La section Jeunes Créateurs de l’École municipale des Beaux Arts Céramique de Vallauris signe son acte de naissance en 2006.
Il s’agit d’inviter les jeunes créateurs provenant d’autres sphères, de les accompagner dans leurs projets et de leur offrir l’éclairage qu’ils méritent. C’est en quelque sorte un tremplin vers la vie professionnelle. En même temps l’école s’offre le luxe d’ouvrir ses portes sur les talents les plus singuliers et les plus prometteurs de la jeune génération, invitant le public à les rencontrer.
Cette année six étudiants ont été invités à s’installer « à résidence » entreprenant un projet plastique lié à la céramique, accompagnés par les professeurs Karyn Baron, Alain Durenne, Edmond Guizol.
Ce sera pour eux une première étape à la gestion d’un atelier, avant d’effectuer le grand pas dans la vie professionnelle, même si la plupart affichent, de ce point de vue, malgré leur jeune âge, une formation souvent pluridisciplinaire. Plasticiens, céramistes, designer et stylistes, français, russe et chilien, armés d’un diplôme d’architecture, ou provenant d’école d’art comme la villa Arson ou l’école supérieure d’art de Toulon, de Genève, ou bachelière archi douée, comme Joséphine Hasselin s’approprient la terre comme matériau ductile qui s’adapte à l’intellect à la culture, et à l’imagination de chacun.
Ce qui donne lieu à une exposition pleine d’intérêt à l’espace Grandjean jusqu’au 20 mai.
Les méditations de Melissa Benachour sur la notion de série l’amène à composer un mur de céramiques en clair obscur, un jeu d’ombres gris, noir et blanc projeté par ses « Nymphéacées », une référence aux Nymphéas de Monet.
Un propos qui trouve son écho dans la musique sérielle que Mélissa compose sur son téléphone portable !
Pour l’ingénieur design Yulia Garcia-Skrebneva, la céramique est une découverte, qui la ramène vers les sujets qu’elle affectionne : l’objet du quotidien détourné en objets hybrides, minimalistes et graphiques.
Avec ses 20 ans Joséphine Hasselin est la benjamine, les formes surréalistes joliment colorées qu’elle invente matérialisent ses rêves.
Également pour le chilien Vadim Strika, si le rêve devient matière, c’est à la manière de Christian Boltanski dont les scénographies représentent la principale source d’inspiration.
Carole Simon est une enfant du pays, chaque pièce de Nude se présente « comme un écrin habité d’une âme », insaisissable beauté, tendre, intense, lumineuse et…instable.
Parmi eux la présence émouvante de Catherine Doux. Les professeurs ont souhaité mettre en valeur le travail de cette architecte de formation, ses fragments de visage, son carnet de travail. La jeune céramiste récemment disparue méditait dans les derniers mois de sa vie sur la disparition du corps.
Voilà les raisons pour lesquelles on entre dans ce lieu qui a tout d’une galerie d’art avec infiniment de respect et pourquoi on en ressort ébloui.
Le souci de scénographie qui préside à la présentation des œuvres en est une des raisons. Elle éclaire de bien singuliers talents qui n’ont de cesse de réinventer les formes et les usages du matériau terre. Ce sera une manière pour le public de jeter un coup d’œil sur les ateliers où s’activent céramistes en formation professionnelle et amateurs, de s’informer sur les projets en train de germer.
Comme le concours Vallauris 980° sur lequel ont planché une soixantaine de postulants de 17 à 26 ans, qui pourra faire l’objet d’une seconde visite en juin prochain.
Le lauréat Yohann Simonot présentera un modèle de repas séquencé autour d’une table, en réponse à une réflexion sur nos habitudes liées à l’alimentation. Un thème de réflexion de nature...alimentaire à travers leurs contenants qui donnent lieu à composer des sortes de paysages de table...
Annick Chevalier