Cette nouvelle incursion dans le musée de Cimiez donne l’occasion de rencontrer cette artiste qui exposa au Palais de Tokyo à Paris en 2003 et au musée de l’Orangerie en 2020 pour ne citer que quelques-unes de ses présentations. En même temps, l’occasion était trop belle puisque le musée sort de ses réserves une partie de la collection de livres que Matisse a illustrés, le montrant sous un autre jour que celui des fenêtres ouvertes sur des lumières éclatantes de nos paysages, que celui du Matisse sculpteur ou des papiers découpés, du concepteur et décorateur de la chapelle du Rosaire à Vence. Ou encore le Matisse graveur, qui s’intéressa aux livres à la poésie de Charles d’Orléans et de Ronsard, une partie de son œuvre plus confidentielle.
À lire ou écouter
Agnès Thurnauer est une grande lectrice mais elle écrit aussi beaucoup elle-même, en particulier ces lettres adressées à un artiste disparu mais vénéré, devenu une institution sous tous les ciels.
Dans l’œuvre de la plasticienne, le texte est un outil important, elle y traite du langage et du temps, et son travail reste ancré dans l’histoire de l’art. Alignement de diptyques, sortes de tableaux haïkus, grandes toiles interrogeant des dessins d’illustration de Matisse... Nous déambulons à travers l’horizontal et le vertical, entre l’écrit, le peint et la sculpture. Cet ensemble de cinquante lettres forme un tout que l’on peut lire si l’on a un peu de temps devant soi, ou écouter en braquant son mobile sur un QR code. Thurnauer s’adresse à son "Cher Henri" avec cette proposition : "on se retrouve chez toi". Une petite phrase de familiarité affectueuse, mise en exergue dans cette exposition.
Ces lettres constituent un ensemble littéraire et pictural, agrémenté de formes aux couleurs vives. Citant Henri Matisse : "je ne fais pas de différence entre la construction d’un livre et celle d’un tableau". Le lien est fait, tout s’explique.