La jeune plasticienne japonaise Chiharu Shiota place le corps au centre de sa pratique sculpturale en tissant de vastes environnements de fils noirs emprisonnant des objets qui, ainsi libérés de leur utilité, provoquent de nouvelles visions poétiques et émouvantes.
Après avoir séléctionné dix costumes du "Guépard" conçus par Luisa Spinatelli, Chiaru Shiota imagine pour le Ballet National de Marseille et La Vieille Charité, une installation inédite, aussi monumentale que délicate.
"Les fils tissés sont comme un miroir des sentiments, a-t-elle coutume de dire, ils s’enchevêtrent, se déchirent, se dénouent..."
Née en 1972 à Ôsaka, l’artiste vit et travaille à Berlin depuis 1996. Ses oeuvres, mêlent performance, body art et installation. Elle utilise de vieux objets, comme des lits, des châssis de fenêtre, des chaussures ou encore des valises, afin d’explorer les relations entre passé et présent, entraînant le spectateur dans une réflexion sur les effets du temps qui passe, le souvenir, l’oubli ou l’enfance.
"Toute mon oeuvre porte sur la mémoire", dit-elle.
Elle use de différents médias pour donner corps à ces sujets, mais ce sont ces impénétrables installations de fils noirs qui restent les plus emblématiques de son travail.
Ces étranges cocons de fils noirs expriment le désir de l’artiste de dessiner l’espace et reflètent, selon elle, ses propres sentiments et ses angoisses physiques.
"Si je tisse quelque chose et qu’il se révèle être laid, tordu ou noué, tels
doivent avoir été mes émotions lorsque je travaillais."
Chiharu Shiota a fait l’objet de nombreuses expositions, notamment à la Neue National Galerie de Berlin, au Museum of Modern Art de Tokyo, ou encore au MoMA de New York. Elle représentera le Japon à la 56e Biennale de Venise en 2015 avec l’exposition "The Key in the hand".
State of being (Le guépard)
Installation de Chiharu Shiota / costumes de Luisa Spinatelli / en collaboration avec le BNM