Né en 1941, en Algérie où il eut une enfance paisible entre plage et copains, il arrive en France en 1957. Après une année de dessin industriel, il s’inscrit à la Villa Thiole (Ecole municipale d’Arts Plastiques à Nice). Se forme alors une bande d’artistes, parmi lesquels Georges Perdriaud, Jacques Barial, JP Wurtz, Gérard de SIéyès, et Bernar Venet, dont il conservera toujours l’amitié. Puis, il va aux Arts Décoratifs de Nice où il rencontre Marcel Alocco, Arman, Albert Chubac, Claude Gilli, Yves Klein, Robert Malaval, Martial Raysse, et Ben. Ensuite, grâce à la Galerie de la Salle à Saint-Paul-de-Vence s’ajoutent Serge Oldenbourg, Bernard Pagès, Ernest Pignon-Ernest, Jean Mas, Sacha Sosno et bien d’autres….
Graphiste, peintre, sculpteur, cinéaste, Roland Moreau aime à mélanger les genres artistiques et les techniques. Bois, acier, granit, carton, … tout est bon pour inspirer l’artiste dans sa création tellement diversifiée.
Avec son caractère libre et éclectique, il s’intéresse aussi au cinéma et fonde le groupe Pattern (peinture et cinéma) avec quelques-uns de ses acolytes (Georges Pedriaud et Jean Talensier) : ils obtiennent quelques prix, entre autres au Festival de Cannes, dans la section officielle « Perspectives du Cinéma français ».
Mais l’essentiel de l’œuvre de Roland Moreau reste la peinture et la sculpture.
L’exposition est à la fois émouvante, poignante et chaleureuse, puisqu’elle remonte jusqu’aux traces des débuts artistiques de Roland Moreau où déjà de magnifiques œuvres retiennent l’attention.
À travers leur multiplicité, on réalise son évolution dans l’art et la diversité de son rayonnement : toutes ses inventions s’alignent et l’universel se cache dans de multiples détails.
Ainsi avance-t-on dans l’exposition en étant totalement subjugué par ce talent et ce savoir-faire grâce auquel toutes ses inventions artistiques s’alignent en œuvres intenses, comme si elles renfermaient un peu de l’ADN de l’artiste. Cependant, c’est bien l’art pictural qui donne corps à cette superbe exposition.
On peut voir d’immenses peintures où l’artiste s’est confronté à la couleur, en la combattant, paraît-il, avec l’aide du judo qu’il a pratiqué par ailleurs.
Des cartons ondulés lui ont permis une créativité très originale dont il s’est amusé. L’audace ne lui manque pas pour expérimenter tout nouveau matériau lui permettant son expression artistique.
Originalité et profondeur émotionnelle sont garanties dans ses œuvres où il a osé toutes les innovations en explorant sans cesse de nouvelles techniques. Ainsi, comme sculpteur, a-t-il réalisé, en 2012, le Mémorial des Rapatriés d’Algérie sur la Promenades des Anglais à Nice et le Mémorial des Harkis.
Un splendide catalogue permet de conserver plus vif le souvenir des œuvres exposées et d’en découvrir d’autres grâce à des photos des immenses sculptures que Roland Moreau a réalisé et qui se trouvent dispersées en plein air, selon diverses communes qui les lui ont commandées.
Certaines sculptures sont en béton cellulaire, d’autres en bronze ou en acier, ou encore en bois noir des îles… Quelques croquis préparatoires à ces œuvres sont également exposés.
Caroline Boudet-Lefort