenter la vie britannique de cette époque.
Il était missionné pendant quelques mois par l’équivalent british de la DATAR pour visiter des usines, des chantiers navals en cours de fermeture : il restera finalement trois ans au milieu des habitants pour livrer un travail de témoignage dans lequel le pathos n’a pas sa place.
Il séjournera aussi à Chelsea où il fréquentera les jeunes qui se retrouvent dans les pubs. L’époque du disco, des paillettes, des tenues en latex, pour oublier la nuit la grisaille de tous les jours.
Il s’intéressera aussi aux supporters des "Reds", l’équipe de foot de Liverpool, l’une des meilleurs en Europe, qui contribuera à l’explosion des salaires des joueurs sur le tapis vert. Avec le paradoxe que dans la ville qui vit la naissance des Beatles, c’étaient des "prolos" qui apportaient leur manne à la grand messe hebdomadaire du ballon rond, avec les salles de paris un peu glauques où il y avait davantage de joueurs venus rêver de lendemains plus souriants que de gagnants.
Cette exposition est présentée au Centre de la Photographie de Mougins dans le cadre des 53e "Rencontres de la photographie" d’Arles. C’est l’une des quarante manifestations programmées par ce rendez-vous qui nous fait "voir ce qui crève les yeux mais qui prend tant de temps à apparaître" et qui "chahute le regard".
A voir jusqu’au 16.10.2022